Aide de Jeu


Pour : Rêve de Dragon


Auteur(s) :

Mario HEIMBURGER

Benjamin SCHWARZ

Illustrateurs(s) :

Benjamin SCHWARZ

Frédéric Plewniak

Elisabeth THIERY


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Eastenwest > 23 - De piquants et d'épines

Bréviaire abrégé d'ursinologie onirique à l'usage du voyageur avisé ( par Paipain le concis )

"A mon ami, à mon mentor, à celui qui m'a tout appris en matière de jeu de rôle, Pascal Rivière"
B.Schwarz
Savant isolé du milieu du second âge, individu à la fois discret et méticuleux, Paipain Frangerêche (plus connu sous le surnom de Paipain “le concis”) aurait pu sans nul doute passer en marge de l’histoire s’il n’avait légué à la postérité un manuscrit imposant, le bien connu “bréviaire abrégé d’ursinologie onirique à l’usage du voyageur avisé”. L’ouvrage synthétise soixante années de recherches en matière d’ursinologie et se présente comodément sous la forme d’une liste assez exhaustive d’articles décrivant les variétés d’oursins étudiées par l’auteur. Dans une seconde partie, l’auteur étend le contenu de ses recherches à des informations connexes telles que des recettes d’alchimie ou des références bibliographiques.
Tout d’abord peu couru et donc copié à faible tirage et à compte d’auteur, l’ouvrage a manqué plusieurs fois de disparaître au cours de diverses catastrophes naturelles. A l’orée du troisième âge, avec l’engouement suscité pour le voyage, le document a trouvé un nouveau public en la personne des voyageurs avides de connaissances pratiques. Quelques modifications d’ordre essentiellement cosmétiques ont été apportées par l’académie de Ventose, mais l’esprit du texte est resté sensiblement inchangé. De nos jours on peut assez facilement trouver à se procurer le document sous la forme d’un “livret de voyage” : dense mais de taille réduite. On trouvera essentiellement deux versions concurrentes, l’une imprimée sur papyrus et l’autre, plus chère mais plus résistance, imprimée sur vélin.

Des oursins qui colorent les récifs, plages et océans du rêve

Oursin déchireur - Echinoidea Laceratus

Certains promeneurs néophytes sur les plages enchanteresses des mers chaudes sont parfois étonnés d'une variété d'oursins qui ne semble ni se cacher, ni faire preuve de défenses particulières. Ces oursins aux teintes bleutées sont simplement visibles à travers l'eau transparente et se nourrissent de petits insectes qui ont le malheur de profiter des eaux chaudes.

Mais en y regardant de plus près, la couleur bleutée est provoquée par de petits éclairs qui passent d'une épine à l'autre et qui seuls permettent de reconnaître l'oursin déchireur et de s'en tenir éloigné. Cet animal issu du rêve a en effet développé une technique de défense très efficace : provoquer des déchirures en cas d'agression ! En pratique, si quelqu'un cherche à s’en saisir, l'oursin se défend la plupart du temps de manière très tranchée. Le gardien jettera en secret un D8 pour déterminer le type de déchirure provoqué :

RésultatType de déchirure
1-4Déchirure d'arrivée
5-6Déchirure de départ
7Deuxième jet : sur un 7, une déchirure vers les limbes, sinon, blu-rêve
8Pas de défense

Il y a cependant un intérêt certain à capturer un oursin déchireur : dans ses entrailles sont fréquemment gravés de nombreux signes draconiques qui intérressent forcément beaucoup les hauts-rêvants. Ils sont donc nombreux à demander à des voyageurs innocents d'aller en capturer avant de passer derrière eux pour cueillir l'oursin désormais sans défense... En général, les nigauds survivants développent une certaine animosité pour leurs employeurs qui sont donc obligés de changer souvent d'endroit et peuvent difficilement exploiter un banc d'oursins sur la durée...

Oursin géant - 'Echinoidea Gigentis'

Cette famille peu commune d’oursins comprend une dizaine de sous-espèces, différenciées essentiellement par leur taille, leur cycle de croissance, et parfois aussi par leur couleur. Le plus connu de tous est évidemment le grand oursin géant (Echinoidea Gigantis Gigantis). Il peut vivre une centaine d’années et atteindre la taille respectable d’une grande chaumière, un voyageur de passage dans les récifs d’Oveyrt aurait même observé un test d’une cinquantaine de mètres de pourtours. Mais la taille généralement admise pour ladite variété tourne plus modestement autour des cinq mètres de diamètre pour des individus d’une à quelques dizaines d’années. Les autres variétés de cette famille ont des tailles légèrement inférieures et un cycle de vie bien moindre, d’une vingtaine d’années en moyenne.

Petite exception, et probablement erreur de classement, l’Echinoidea Gigantis Nanis pourrait vivre un millier d’années et n’atteindrait sa taille gigantesque qu’après quelques siècles de sédimentation lente. Ce qui rend d’ailleurs son squelette particulièrement résistant et lourd. Les oursins géants abondent dans les herbiers pléthoriques des hauts fonds d’Overyrt, mais des apparitions ponctuelles ont été reportées dans d’autres endroits, probablement dues à une dissémination par déchirure. En raison de leur grande taille ils ne peuvent prospérer que dans des herbiers conséquents, par petits groupes d’individus de toute taille et à bonne distance les uns des autres.

Leur test est généralement utilisé par les peuplades locales dans la confection des maisons, des ustensiles de cuisine et parfois même des embarcations. Les piques trouvent une application évidente comme harpon ou comme lance. Les plus prisées sont celles de l’Echinoidea Gigentis Lanceola, plus fragiles mais particulièrement longues, ainsi que celles de l’Echinoidea Gigentis Eboris qui, chantournées et denses ont toutes les caractéristiques de l’ivoire. Ces dernières sont d’ailleurs utilisées pour la confection d’objets d’art ou se retrouvent vendues dans des pays lointains sous l’appellation mensongère de « corne de licorne ».

Une dernière spécificité des Echinoidea Gigantis réside dans leur mode de digestion qui, une fois détraqué, s’avère particulièrement dangereux. La fermentation des plantes ingérées génère des gaz qui, s’ils ne sont pas expulsés, mettent le test sous haute pression. Ainsi, lorsqu’ils meurent, les oursins géants commencent par remonter à la surface sous l’effet des gaz, puis finissent invariablement par exploser lorsque la pression interne devient trop forte. Il est à noter que lorsqu’ils sont déjà en surface, les cadavres sous pression des oursins sont des bombes réagissant au moindre contact : tout choc avec le test ou avec une épine peut provoquer un point de rupture et donc une explosion immédiate.

On prétend que c’est ainsi que la cité insulaire de Menelacephelaus se serait débarrassé de la flotte d’invasion de l’empereur Périsegregatia II d’Issoire : en empoisonnant les eaux du port ils auraient sacrifié tous leurs oursins géants de leurs récifs pour provoquer le naufrage rapide des galères ennemies.

Châtaigne d’eau, Oursin du portefeuille - 'Echinoidea Protector'

Dans les beautés azurées de la mer d’Aldalphante vit un poisson oblong et mordoré qui n’aime rien de mieux que les objets colorés et brillants. Ce en quoi il ressemble en tout point à une pie. Les autochtones l’ont appelé poisson portefeuille en raison de sa poche ventrale et du véritable foutoir qu’il y recèle. Mais le portefeuille n’est pas le seul habitant de ces eaux à avoir une attirance pour le clinquant. Le « poulpe-avarice », une sorte de céphalopode pourvu d’un œil immense lui couvrant la plupart du crâne, le poisson pie et les petits portefeuilles sont tous attirés par le contenu surprise de la poche des plus gros portefeuilles. Et encore, sans parler des pillards humains, les plus dangereux de tous.

Les portefeuilles, dépourvus de défenses naturelles n’ont trouvé d’autre parade que d’héberger en leur poche de petites colonies d’oursins châtaigne. Dans cette symbiose, le petit echinodé gagne lui aussi la protection de ses prédateurs naturels et une nourriture providentielle dans les reliefs de repas et les excréments de son receleur.

Photorsin, Oursin lampion, Naufrageur - 'Echinoidea Photophoris'

Variété plutôt rare que l'on ne trouve en abondance que dans les récifs de la lagune de Surano, le photorsin a la particularité d'attirer à lui le plancton dont il se nourrit en émettant une lumière diffuse. Cette luminosité est produite par le test de l'animal, évidemment exclusivement la nuit, ce qui occasionne des spectacles féériques et pour le moins surprenants pour le marin qui n'y serait pas préparé. Faut-il voir dans ce paisible echinidé l'origine des légendes concernant l'improbable cité sous-marine d'Ascytaipeurdewssoulow ?

De nombreuses variétés de Photorsin ont été dénombrées, essentiellement en se basant sur leur forme et la couleur de leurs luminescences. En raison justement de cette propriété commune, aucune de ces variétés n'est comestible. On vend par contre leur test séché ainsi que leur appareil digestif filtré pour la préparation de mixtures alchimiques ayant trait à la production de lumière. Dans les villages insulaires de Surano, on a trouvé une utilité plus prosaïque à cet animal : l'éclairage individuel et municipal. Les oursins sont péchés et maintenus dans des aquariums, puis leur temps fait, ils sont rejetés à la mer et remplacés par des spécimens plus frais. Naturellement, plus l'aquarium est grand, plus l'oursin peut y passer de temps et plus on peut entasser d'individus. D'autre part, la nature même du cristal ou du verre ont des propriétés qui améliorent l'éclairage, et comme on dit là-bas, « La richesse des gens se voit dans leur aquarium ». De fait, les villes côtières rivalisent toutes en beauté nocturne par ce chatoiement ouaté, diffusé par des aquariums municipaux.

Cette utilisation naturelle a entraîné dans son sillage l'essor de l'industrie du verre. Initialement formés pour la manufacture des aquariums seuls, les maîtres verriers ont depuis bien longtemps parfait leur art pour la confection de toute sorte d'objets fins. Rares sont les érudits qui connaissent les origines de cette industrie d'art, mais les maîtres verriers eux-mêmes se souviennent et continuent d'honorer le principal artisan de leur réussite, en témoigne l'emblème de leur confrérie, à l'effigie d'un oursin.

Dans un soucis d'exhaustivité, il nous faut malheureusement aussi mentionner une certaine variété dangereuse, probablement une déviance thanataire : l'Echinoidea Photophoris Gyroscopica, plus connu sous le nom d'oursin naufrageur. Charognard des fonds marins, le naufrageur a coutume d'agrémenter ses repas en provoquant le naufrage de navires sur des récifs proches de lui. Cette variété amphibie a la faculté impressionnante de ressentir la présence d'un navire, sortant simultanément de l'eau, plusieurs individus décalent leur cycle de luminescence pour lui donner plus d'intensité et le faire ressembler aux chatoiement d'une ville côtière, induisant les marins en erreur. On a reporté des cas de « domestication » de cette variété par des naufrageurs humains, mais ces rumeurs n'ont jamais été avérées.

Oursin caramel - 'Echinoidea Sacharidae'

L'oursin caramel est l'un des rares echinidés à pouvoir être commercialisé en dehors de sa zone de pêche. En fait, il est même beaucoup plus apprécié partout ailleurs dans le rêve plutôt que là où il prolifère. Si les citoyens de Blanc-Mengeay le trouvent fadasse, les gourmets de toutes les confessions vous confirmeront que son goût est unique. Généralement séché (le terme « confit » conviendrait certainement mieux) au soleil pour le transport, il entre dans la composition de certaines pièces de pâtisserie. On le déguste aussi comme friandise entre les repas, ou parfois, comme le suggère Palpicius le Grandgoûtu dans son « Traité de la langue et des épines », en entrée pour « s'ouvrir l'appétit par une habile sudation linguale et un éveil certain du palais ».

Le processus de dessiccation et la forte teneur en sucres rendent la texture du met ferme et concentrent une multitude d'arômes en une harmonie complexe où l'iode le dispute aux notes caramélisées. Un délice de gourmet malheureusement pas à la portée de toutes les bourses, ne serait-ce qu'en raison de la rareté. L'oursin caramel ne se trouve en effet qu'en certains récifs de la mer Sacharrine. Pas étonnant au demeurant que les autochtones ne lui trouvent pas grand goût lorsqu'on sait que cette mer et tout ce qui s'y trouve contiennent une forte teneur en sucres.

De nombreuses tentatives à base d'oursins de toute sorte, de miel, de pollen et d'autres denrées ont été conduites pour recréer cet équilibre délicat. Sans succès, et il faudra certainement clore le chapitre sur la constatation résignée du grand Palpicius dans la préface à son ouvrage : « la nature est toujours meilleure cuisinière. »

Il est peu probable que le lecteur ait jamais l'occasion de voir l'oursin caramel dans son milieu naturel, aussi dressons en un portrait rapide. Une forme sphérique épatée à la base, conventionnelle donc, la taille et la couleur varient en fonction de l'espèce. Les épines et le test sont plus cassants qu'à l'ordinaire, en raison de leur forte teneur en sucre. Elles ne sont cependant pas consommables en raison des autres éléments qui les composent. Les épines sont vecteur de maladies infectieuses telles que la caraméline (qui empêche une cicatrisation parfaite de s'opérer et peut dégénérer en gangrène-caramelle) ou plus rarement mais plus létale le Streptococus Sacharinea aussi connu sous le nom de « carie sanguine », une infection généralisée sans remède connu à ce jour.

La variété la plus commune est Echinoidea Sacharidae Mentha Mentha, dont le goût chlorofilien, la transparence, la couleur d'un vert cristallin et mêmes certains parfums ne sont pas sans rappeler la menthe. Une autre variété très prisée est l'Echinoidea Sacharidae candis spiralis (ou oursin candice), une variété entièrement blanche simplement marquée d'une spirale rouge débutant sur le haut de son test et continuant en spirale sur tout le pourtour. Est-ce son défaut de camouflage qui explique sa rareté ? Son métabolisme en tout cas est un chef d'oeuvre d'alchimie permettant la synthèse des sucres les plus purs et des arômes les plus fins. Evoquons enfin l'oursin sucrefondant (Echinoidea Sacharidae candis suctiaris), dont le test débarrassé de ses piquants et ramolli quelques instants au bain-marie devient fondant à la succion. Empalé sur une pique, c'est une friandise appréciée des enfants.

Oursin Glabre - 'Echinoidea Imberbus'

Il existe, quelque part, au plus profond des mers, là où jamais un rayon de soleil ne vient éclairer l'eau sombre comme la nuit, une variété d'oursins - à moins que ce ne soit une malformation d'une variété existante - qui ne possède aucun piquant. A cette profondeur, l'oursin ne craint aucun prédateur, et se contente de rouler, sur le sol, au gré des courants.

Ah quel malheur qu'on ne puisse contempler l'espèce, car on verrait une boule faite d'une substance délicate et chatoyante, qui ferait se pavaner de plaisir même le plus austère des monarques. Hélas, l'air et la lumière produisent un effet terrible sur cette créature improbable : elle se dissout immédiatement, perd de sa consistance et devient une flaque d'eau légèrement huileuse.

Le souverain Imbus IV en a hélas fait les frais, souhaitant ardemment contempler la créature offerte dans un coffret scellé par le ménestrel et grand voyageur Renard-du-Levant. Que ne fut-il dépité de constater la présence de cette huile au fond du coffret... Renard l'avait pourtant averti que c'était un cadeau de roi, mais un cadeau qu'on ne devait pas bafouer.

Heureusement, Renard-du-Levant connaissait un moyen d'attraper un oursin glabre et proposa à sa majesté de compenser la destruction de son précédent cadeau contre une forte somme d'argent - car la méthode comportait des frais. Trop heureux de céder le quart environ de sa fortune en échange d'un cadeau aussi prodigieux, Imbus IV montre désormais à qui le souhaite ce petit coffret scellé qui contient la plus incroyable des créatures... Et est prêt à offrir un quart supplémentaire de sa fortune à qui pourrait l'aider à contempler la beauté de l'oursin glabre sans le détruire - et à couper la tête de celui qui par une tentative non maîtrisée détruirait le si rare animal !

Oursin soyeux, Cactus des mers - 'Echinoidea Arianae'

L'oursin soyeux est une variété peu commune des mers chaudes. Pourvu d'un squelette et de piques particulièrement résistants, il protège une masse musculeuse lisse et ferme, au toucher comparable à de la soie. L'animal peut atteindre la taille d'un bon melon, et ses propriétés ne perdent rien avec l'âge. Les habitants des esquifs de Meliflaumne ont développé des techniques permettant de traiter cette masse fragile pour en obtenir le précieux fil de soale et le tissu du même nom. Outre leur toucher incomparable, bon nombre de ces étoffes sont aussi réputées pour leur solidité. Cela ne va cependant pas sans un prix exorbitant, il va sans dire, car outre la quantité monumentale d'oursins qu'il faut récolter (une petite vingtaine pour une écharpe de taille moyenne), le traitement est long et implique quelques étapes alchimiques, de faible difficulté heureusement, mais onéreuse tout de même. On prétend que le dernier dirigeant de ces îles, le pacha Ebdel Belik de Meliflaumne avait fait équiper de soale son navire principal. Coussins, haubans, cordages et voiles, tout à bord était constitué du précieux matériau. Légende ou vérité, tout ce que l'on tient pour fait certain c'est que l'homme et son navire ont disparu en mer.

Mais s'ils sont assez peu sensibles aux charmes des étoffes, les rudes marins des mers chaudes voient dans cet oursin un remède précieux à leur solitude aqueuse, pour peu que l'on prenne soin de leur retirer les dents et les épines, bien entendu.

Oursin menteur - 'Mendax Echinoideiforma'

Le biologiste qui a donné son nom à cette créature a-t-il agi ainsi par humour ou par stupidité ? Toujours est-il que l'oursin menteur n'est justement pas un oursin, mais un monstre marin redouté par les pêcheurs.

Aussi épais qu'une raie, cette créature plate de deux ou trois mètres de diamètre est munie de nombreux appendices (entre 5 et 15, suivant l'âge, semble-t-il) qui se terminent tous invariablement par une protubérance en forme d'oursins. Quand l'animal est en chasse, il repère un banc d'oursins sur un terrain sabloneux et les dérange quelque peu pour s'enfouir, par vibrations successives, jusqu'à se dissimuler parfaitement. Il ne lui reste plus qu'à attendre, parfois plusieurs jours, qu'une proie se présente.

Dès que quelque chose tente de se saisir d'un faux oursin, le piège se referme : l'oursin menteur se replie et englobe alors totalement sa proie et bande ses muscles puissants jusqu'à absorber ou emprisonner définitivement la victime prise au piège (animal ou humain) pour ensuite tranquillement la dévorer.

Gare également à ceux qui pêchent au filet en raclant les sols : l'oursin menteur laisse volontiers ses appendices se prendre dans les filets puis utilise son corps puissant pour s'accrocher à un quelconque rocher. Le filet est alors souvent arraché ou - pire - le bateau peut chavirer. Il n'y a alors d'autre solution que de partir au plus vite ou affronter ce monstre marin dont les appendices cinglent l'eau et écorchent tout à l'aide des faux oursins solides qui les terminent.

Vrai oursin menteur - 'Mendax Echinoidea Veritatis'

Question de survie, les plongeurs chevronnés ont depuis longtemps appris à se méfier des pièges tendus par l’oursin menteur (mendax Echinoideiforma). En effet, bien qu’ils s’échinent à modifier la répartition de leurs excroissances echinodeiformes, les oursins menteurs semblent incapables de sortir de quelques schémas d’imitation de la répartition des agglomérats d’oursins. Avec un peu d’entraînement, il devient possible de repérer ces schémas et de déjouer le piège, mais il faut beaucoup plus d’expérience pour dévoiler le subterfuge des vrais oursins menteurs. C’est ainsi que les plongeurs ont nommé ces quelques variétés d’oursins qui ont adopté une stratégie de défense commune et peu coûteuse : en se répartissant suivant les schémas caractéristiques de l’oursin menteur, ils sèment le doute dans l’esprit des prédateurs qui préfèrent généralement les laisser tranquilles.

Oursin chanteur, Sirène des mers, Sirène épineuse - 'Acapella Echinoidea'

Les oursins du détroit de fangelune sont réputés pour la délicatesse et les nombreuses variations de leur goût. Fangelune est sans conteste un des plus énormes deltas que le rêve puisse compter. A des lieues en aval des continents de Terano, Balmiféria et O, il constitue le déversoir de pas moins de quatre fleuves gigantesques. A l'inverse des autres deltas, celui-ci ne désemplit jamais, présentant invariablement le même aspect : une multitude d'îlots marécageux à perte de vue. Seule la couleur de l'eau et sa nature varie au fil de saisons improbables, charriant alternativement le limon d'une terre puis d'une autre cependant que les continents se relaient dans leur moussons respectives.

Les autochtones ont d'ailleurs coutume de différencier les étapes de l'année en se basant sur le goût et la couleur de l'eau. Naturellement, de nombreuses espèces se sont adaptées à ces variations importantes. D'autres par contre, ne fréquentent le delta qu'au cours des saisons qui leurs conviennent le mieux.

Concernant les oursins de fangelune, on les trouve répartis sporadiquement sur une fine bande de récifs tout du long de l'embouchure du delta, là où l'eau douce rejoint l'eau salée. En fonction du lieu et de la saison leur goût varie dans des tessitures incroyables. Les habitants du détroit sont friands de cet animal qu'ils préparent de diverses manières. Outre la consommation directe, ils préparent leurs fonds de sauces à partir de la laitance de l'animal, et le font sécher pour s'en servir d'épice. Chaque année, quatre grands marchés aux oursins sont organisés et il n'est pas une tribu qui n'y soit représentée pour y troquer variétés spécifiques de tout le détroit. Certains, particulièrement convoités, sont régulièrement à l'origine de drames au cours des marchés, lorsqu'ils ne sont pas le point de discorde et de guerres incessantes entre tribus.

Pour finir, parlons de la grande spécificité de l'oursin de Fangelune, celle qui a assuré sa légende bien au-delà du delta et des quatre continents qui l'arrosent : l'oursin de Fangelune est un oursin chanteur. Deux grands zoologues se sont penchés sur le sujet et ont tous deux conclu à une évolution d'une fonction naturelle, la filtration des éléments minéraux trop abondants dans ces eaux limoneuses, selon la thèse d'Alcibiade de Monotrème; ou l'expulsion du corail (les oeufs de l'oursin) pour la théorie de son concurrent et néanmoins beau frère Anthus d'Esospionrie. Mais les habitants du détroit sont peut être plus proches de la réalité lorsque dans leurs croyances ils prétendent que le chant des oursins leur sert à communier avec les dragons. Il est vrai que ce chant à toutes les caractéristiques d'une berceuse, et si elle est entonnée par toute une colonie il devient impossible de résister à son effet soporifique. Gare aux pêcheurs imprudents !

D'ailleurs, deux fois l'an à l'occasion des grandes pontes, de grandes festivités sont organisées où une partie de la population profite du spectacle cependant que l'autre partie se colmate les oreilles à la cire pour être en mesure de s'occuper des heureux fêtards. Lorsque tous les oursins du détroit expulsent simultanément leur corail et leur laitance, les eaux du Delta frémissent sous la remontée de milliards de bulles, des kyrielles d'oeufs colorés irisent la surface du détroit cependant qu'une mélopée envoûtante sourdre du fond de l'onde. Rares sont ceux à pouvoir résister à l'effet soporifique de cette berceuse divine.

Oursin Scissicolore - 'Echinoidea Colomobilum'

La vie sexuelle des oursins est source d'un grand émerveillement. Ainsi, cette espèce à la chair délicieuse se reproduit par division : l'oursin porte en lui ses successeurs et au moment de la "naissance", se projette violemment en l'air avant "d'exploser" dans l'eau, projetant dans toutes les directions ses rejetons dans un grand nuage d'encre pour tromper les prédateurs et permettre ainsi à l'espèce de coloniser des surfaces toujours plus grandes. Il est étonnant de constater que la couleur de l'encre dépend fortement du milieu, de l'alimentation de l'oursin, etc...

Le Tatoueur l'a bien compris : cet artificier parcourt le monde avec dans sa besace une belle collection d'oursins scissicolore. Recouvert de la tête aux pieds de tatouages aux motifs peu figuratifs, il se présente auprès des nobles et des riches pour leur proposer une expérience unique : un feu d'artifice de couleurs ! En effet, à l'air libre, l'oursin accoucheur saute encore bien plus haut que dans l'eau et ses explosions sont magnifiques. Le Tatoueur recueille toujours une majorité des rejetons pour préparer son urside d'artifice suivant, et a depuis longtemps acquis une compétence incroyable dans l'art de nourrir ses "petits" afin de tirer d'eux la teinte adéquate. Le Tatoueur se fait toujours payer par avance : en effet, il omet généralement de dire que l'encre de l'oursin scissicolore est indélébile, et les dégâts provoqués par ses spectacles sont largement à la hauteur de l'émerveillement produit.

J'ai déjà dit que cet oursin était délicieux à manger. Mais il est également impossible de cacher qu'on en a mangé : les dents n'en sortent jamais complètement blanches, et suivant la manière de préparer l'oursin, elles peuvent même être teintes à vie...

Ourmaline, oursin parfumeur - 'Echinoidea fragrens'

Variété rarissime de petit oursin aux teintes bleues irisées de vert et de pourpre. L'Ourmaline est un oursin farouche qui s'accommode mal de la captivité, ils sont pourtant nombreux à avoir tenté sa domestication, et leurs noms sont gravés à jamais sur les tablettes de l'oubli. Un succès leur aurait pourtant apporté richesse et gloire. Il est en effet de nombreux pays où les dames coquettes se parfument parcimonieusement de quelques grains d'« ambre bleue ». Que diraient-elles, ces belles, si elles savaient que le très onéreux produit de leur convoitise est en fait excrété par cette variété timide d'oursins ? Probablement rien !

L'Ourmaline vit dans des herbiers toxiques qu'il est un des rares oursins à pouvoir ingérer. La présence de Strangulotropiacées (plus connues sous le nom d'« algues étrangleuses ») et de Tactylopneustes (une variété d'algues toxiques par contact) semble être un prérequis à sa prolifération, ce qui rend son exploitation difficile et dangereuse. Alchimiste de nature, le discret animal mêle savamment les toxines et les venins des algues qui l'entourent et dont il est friand. Se nourrissant de peu, il excrète une bonne partie de ce qu'il ingère sous la forme de petits bâtonnets dont la couleur bleutée varie beaucoup en fonction du régime alimentaire. C'est d'ailleurs sur la base de cette couleur que lesdits bâtonnets seront monnayés. Les outremer, les plus répandus, s'échangent à un demi sol le pépin, contre 100 sols pour les indigos, réputés pour leur musc inimitable.

Si certains peintres se sont essayés à utiliser le précieux matériau dans leur composition, c'est indubitablement dans l'art de la parfumerie qu'il a trouvé son plus parfait aboutissement. L'« ambre bleu », comme on l'appelle avec vénération, peut être utilisé brut, mais plus généralement il entre dans la composition de parfums savamment distillés. Outre ses odeurs naturelles et variées, on lui prête la vertu, convenablement préparé, de fixer les odeurs dans le temps. Le célèbre parfumeur Belfifloram de Fragrance aurait d'ailleurs utilisé de l'ambre indigo pour créer son fameux parfum éternel. D'aucuns prétendent que cet exploit n'aurait pas été possible sans utiliser le haut rêve. Et d'autres murmurent que l'ambre lui-même serait de nature draconique. Il s'en trouvera même pour prétendre que par un simple contact de cette substance l'on devient soi-même haut rêvant. Mais il s'en trouvera toujours pour raconter n'importe quoi... En attendant, il est indubitable que les marchands de la lointaine Fragrance, cité des parfumeurs, seraient ulcérés en apprenant que les plongeurs d'Ourmaline parfument couramment leurs cabanes de torchis en brûlant quelques-uns des bâtons de leur récolte.

L'arbre à oursins - 'Sylvae Echinoideum'

Dangereux piège de la nature, l'arbre à oursins est un arbre carnivore que l'on trouve en général isolé dans les zones de collines, ce qui en soit est déjà un indice de sa véritable nature. Les individus compétents en botanique n'ont en effet pas de mal à savoir que le châtaignier, dont cette arbre copie les atouts, sont rarement des arbres solitaires. Ceux qui ont la malchance de l'ignorer risquent fort, attirés par la récolte délicieuse qu'ils pourraient y faire, de finir leurs jours sous la frondaison de ce dangereux prédateur.

Car ce que l'on prend pour de belles châtaignes presque mûres n'est rien d'autre qu'une entité semi-vivante produite par l'arbre et qui, à la manière d'une tique, se laisse tomber sur tout intrus. A la moindre vibration du sol, un amas de boules piquantes s'effondre sur l'imprudent, perce ses vêtements et commence à absorber son sang comme une éponge absorbe l'eau : goulûment et jusqu'à saturation. Généralement trop faible pour bouger, la victime reste étendue sous l'arbre jusqu'à mourir, se décomposer et nourrir l'arbre à oursins.

Il est assez difficile de couper un tel arbre, et les villageois des environs préfèrent en général l'entourer de clôtures, d'autant plus que l'arbre essaime peu. On trouve parfois sous son ombre une végétation luxuriante qui cache à peine les trésors engloutis avec les corps des victimes, ce qui attire invariablement des chasseurs de piécettes qui rivalisent d'ingéniosité afin de récupérer et revendre l'équipement des pauvres imprudents. On raconte même que des brigands se sont mis en tête de planter des arbres à oursins à des points de passage stratégiques sur les longues routes commerciales pour minimiser les risques pour leur propre santé.

Oursin pie, oursin pis, dévoreur - 'Echinoidens mamal'

Variété assez rare et pouvant atteindre la taille d'un petit poney pour les spécimens les plus vieux, soit une centaine d'années. La longévité moyenne se situerait cependant plutôt dans les 20 ans de vie pour une taille équivalente à celle d'un gros chat. Au premier coup d'oeil sa robe pie (taches noires sur fond blanc) le font ressembler à une petite vache, et ce n'est pas la seule caractéristique qu'il partage avec nos paisibles ruminants : l'oursin pie possède en effet un unique pis situé sur l'arrière de son test (sa coque calcaire). L'utilité de cette glande mammaire n'a pas encore été découverte, il a toutefois été observé que les cycles lactifères étaient en relation avec ceux de la lune. On prétend que dans certaines îles lointaines où les algues prolifèrent naturellement (Les noms d'Elmeraldia et de Lactiseptaldys sont souvent évoqués) ces oursins sont élevés pour leur lait consommé directement ou après transformation en fromage. Ce serait d'ailleurs les seules denrées mangeables issues de cet animal car sa chair comme sa laitance, bien que comestibles sont pour le moins amers et coriaces. Contrairement à la plupart des oursins, relativement sédentaires, l 'oursin pie est un nomade. Sa grande taille et son broutage incessant viennent en effet rapidement à bout des « prairies marines », d'autant plus qu'ils se déplacent en « troupeau ». Aux abords des archipels de Bactylosophia on peut d'ailleurs observer un véritable cycle de prolifération des algues, lié au déplacement circulaire d'un troupeau d'oursins Pie autour de chacune des îles. Le journal des heures de Paléas atteste de la gloutonnerie de cette variété d'oursins, comme on peut le lire dans cet vieil extrait :

« Au troisième pis de la quatrième dent de lait de la vache dodue.

Attendu que le fléau dévastant nos belles prairies marines menace d'en brouter jusqu'à la dernière feuille, attendu que leurs piquants ont déjà causé force durions dans la chair du bétail, attendu que la carnation des bêtes a déjà du être souillée d'avoine et d'herbe, le haut conseil des fermes a voté à l'unanimité l'état de crise. A compté de cette mamelle, et jusqu'à la suivante, tout homme valide, résidant-fermier ou résident-étranger donnera un pis de son temps par mamelle pour se joindre à l'effort de désoursinification du chenal de pature comme des rives des tourbières. [..]»

Oursin migrateur - 'Echinoidea aeronotica'

Lorsque vous pénétrez un village fantôme côtier, méfiez-vous. L'oursin migrateur est peut-être encore dans la place. Ces créatures étranges tirent leurs ressources de toute vie animale croisée sur son chemin. Hélas, l'homme est un animal comme les autres... Vivant à l'origine dans les mers peu profondes, ces oursins déclenchent de manière saisonnières une réaction chimique qui convertit l'eau de mer en oxygène à l'intérieur de leur corps. Il en résulte qu'assez rapidement, l'oursin remonte vers la surface. Le processus de "gonflement" est très rapide et l'animal - qui est d'ordinaire de la taille d'une grosse châtaigne - décuple son diamètre jusqu'à flotter à la surface de la mer. En moins d'une journée, il est trop tard : l'animal devenu très léger est poussé par les vents de saison vers la terre, où il roule vers l'intérieur des terres.

La densité de ses épines l'empêche de s'accrocher trop facilement aux objets inertes, mais dès qu'il rencontre un animal, ses épines s'étendent instinctivement pour se planter dans le corps de la victime. Des anesthésiants se mettent alors à l'oeuvre pour paralyser complètement la proie. A terre, rapidement couverte d'oursins, l'animal se fait alors très lentement dévorer par réduction de la matière et absorption.

En général, l'oursin migrateur reste durant toute une saison sur terre, amassant des calories, jusqu'à ce que le vent tourne. Les plus chanceux sont alors repoussés vers la mer où ils pourront se reproduire, laissant derrière eux des zones désertiques vidées de toute vie animale et quelques oursins malchanceux qui finissent par se dessécher et mourir.

Il n'est pas rare de tomber sur un village dévasté, surtout quand les oursins sont arrivés dans la mer voisine par des courants providentiels. Dans ces villages, les oursins semblent parfois voler dans les rues. Si vous pouvez voir à travers, il ne s'agit que de broussailles enroulées portées par le vent. Mais si elles sont opaques, méfiez-vous ! D'autres oursins ont également été piégés par des vents tournants. Dans de rares cas, des colonies complètes ont été portées par des tornades sur plusieurs lieues.

Certains pêcheurs côtiers ont cependant trouver une autre utilité à ces bêtes : lors de leur gonflement, les piquants ne sont pas encore venimeux. Durant toute une journée, donc, des pêcheurs peuvent se servir des oursins comme des réservoirs d'air pour descendre à des profondeurs normalement inaccessibles et récolter de précieuses perles : celles que ces animaux laissent derrière eux quand ils meurent et se ratatinent, se contractant en une sphère noire, très dure et très légère. Chacune de ces perles peut alimenter un feu durant quatre jours, énergie très recherchée et donc source de grands profits pour les téméraires qui osent se mêler aux oursins migrateurs. Ainsi, Calmar Dubdidey, également appelé "celui qui nage avec les oursins", qui parcourt les mondes à la recherche des "spots" d'oursins avec lesquels il entretient d'étranges rapports de symbiose...

Oursin dessinateur, châtaigne de mer, oursin lancéolé - 'Bellus Graphis Echinoideam'

Cette variété plutôt commune d’oursin est généralement boudée en raison de son peut d’intérêts culinaire et ou utilitaire. Les individus de cette famille présentent un corps sphérique parfait de la taille d’un gros pois chiche ainsi qu’une trentaine de piquants longs et cassants d’une taille comparable à celle d’un petit stylet. On les trouve généralement dans les récifs sablonneux dont ils colonisent les plages à marée basse pour y dessiner une kyrielle d’arabesques complexes. Bon nombre de légendes voient leur origine dans ces traces laissées dans le sable humide. On a par exemple prétendu que ces oursins étaient des sortes de psychopompes et qu’investis par l’âme des morts ils erraient au hasard des plages, traçant frénétiquement les glyphes insaisissables de testaments macabres. D’autres voient dans ces oursins une autre preuve de l’existence de l’antique Ascytaipeurdewssoulow, les dessins qu’ils tracent dans le sable ne sont en effet pas sans ressembler aux abaques complexes d’une cité merveilleuse…

On pourra aussi se souvenir du célèbre « De Echinoidea Mens », ces écrits tant décriés en leur temps, où le haut rêvant océanographe Alscyste de Tarste - plus connu sous le sobriquet irrespectueux d’Alscyste Foloursin – attribuait à cette variété une intelligence supérieure à celle de l’espèce humaine. En témoignent ces quelques extraits choisis :

« [..]a n’en pas douter, leur intelligence bien supérieur à la notre provient justement du fait de leur absence de main. Or je veux arguer que cet outil, si évolué soit il, n’est pas, comme certains de mes confrères l’ont prétendu avec force rengorgements, un signe et critère de supériorité, mais le tombeau de notre entendement. En ceci qu’elle nous enferme dans la gangue du pragmatisme utilitaire, la main nous interdit les hautes sphères intellectuelles accordées à l’oursin dessinateur. Lui, sur la grève, est pur esprit. Ses pensées vagabondent dans des sphères à nous rendues inaccessibles par ces accessoires, qui nous flanquent et nous lient.[..]

[..]et je suis en mesure d’affirmer que dans les abaques merveilleuses qu’ils laissent sur le sable, ils nous livrent les clés d’une science qui fera basculer le monde dans un troisième âge de technologie fleurissante. »

Alscyste était tellement persuadé de sa théorie qu’il était allé jusqu’à se faire couper les membres pour laisser plus de place à son esprit. Sa mort prête encore à interprétation de nos jours : s’étant fait déposer sur la plage pour réfléchir parmi ses frères aux longs piques, on aurait retrouvé son corps sans vie, tous les orifices de son corps farcis d’une quantité déraisonnable d’oursins. La thèse la plus courue privilégie l’assassinat, bien qu’on n’ait jamais trouvé ni le mobile ni l’assassin. Les disciples d’Alscystes, eux, ont préféré dissoudre l’école en parlant à mot couvert d’une conspiration des oursins : l’être humain n’étant pas encore prêt pour accéder à un statut supérieur, ils ont fait taire celui qui était en passe de déchiffrer leur science.

Oursin translucide, oursin chapeau - 'Echinoidea Translucens'

Bien qu’assez rare et non comestible, de tous les echinodés c’est certainement un des plus apprécié. De la taille d’une bonne pastèque, sa coque, bien que transparente est dure comme du verre. Ses organes translucides ont la particularité de synthétiser de l’oxygène, avec lequel il étouffe les poissons qu’il emprisonne et dont il se nourrit. Son rostre, élastique, est orné de cinq dents tranchantes comme des lames de rasoir et dont il se sert pour couronner les grosses proies.

Sa carapace translucide le rend très difficile à discerner dans son habitat naturel, et rend la chasse peu aisée. Malheureusement, l’élevage a tendance à assombrir son test ce qui rend les individus moins attractifs.

L’oursin translucide s’accommode très bien de la captivité et montre même des signes d’affection pour ses « maîtres ». Une fois domestiqué, il rend des services inestimables : Ce qui s’avère un piège redoutable pour les poissons est une véritable bénédiction pour les humains. Une sorte de symbiose permet ainsi aux plongeurs coiffés de leur animal de compagnie, d’atteindre des profondeurs et des temps de plongée interdits généralement aux humains. Malheureusement l’animal reste assez craintif, et un réflexe malheureux les pousse parfois à resserrer leur étreinte sur le cou du plongeur si par malheur ils venaient à être surpris.

Oursin perroquet - 'Psittacus Echinoidea'

L’oursin perroquet tire vraisemblablement son nom de ses nombreuses ressemblances avec l’oiseau du même nom. A bien y réfléchir d’ailleurs il ne serrait pas impensable qu’il soit né d’un dragon à l’esprit confus et repris facétieusement par ses comparses endormis mais néanmoins goguenards.

Variété plutôt rare, l’oursin perroquet possède un rostre en deux parties recourbées, en tout point semblable au bec d’un perroquet ; ainsi que des couleurs vives, chatoyantes et festives. En outre il s’orne généralement d’une sorte de plume sur le haut de son test. Sa chair a un goût de poulet prononcé, mais on ne le consomme généralement pas, dû égard à sa rareté.

Tout comme son homonyme volatile, l’oursin perroquet est expert dans l’apprentissage et la restitution des sons. Dans certains océans il n’est par exemple pas rare, bien que toujours surprenant, d’entendre un bruit d’océan déchaîné, d’ouragan ou de tempête alors que le mer est d’huile et le vent inexistant. C’est que vous êtes a proximité d’un banc d’oursins perroquets.

Parfois ce sont des bruits humains qui sont repris, le plus généralement des « au secours, je me noie ! », ou des « les femmes et les enfants d’abord !». Mais en bordure de côté cela peut parfois être le bruit d’enfants jouant dans l’eau.

Dans certains villages côtiers, les oursins perroquets sont utilisés par les autochtones pour laisser des messages à leurs voisins. Il faut néanmoins beaucoup de patience et parfois une bonne apnée pour laisser un message intégral et non déformé.

Oursin sapeur, toupie des mers - 'Echinoidea Gyros Excavator'

Variété rarissime et dangereuse d’oursin fouisseur, le sapeur lorsqu’il est en danger entre en rotation sur lui-même et entraine ses épines dans une rotation inverse, ce qui lui permet de creuser la roche pour s’y enfouir très rapidement. La fréquence de rotation des animaux, la nature de leurs épines ainsi que leurs formes est particulièrement adaptée au forage de certaines roches. Cependant, si ils ne s’y enfoncent pas avec la même facilité et la même régularité, les sapeurs n’en causent pas moins des dégats redoutables sur la chair humaine, le bois, et parfois même le métal. On prétend qu’au second âge, les pécheurs des récifs d’Aldebalion ayant acquis une certaine expertise dans l’utilisation de ces oursins avaient naturellement trouvé en emploi sur les champs de bataille où ils aidaient à saper les murailles des citées. Certains s’étaient aussi spécialisés dans le lancement de ces oursins pour amoindrir les armures et les côtes de mailles des ennemis. De nos jours, heureusement moins belliqueux, il ne reste plus tant d’oursins sapeurs, mais on peut tout de même leur imputer des dommages récents, comme la disparition de la blanche citée d’Ultahaar. Véritable joyau architectural du second âge, elle était bâtie à la cime d’un ilôt en pain de sucre aux falaises vertigineuses. Un tremblement de terre la fit chanceler sur ses bases, mais ce qui l’a mit à la mer ce fut la réaction de peur des colonies d’oursins sapeurs au pied de ses falaises.

Oursin cuisinier - 'Coqum Echinoidea'

Cet oursin rarissime des mers chaudes est pourvu d’un goût prononcé pour les mélanges de saveurs. L’intérieur de son test est pourvu d’une myriade de capsides dans lesquelles il conserve des substances qu’il synthétise à partir de ce qu’il ingurgite et qu’il utilise par la suite en guise d’épices. Deux autres chambres, la camera frigam et la camera caloris occupant une bonne partie du squelette lui permette de générer du chaud et du froid pour la confection d'aliments complexes. Cuisine à la vapeur, à l’étouffée au four, au bain marie, l’oursin cuisinier est capable d’une diversité impressionnante.

S’il cuisine pour lui, le coqum est avant tout un être partageur : une fois ses plats terminés il en répand la plus grande partie dans l’eau qui l’entoure, ou les laisse sur place lorsqu’il s’agit de pièces solides. Lorsqu’un oursin cuisinier habite un récif on peut être certain d’y voir arriver rapidement une colonie impressionnante de poissons attirés par le fumet. On comprendra que les pêcheurs apprécient particulièrement cet oursin et ont maintes fois tenté de l’implanter dans d’autres récifs, toujours en vain. La présence d’un seul oursin cuisinier suffit à attirer quelques petits bancs de poissons qui finissent invariablement par se disputer frénétiquement les reliefs du repas. Fort heureusement, les coqums ont l’habitude de se déplacer en banc d’une cinquantaine d’individus et, fait extraordinaire, de cuisiner le même plat au même moment.

S’il produit des mets d’un raffinement extraordinaire, l’oursin cuisinier n’est quant à lui pas comestible, essentiellement en raison des nombreux composants alchimiques qui tapissent ses camera frigam et camera caloris. Ces composants alchimiques sont d’ailleurs fort onéreux et entrent dans la composition de recettes alchimiques communes, si bien que des individus peu scrupuleux n’hésitent pas à pêcher l’oursin et à le sécher pour racler le contenu des deux chambres ainsi que l’intérieur des capsides d’épices. Naturellement, ce genre d’agissement est considéré comme un véritable crime pour tout pêcheur des atolls, et les contrevenants sévèrement punis. Mais la tentation est grande lorsqu’on sait qu’une noix de frigilite ou d’ignantite en poudre se compte en pièces d’or. La valeur marchande des épices concentrées, elles, ne se compte « qu’en » sols, en fonction de leur goût.

Oursin geyser, oursin rouge, oursin phenix - 'Echinoidea vulcanescens'

Charognard des hauts fonds océaniques, l’oursin rouge vit en banc d’un millier d’individus partageant le même rythme vital d’environ une décennie. Avant leur mort ils élèvent tous simultanément la température de leur corps à des températures dignes d’une éruption volcanique, provoquant un cataclysme écologique sur des centaines de lieues. Rares sont les plantes et les poissons à échapper à cette élévation instantanée de la température de l’eau. Les carcasses s’accumulant sur le récif pollueront l’atoll que la nouvelle génération d’oursin prendra soin de nettoyer avant de provoquer le cataclysme suivant.

Depuis des siècles les marins ont pris l’habitude de répertorier sur leurs cartes la présence de dangereux geysers, attribués depuis à la présence d’un banc d’oursins rouges. Des études récentes du zoologiste Océanonos de Zoophale tendent à penser que la synchronisation du suicide collectif des oursins rouges serait justement orchestrée par leur capacité à mesurer l’élévation brutale de la température : Qu’un oursin se mette à élever la température de l’eau pour que son voisin, le sentant, l’imite aussitôt, provoquant la réaction en chaîne. Si elle est avérée, cette découverte ouvrirait un avenir radieux pour la désoursinnifacation des zones dangereuses ainsi que l’établissement d’une nouvelle profession.

Oursin gris, Aquabon, Neurasthénie des mers - 'de profundis Echinoidea'

Terne, mou, fade, voilà les termes qui viennent le plus naturellement à l’esprit lorsqu’il s’agit de décrire cette variété d’oursin habitant les plus profondes dépressions rocheuses au bord des falaises. Mais l’oursin gris a plus mauvaise réputation que cela encore, car on lui attribue bon nombre de suicides depuis les hauteurs de ces magnifiques à-pics maritimes au pied desquels il élit domicile. A raison.

La solitude ténébreuse et glauque dans laquelle il s’enferme est peut-être à l’origine de ses sombres pensées, l’Aquabon a en effet la fâcheuse propriété de sombrer dans la neurasthénie, l’ennuie profond, et de les communiquer à son entourage. Les habitants côtiers ont depuis bien longtemps fait le lien entre la présence de l’oursin gris et les sombres pensées de certains des leurs, ils ont même trouvé des noms pour désigner ces pathologies. « Mal des mers », « désespoir d’oursin », la « grise piquante », autant de noms pour un seul mal. Ne riez pas, nul n’est à l’abris, des individus très recommandables mêmes, ont subi cette affliction. L’exemple le plus célèbre et celui du comte de Castelscintille, cette âme noble et romantique, habitant isolé d’un mas insulaire. C’est en effet sous l’effet du Mal des mers qu’il aurait rédigé ses pléthoriques carnets poétiques de l’ « Avis de rincée ».

Plus prosaïquement, les voyageurs un tant soit peu érudits sauront que les désagréments liés à l’oursin gris trouvent leur explication dans la troublante capacité qu’il a à générer des entités de désespoir. Entités qui comme chacun le sait, s’emparent de tout innocent badaud à proximité… En même temps, il faut bien reconnaître, que la solitude de l’oursin gris doit être bien navrante.

Dans certaines contrées, une nouvelle profession a vu le jour pour pallier aux inconvénients liés à de trop grandes quantités d’oursins gris. Les clowns des falaises sont particulièrement respectés en raison de la dangerosité de leur métier. Sélectionnés en raison de leur optimisme infaillible, sur-dopés à l’herbe de lunes et rompus à toute sorte d’autres euphorisants, ces professionnels aguerris dévalent les falaises au bout de cordes pour extirper les coques molles et grises du fond de l’eau.

Oniroursin, Bluersin, Oursinblue

En guise de préambule, il nous faut préciser que l’intégralité de nos connaissances concernant cette variété d’oursin repose sur les récits contestés du voyageur Olocaste Medvidan dit “le grand bleu”. Le bluersin -c’est ainsi qu’Olocaste a lui-même baptisé cette variété- se présenterait sous la forme d’une sphère parfaite, d’un bleu indigo sombre, et constellée de quelques longs piquants mobiles émoussés. Des arcs lumineux et mouvants joindraient en permanence deux à deux la pointes de certains piquants, et provoquant d’intenses décharges urticantes à qui voudrait les toucher. Les érudits n’ont pas manqué de remarquer une connection évidente avec l’oursin déchireur. Certains ont voulu y voir la preuve de l’existence du bluersin, qui pourrait bien être le seul parent connu du rarissime oursin déchireur. La grande Université de Zoophale a d’ailleurs financé deux expéditions successives pour tenter de mettre la main sur un spécimen, sans succès à ce jour; on est toujours sans nouvelle des dites expéditions, si bien que réchigant à en monter une troisième, l’Université s’est contenté d’offrir un prix à quiconque produirait un de ces animaux. D’autres, à commencer par les avocats de la défense d’Olocaste, ont au contraire voulu croire en une méprise du voyageur, dont la cervelle rendue confuse par les événements et les privations aurait simplement brodé sur la vision fugace d’un oursin déchireur malencontreusement rencontré. Si l’on ascertaine les témoignages d’Olocastes, les différences entres les deux espèces peuvent être considérées comme conséquentes; elles tiennent tant à la forme complètement sphérique, aux piquants particuliers et à la couleur caractéristique du bluersin. Qui plus est, Olocaste prétend avoir trouvé l’animal, dans ce que les experts ont identifiés ultérieurement comme un blue-rêve. C’est en effet dans les eaux peu profondes d’une mer vaporeuse du “trou bleu” (comme Olocaste l’appelle) dans lequel il s’était perdu, que le voyageur prétend avoir trouve des bancs conséquent de cet animal dont il se serait nourri. S’il faut en croire ses récits, Olocaste aurait en effet passé pas loin d’une cinquantaine d’année dans son “trou bleu”; cinquante ans qui pour lui n’auraient pas duré plus d’une semaine pendant laquelle il s’est nourri exclusivement de la chair outremer des oursinblues. Le voyageur prétend que, protégé d’épaisses mitaines de cuir il n’aurait eu aucun mal à s’emparer des animaux, mais que son compagnon voulant l’imiter aurait subi une décharge dont il aurait rapidement décédé. Olocaste prétend encore qu’il se serait défendu en utilisant des bluersins en guise de projectiles, d’après lui, létal autant pour les humains que pour les “monstruosités bleutées tapies dans les fumerolles du trou bleu”. C’est d’ailleurs parce qu’il aurait épuisé sa cargaison d’oursins dans sa fuite éperdue que l’infortuné voyageur n’a pu produire de preuve pour appuyer son récit. De retour dans “un monde en couleur”, Olocaste n’aurait pas tardé à développer des manies socialement gênantes, et, d’après certains témoignages, des aptitudes troublantes. Accusé de haute rêvanterie, Olocaste n’a pas survécu à son procès. Bien qu’aucune preuve sérieuse n’ait été versée au procès, le sacro-saint principe de précaution en matière de haute rêvanterie ne permettait en effet pas qu’on prisse aucun risque. Dans ses émouvantes confessions, rédigées dans son cachot en attendant l’exécution de la sentence, Olocaste s'interroge effectivement sur certains changements survenus depuis son “voyage bleu”, sur les origines de sa nouvelle capacité à “discuter avec les animaux”. La lecture de ces mémoires a depuis convaincu l’inquisitorium de Brûlepertuis de l’existence de ces oursins, et que leur ingestion impliquerait la transmition du haût-mal de haûte-rêvanterie. Depuis lors, et concurrement aux érudits de Zoophale, ils continuent de financer des expéditions de chasseurs de hauts-rêvant ayant pour mission d’éradiquer les bancs de bluersin.

Oursin explosif, Oursin quartz, Oursin alchimiste - 'Echinoidea Eruptens'

Surnommé « quartz » par les sots et adulé sous le nom d’ « alchimiste » par les connaisseurs, l’oursin explosif est un petit prodige d’alchimie. Plutôt que de recracher les éléments qu’il ne digère pas par les voies habituelles, il les conserve pour réaliser la synthèse du précieux cristal alchimique… Inutile de dire que si la « pureté des sanies » n’est pas suffisante, ou s’il se trompe dans leur mélange, l’animal subit le même genre de sanction que l’alchimiste maladroit. D’où son premier surnom.

Quant à l’appellation de quartz, il faudra simplement y voir l’inculture du commun qui ne sait malheureusement pas reconnaître un cristal de quartz d’un cristal alchimique.

Oursin savon - 'Echinoidea Saponifera'

Incongruité exotique de la mer des larmes, l'oursin savon a une espérance de vie restreinte (rarement plus de quelques mois), et pour cause, son squelette est entièrement constitué d’une matière saponifère. Suivant les espèces, le toucher est plus ou moins rêche, et l’odeur intéressante. On prétend qu’il naît des bulles de savons émises par ses congénères. S’ensuit alors une quinzaine de jours où le corps de l’animal, encore bien ferme, est impropre à l’utilisation. Il se trouve tout de même une clientèle masochiste pour acquérir ce qu’on appelle « le savon du pénitent ». Ca lave bien, certes, mais ça pique ! En vieillissant un peu, il s’assouplit et glisse généralement vers des cuvettes rocheuses emplies d’algues et dont la profondeur moyenne semble se trouver autour des quinze toises. Ce qui rend sa pêche ardue et demande un certain doigté. Passé les trois semaines de vie il ne peut plus être utilisé qu’après séchage pour la confection de savons mélangés de moindre valeur. Il n’est pas rare qu’une forte tempête repousse sur la plage les testes mous et mousseux des spécimens les plus vieux, les enfants sont alors chargés de récupérer cette manne dangereuse. Et gare au promeneur imprudent, car dans les écueils on a tôt fait de glisser sur un oursin et de se rompre le cou.

Oursin mou - 'Mollis Echinoideus'

Pour bien des marins le nom de Port-smooth évoque une destination lointaine et pittoresque, il faut dire que cette ville portuaire porte bien son nom. Joyau du second âge, comme la plus part des villes attractives, elle n’a certainement pas été originellement bâtie sur cette déclivité de porphyre mais s’y est plus certainement retrouvée encastrée à la suite des débordements consécutifs à l’éveil des rêveurs qui marqua la fin du second âge et l’avènement du notre. En témoignent d’ailleurs les myriades de pignons qui surgissent littéralement de la roche magmatique, parfois à pied sec, parfois dans la mer. Le plan du sol incliné à une trentaine de degré est exclusivement constitué de cette roche pourpre tant réputée des statuaires, lisse comme une écaille de dragon, seulement maculé çà et là de cannelures et de cassures profondes, marques des intempéries et du travail du temps. Malgré les nombreux aménagements en surface - apport de terre achetée sur les continents, empaillage des rues pour les rendre moins glissante - la circulation se fait préférentiellement dans les vestiges de maisons et des rues qui se sont trouvées piégées dans la roche, depuis complétées par des tunnels creusés à la force des pioches. La plus grande partie de l’activité humaine s’est naturellement tournée vers la mer. La faune et la flore aussi se sont adaptées à cet environnement singulier, on a vu par exemple le développement de tout un herbier ventousé, et de quelques variété de plantes fouisseuses. C’est dans ce contexte que l’oursin mou a vu le jour, il est vrai qu’un tel animal n’aurait pu survivre nul part ailleurs. Parfois il lui reste des vestiges de piquants, mous comme le reste du test, mais la plupart du temps ils ont été remplacés par des bras ventousés, à peine plus long mais surtout plus solides que dans les autres variétés d’oursins. Mimétique, il peut varier la couleur de son test pour se fondre à l’environnement ambiant, mais ce qui le sauve réellement, c’est la capacité qu’il a à se glisser dans la moindre anfractuosité. Animal nocturne, il passe ses journées dans les anfractuosités de porphyre pour migrer nuitamment dans les herbiers de surface. A la tombée du jours on assiste ainsi au spectacle rare de la transhumance de l’oursin mou, véritable kaléidoscope stroboscopique et fourmillement de couleurs lorsqu’ils accommodent leur teint à celui du fond marin. Les habitants de Port-smooth ont su tirer profit des spécificités de l’animal. Outre les denrées alimentaires caoutchouteuses et la tannerie de petits élastiques, l’oursin est utilisé comme balle dans un sport devenu institution identitaire de l’île : la pelote smoothienne. De nombreux frontons ont été aménagés dans le porphyre pour permettre aux habitants de s’adonner à leur sport favori, et un grand stade en gradins leur permet même d’assister à des compétitions mensuelles.

Oursin gemme - 'Gemma Dentis Echinoidea'

Aujourd’hui presque disparu, l’oursin gemme proliférait dans les pourtours des îles volcaniques de Liférania. Son rostre constitué de cinq pierres précieuses lui permettant de creuser les roches les plus dures, il se nourrit des riches minéraux emprisonnés dans le magma refroidi. La chasse qui lui a été faite depuis le début du troisième âge a pratiquement décimé l’espèce. L’orfèvrerie locale subsiste encore en exploitant les dents que l’on trouve en filtrant le sable gris des plages, mais les parures dites ‘de rostres complet’ ont cédé la place aux dépareillées. Le bruit court que certains villages isolés tenteraient maintenant de favoriser la renaissance de l’espèce, veillant jalousement sur les cachettes basaltiques de leurs protégés et tuant à vue tout intrus. On les comprend.

Lavalours, Oursin de lave, oursin magmatique - 'Ex Ignus Torens Echinoidea'

Singularité zoologique, l’oursin magmatique vit dans la lave des volcans en activité. Il est très rare de l’observer vivants, si ce n’est furtivement dans une coulée de lave lorsqu’il est recraché au cours d’une éruption volcanique. Cette variété d’oursins est essentiellement connue pour les motifs qu’elle forme en mourant dans la lave refroidie. Dans les affres de l’agonie, le lavalours se débat lentement, favorisant une cristallisation poreuse et scintillante autour de lui. Les autochtones savent deviner ces motifs particuliers en surface des coulées refroidies. Il en retirent alors, non sans peine, le test emprisonné dans la lave. La coquille du Lavalours est constituée d’un minerai particulièrement dur et résistant aussi bien aux fortes températures qu’aux fortes pressions. De fait, son utilisation en métallurgie est particulièrement intéressante mais peu aisée et l’on préfère l’employer directement pour la confection d’ustensile. Avec ses dix piquants courts et massifs, il convient particulièrement à la production de masses d’armes et de fléaux.

oursin lancier - 'Echinoidea Pulpa Palus'

Variété d’oursin à coque dure et à piquants courts et solides. Leurs tiges ventousées, particulièrement longues et rapides peuvent être projetées à une longueur équivalente à une centaine de fois la taille de leurs piquants. Leur technique de chasse habituelle consiste justement à projeter leurs ventouses sur leurs proies et à les rétracter promptement pour empaler leur victime sur leurs piquants. Certaines variétés plus carnassières et heureusement moins fréquentes n’hésitent pas à s’attaquer à des proies bien plus volumineuses. C’est par exemple le cas de l’oursin lancier ('Palus Spiculum') qui se projette lui même à la rencontre de sa victime et possède un don inné pour en déceler les points faibles. Pour la petite histoire, la légende prétend que c’est à la suite d’une rencontre avec un tel oursin que le célèbre chanteur du second âge Minerva Fluesselfilk aurait révisé son répertoire. Plus rare encore, le banc de châtaignes ('Palus Palus Palus Palus Palus'). Lointain cousin de l’oursin lancier, cette variété compense sa petite taille et sa précision arbitraire en chassant en groupe. Animés d’une cohésion exemplaire, ils fondent ensemble sur la même proie en à peine moins d’un battement de main. Des récits antiques témoignent de la mort d’un Kraken, victime d’un banc de châtaigne d’une taille particulièrement impressionnante. En moyenne cependant, ces bancs atteignent rarement plus d’une centaine d’individus… De quoi poser déjà de sérieux problèmes à un plongeur.

Une autre variété de Pulpa, le vampire ('Pulpa Cucurbitula'), est un parasite des grands poissons, qui comme son nom l’indique se nourrit du sang de ses proies. Ses capacités sont mises à profit en médecine pour prélever le poison et les humeurs du sang. Dans une application moins invasive, on lui brise les dents avant de l’appliquer à même la peau des patients pour profiter uniquement de ses capacités de succion.

Troublerêve - urchalcyste - 'Echinoidea Somnii foratum'

Voilà bien un oursin qu'il convient de ne pas déranger, du moins pas sans précautions. L'Urchalcyste est une beauté océanique méconnue du commun, mais dont les couleurs à la fois éclatantes et résistantes sont reconnues des grands peintres. Un test séché et convenablement broyés pourra facilement être échangé une sol chez un marchand de couleur. L'alchimiste aussi, ou le médecin, connaissent parfois l'existence de cet oursin... Et de son venin. Mais généralement ils en savent juste assez pour vous déconseiller de vous approcher "de cette saloperie". La "maladie", peut être transmise par une simple égratignure, on la nomme urchalsyste, elle provoque des crises d'incohérence aiguë chez la malheureuse victime projetées malgré elles dans les terres médianes... Et elle est réputée incurable.

Pour une raison qu'on ignore, le Troublerêve semble nager dans ces eaux troubles qui font le lien entre les flaques saumâtres qui se forment lorsque la mer se retire, et celles des marécages des terres médianes où il se réfugie a marée haute. C'est d'ailleurs le seul animal qu'on trouve à l'identique dans le "rêve vulgaire" et les terres médianes. A cause de son rapport au rêve, l'Urchalcyste est constamment accompagné d'un signe draconique. On prétend que la lecture et la compréhension du signe draconique d'un même individu à la fois dans le rêve commun et dans les terres médianes permettrait de de nombreuses révélations sur le tissus du rêve, et d'acquerrir une meilleur prise sur celui-ci (comprendre : gain d'un point permanent en seuil de rêve.).

Oursin laineux, Oursin soyeux, Oursin angora - 'a capelli Echinoidea'

Cette variété rarissime des îles Echenynes est dépourvue de piquants; elle les a avantageusement remplacé par de longs poils soyeux. Les insulaires sont aux petits soins pour ces oursins au métabolisme fragile qu'ils élèvent dans des bassins peu profonds creusés à même des récifs de leurs lagunes. Les villages des autochtones, bâtis sur pilotis, sont intégrés aux enclos à oursins qu'ils protègent des marées, des prédateurs et des voleurs. Le quotidien de ces pécheurs-éleveurs est essentiellement réglé sur le cycle de vie des oursins soyeux et le travail de leur laine très recherchée. Dès leur jeune âge, les habitants des villages apprennent à peigner les oursins (un brossage régulier est nécessaire pour obtenir un soyeux parfait quand vient l'heure de la tonte. Sans compter qu'un oursin mal coiffé peut s'emmêler dans les algues et finir par suffoquer, incapable de mouvoir l'eau autour de lui.).

Les oursins soyeux vivent une dizaine d'année en moyenne, mais il n'est pas rare d'en voir certains atteindre une vingtaine d'année lorsqu'ils sont convenablement nourris et dans une famille aimante. Leur pilosité ne cesse d'augmenter en abondance et en qualité avec l'âge. A l'âge adulte, le teste d'un de ces oursins mesure en moyenne une quinzaine de centimètres de diamètre, pour une longueur de soie d'une vingtaine de centimètre. Certaines sous-variétés, telles l'oursin angora (particularité du sud de l'île), peuvent présenter une pilosité plus abondante et plus longue encore. La laine obtenue de ces oursins demande un apprêt particulier pour être utilisée dans deux types de filage distincts. Le filage le plus simple fournit des pelotes dites aqueuses, servant à confectionner nombre de vêtement résistant parfaitement à l'eau et dotées d'un toucher incomparable lorsqu'elles sont humides. Elles sont très prisées des habitants des pays humides, particulièrement des plongeurs en eaux froides et autres ostréiculteurs de la zone lacustre d'Hoyesteria toute proche des îles Echenynes. Un autre aprêt, plus complexe, polluant, et onéreux permet de conserver les propriétés aquaphyles de cette laine, tout en la rendant résistante à la sécheresse. Ces derniers produits se vendent bien plus cher encore que les premiers.

Oursins bâtisseurs

Cette variété d'échinodés présente la particularité de disposer en plus de piquants tout à fait normaux, de trous permettant d'emboîter très efficacement les différents individus de la colonie. Il n'est donc pas rare de trouver ces groupements d'animaux sous des formes très variées, allant du mur à l'amas indescriptible en passant par des formes plus ou moins évoluées. Ainsi, de grands explorateurs ont rapporté des récits extravagants de statues et de constructions monumentales en plein océan, souvent abstraites mais parfois présentant une ressemblance troublante avec des éléments terriens, ce qui laisse à penser qu'un plan général guide parfois ces créatures les amenant à reproduire des schémas antiques dans un but mystérieux.

Anton Laigow, un zoologue réputé, estime même que ces oursins possèdent le secret de tout archétype de bâtiment légués par la nature à l'homme afin qu'il redécouvre, après une période de déclin inévitable, l'ensemble des constructions possibles, depuis le château fort jusqu'à des bateaux d'atterrissage pour cormolents.

Regrouper cette variété d'oursins sous le terme unique de "bâtisseurs" est en fait un abus de langage, car il recouvre en réalité de nombreuses espèces différenciées par le nombre de piquants et de trous ainsi que par leurs couleurs, souvent très vives. Il existe même des oursins qui ont perdu leur forme sphérique ou leur pigmentation, les rendant ainsi totalement transparents.

Enfin, certaines variétés ont développé des articulations, qui ont inspirées les ingénieurs de nombreux rêves dans l'édification de mécanismes, de roulements et d'engrenages.

Oursin mimétique (Karikat)

Aux confins de l’océan des Olparchontes, dans la vaste mangrove qui s’étend du delta du fleuve rouge aux récifs d’Azurante, on peut trouver cette variété rarissime d’oursin anthropomorphes. Les oursins mimétique -aussi appelé “Karikat” ou encore “oursin portrait” par les habitants de la région- ont l’étrange faculté de pouvoir modifier la forme de leur test pour prendre l’apparence d’une tête humaine. Une faculté qu’ils développe avec l’âge. Les oursins juvéniles présentent une couleur chair, légèrement rosacée et sont constellés de petits picots purpurins. En vieillissant ils grossissent jusqu’à prendre une taille comparable avec celle d’une tête humaine, et arrivés à maturité ils en adoptent aussi la forme.

Bien qu’aucune étude sérieuse n’en atteste la véracité, le phénomène semble être la résultante d’un lien créé par l’animal avec un individu géographiquement proche et pour lequel il éprouve un intérêt. Dans son ouvrage majeur “De Echinoidea Mens”, Alscyste de Tarste soutient que “[..]le karikat ayant la faculté de se mouvoir à d’autres niveaux du rêve, inconnus de nous, il s’y nourrit des émanations oniriques issues des individus qui les entourent. Faisant montre d’une préférence certaine pour les rêves de tel ou tel rêveur, il finit par développer un lien fort avec icelui, jusqu’à en prendre la physionomie[..]”. Si l’hypothèse n’a pas été prouvée, elle semble corroborée par les expériences d’un certain Anselme. K. dit, “le Pikanthrope”, haut rêvant du second âge pratiquant la voie de Thanatos, pourquoi pas, à des fins thérapeutiques. Les travaux du Pikanthrope nous sont accessibles au travers de son ouvrage “Guérir dehors, guérir dedans : soigner avec les oursins”. Il est à noter que certains shamans des récifs d’Azurante, certainement descendants d’Anselme. K., pratiquent l’acupuncture echinodée ainsi que le rituel d’influence d’oursin, et pas toujours à des fins thérapeutiques.

De fait, comme l’a découvert Anselme, le Karikat est à même de prendre possession d’un individu (rituel thanataire de possession) pour se nourrir de ses rêves. Si ce processus est généralement peu intrusif, certains animaux plus remuants que la moyenne influencent leur cible au travers du lien qu’ils ont créé. C’est ainsi que pour les habitants des récifs d’Azurante, nécessairement sous influence d’un (parfois même de plusieurs) oursins, la notion de chance est intégralement interprétée à l’aulne de cet état de fait; en témoignent les expression idiomatiques “quel oursin t’a piqué ?”, et “être né sous un bon (ou sous un mauvais) oursin”. De manière générale, il est extrêmement difficile de trouver “l’oursin qui porte sa face”; mais dans les rares cas où le lien s’avère vraiment néfaste, les pauvres victimes se voient contraintes de partir à la recherche de l’animal pour “briser l’épine”. Ainsi, il arrive parfois qu’on croise dans les récifs Azurantés un individu parti en quête de sa face, souvent accompagné d’amis ou de membres de sa famille. Avis aux voyageurs qui tiendrait à visiter les Azurantes : lorsque cela est possible dormez sur la terre ferme, au plus loin du rivage !

Notons pour finir, que de rares récits font état de cas de Karikat prenant la forme d’autres espèces “intelligentes”, du groin au chafoin, en passant par le felorn. Certain prétendent même que le goût de l’oursin en est changé...

Caractéristiques du karikat

VOLONTE : 4+5D4

REVE : 4+5D4

points de rêve :10+6D4

Pour créer le lien avec un individu, l’oursin tente de posséder cette personne de corps ou d’esprit. A moins qu’elle ne lui soit désignée par haute rêvanterie, l’oursin a besoin que sa cible soit endormie et à une distance inférieur d’un quart de lieue de lui pour la détecter.

Une fois le lien créé, le karikat se nourrit sporadiquement sur les rêves de sa victime, à raison d’1D4 points de rêve par nuit. Mais certains sont plus gourmands que ça. Enfin, si le besoin se fait sentir de jeter les dés, on pourra considérer qu’un oursin sur cent est bénéfique à l’individu qu’il parasite (jet de 1 sur 1D100), cependant qu’un autre oursin sur cent aura des effets néfastes (jet de 2 sur 1D100).

Oursin plats (oursins disques et oursins scolopendres)

Variété endogène aux îles de Sable, les oursins plats sont une adaptation au relief très particulier qu’offre ce lieu unique aux rêves : des plages à perte de vue, et des hauts fonds rocheux, qui, lorsqu’ils ne sont pas ensablés, ne présentent d’autres aspérité que de longues failles longilignes et étroites. On distingue deux sous-variétés d’oursins plats : les oursins scolopendre et les oursins disque.

Les oursins disques pourraient être simplement décrits comme des oursins aplatis. En effet, mis à part les proportions, la forme caractéristique de l’oursin est globalement respectée. La hauteur de la bouche à l’anus des spécimens dépasse rarement le pouce, pour un rayon pouvant atteindre une dizaine de pieds parfois; ce qui assure une meilleure assise dans le sable et le rend plus difficile à renverser pour ses prédateurs naturels. L’ancrage dans le sable est en outre assuré par des ambulacres spécialisées dont la ventouse s’est inversée pour prendre la forme d’un parapluie. Le système défensif de l’oursin disque repose en outre sur l’ingestion de sable. D’une part, la silice est utilisée pour renforcer le test et les piquants. Une batterie de petits piquants épais protègent l’animal des grands prédateurs, cependant qu’une myriade de piquants plus fins, plus fragiles, et urticants repoussent des organismes plus petits ou plus mous, tels les étoiles de mer. Le second mécanisme de défense de l’animal réside dans le puissant jet de sable qu’il est à même de diriger très précisément par le truchement de cinq ambulacres spécialisés et équi-répartis à l’équateur du test. Cet oursin est assez prisé pour ses qualités gustatives, et son test est régulièrement utilisé par les population slocales comme vaisselle, ou, pour les spécimens les plus anciens et les plus durs, dans la confection d’armure ou de boucliers.

L’oursin scolopendre, lui, présente cinq compartiments successifs de forme approximativement rectangulaire et articulés entre eux. On pense qu’il serait nés de la séparation de deux des cinq “quartiers” d’un oursin conventionnels, et aurait développés les articulations par la suite. Dans l’état actuel de nos connaissances, il s’agit de la seule variété d’oursins à s’être écartés de la symétrie axiale. Bien qu’ils présentent un comportement cohérent, chaque compartiment est autonome en matière de reproduction et de sustentation. S’aidant à la fois de ses ambulacres à grosse ventouse et de ses articulations, l’oursin scolopendre est à même de se déplacer à des vitesses hors du commun (pour un oursin, s’entend). Son corps articulé lui permet en outre de mettre à profit les longues failles dans la roche planes des lagunes et mangroves des îles de Sable.

Oursin miroir

On ne peut qu’être ébahi devant la faculté de la nature à inventer toujours de nouvelles formes de défenses. L’oursin miroir, une variété assez peu sociale, il faut le dire, a pris l’habitude de projeter autour de lui un nombre variable mais toujours croissant d’images de lui-même.

Enfin, images... impossible de savoir exactement comment il procède, mais ces “images” ont au moins autant de corps, de piquants et de saveur que lui-même. Simplement, cette copie permet à l’oursin miroir de ne pas avoir besoin de converser avec ses semblables, ces derniers étant encore moins doués d’intelligence que lui.

Propriété intéressante : ces copies de lui-même sont aussi comestibles que n’importe quel oursin. Les pêcheurs peuvent donc s’en donner à coeur joie. Hélas, la magie qui sous-tend la création des répliques disparaît avec la mort de l’oursin qui en est à l’origine. Et cette magie, savamment accumulée au fil des ans dans ces simulacres a tendance à se libérer d’une manière quelque peu violente, ne laissant du cuisinier (la victime “habituelle” de l’oursin miroir) qu’une dinde mal plumée ou un résidu de cendres - la magie libérée tendant à prendre une forme quelque peu aléatoire avant de se disperser.

On estime que l’oursin produit environ une dizaine de ses semblables chaque année. Les pêcheurs avisés peuvent donc revenir régulièrement pour ramasser ces copies, ce qui provoque généralement une aigreur passagère chez leur créateur, heureusement peu dotté côté mémoire.

Reste la grande difficulté : comment ne pêcher que les copies, et éviter l’original ? Mika Systeryes, grand spécialiste de l’oursin miroir nous donne malicieusement la réponse : “l’original ressemble un peu plus à lui même que ses copies”. Pas fou : le commerce d’oursins l’a rendu riche, et ses conseils sont donc bien volontairement sibyllins...

L’oursin sauteur

Pâlagoutt est un petit village touristique des plus charmants. On y trouve toute une industrie très efficace centrée sur la préparation des oursins sous toutes leurs formes, industrie qui amène la prospérité de la communauté. Rien de vraiment original, si ce n’est que Pâlagoutt est simplement située au centre de ce qui est sans doute le plus grand et le plus aride des déserts de toute le Rêve.

Un jour, un voyageur perdu a remarqué toute une série d’oursins échoués au creux des dunes. Certains semblaient encore presque hydratés. Alors qu’il examinait le phénomène, un hurlement de douleur lui échappa bien malgré lui quand un de ces animaux s’échoua sur son crâne déjà passablement sensibilisé par un coup de soleil.

L’homme ne fut d’abord pas pris au sérieux quand il rapporta la nouvelle aux premiers bédouins croisés, mais son témoignage (et les quelques marques sur son crâne) excitèrent la curiosité de certains qui ne manquèrent pas de corroborer ses dires, après avoir eux aussi assisté à ce qu’on nomme aujourd’hui “la pluie d’oursins”. De la curiosité à la cupidité il n’y a qu’un pas, et une petite ville, financée par un consortium de marchands visionnaires a été érigée en un temps records autour d’un oasis à quelques pas du point de chute des oursins.

Le mystère resta entier, dans l’indifférence des quelques marchands devenus plutôt riches, jusqu’à ce que Playtil Koâquèce, un haut-rêvant connu pour avoir tiré du haut-rêve une obsession pour les questions insolubles se pencha sur la question. Se projetant jusqu’aux mêmes sphères que les oursins fraîchement arrivés, il partagea avec eux un rêve des plus explicite: Là d’ou venaient les oursins, une étrange lueur violette chapeaute leurs eaux paisibles. Cette lueur est à l’origine d’une espèce de culte religieux qui amène les oursins les plus vieux à “accomplir le saut” : ils se gonflent d’air, remontent à la surface, attendent la bonne vague et se jette à la rencontre du Grand Tout, pour terminer leur vie dans un autre monde.

On raconte que Playtil prêche désormais une religion curieuse, où tout le monde finira dévoré par le Grand Dragon. Mais tant que les marchands remplissent leurs bourses et les clients leurs ventres, qui peut bien se soucier de la métaphysique de l’au-delà ?

Oursin timide

L’oursin timide est une variété que l’on peut considérer comme légendaire. Son existence est en effet relatée uniquement dans des ouvrages rarissimes et au contenu parfois douteux, tels que le “De Echinoidea Mens”, ou “Ekinoidea Res”. On l’y décrit comme un oursin de petites taille (“pas plus grand qu’un pépin de Pfloutze”, pour être précis), d’une extrême longévité (Alcyste Folourcin prétend que ces oursins “..]pourraient bien avoir l’âge des dragons qui les rêvent.”), aux épines longues et acérées mais généralement molles.

Sa timidité naturelle pousse l’oursin timide à se cacher dans les recoins obscurs ou sous les roches, pour ne sortir que très rarement de sa cachette, et dans le noir complet. Bien à l’abri dans un recoin, ses piquants longs et acérés constituent une défense efficace pour les indiscrets qui tenteraient de le mettre à découvert. Par malchance, dès qu’il prend conscience de la présence d’autrui, où dès qu’il se trouve à découvert, les piquants de l’oursin timide deviennent aussi mous que des spaghettis trop cuits. Le temps et la sélection naturelle aidant, il ne reste aujourd’hui plus que les spécimens les moins aventureux, prostrés derrière leur rocher ancestral. Timides en société, ils ne trouvent que rarement l’âme soeur et ne se reproduisent donc que très très rarement; ce qui contribue évidemment à leur inexorable disparition.

Mais les écrits de Bosson et d’Alcyste Foloursin, décrivent aussi cette variété d’oursin comme une véritable mine de connaissance. L’oursin timide serait en effet à même, une fois mis en confiance, de révéler ses trésors intérieurs et d’en faire profiter ses proches en leur permettant de renouer avec des connaissances oubliées. Techniquement, l’oursin timide a la faculté de catalyser les souvenirs d’archétype. Par palpation avec certains de ses podias ventousés il permet à un individu en qui il a pleinement confiance, de renouer avec son archétype, et ainsi de gagner quelques points de stress.

De nombreux érudits payeraient cher pour avoir une preuve de l’existence de cette variété d’oursins, voire pour mettre la main sur un spécimen vivant. On imaginera sans peine que des individus moins recommandables et certainement moins intéressés par la connaissance elle même, pourront aligner une somme autrement plus rondelette pour la même chose.

Grottorsin, Oursin des cavernes, Oursin troglodyte, Oursin musicien

Variété assez rare, et qu’on trouve étrangement uniquement dans les mers souterraines ( allez savoir pourquoi), le grottorsin a un aspect tout ce qu’il y a de plus oursinomorphe, si l’on excepte le teint blafard, albinos, qu’il partage avec toutes ces espèces que l’on trouve généralement dans ces endroits où la lumière fait défaut. Livré à lui même dans les profondeurs ennuyeuses et glacées des mers de montagnes, le grottorsin a développé un sens inné pour la musique; histoire de s’occuper. Les rares voyageurs ayant fait état de la découverte ‘une mer souterraine ont à peu près systématiquement fait état de la présence de tels oursins, qui, répartis le long du littoral, contribuent à l’atmosphère par des musiques variées. La rareté de cette espèce semble donc plus tenir à la rareté de son habitat.

Constituant de petites colonies excédant rarement la centaine d’individus, et séparées de quelques centaines de coudées les unes des autres, les grottorsins prennent bien soin de ne pas empiéter sur l’espace musical de leur voisin. Aucune limite ne semble exister au répertoire des grottorsin, qui connaissent l’intégralité du répertoire connu et -murmure t’on- à venir. On a cependant noté une légère préférence de ces animaux pour les rythmes marqués, pour ne pas dire lourdingues, des folklores populaire Souspouniens et Temporiens. Les morceaux entonnés dépendent essentiellement de la taille de la colonie, dans lequel chaque individu joue un rôle ou un son particulier.

Les grottorsins s’adaptent très bien à d’autres mers, pourvu qu’on les protègent des rayons lumineux qui leur sont, par contre, fatals. C’est ainsi qu’à Farayssyszol, la seule cité portuaire de Temporie du nord, la fanfare locale s’est pourvue d’un aquarium opaque abritant un colonie de grottorsins avec laquelle elle répète quotidiennement. On prétend encore que la mairie de Faraissyssole loue à prix d’or les services de leur oursin métronome aux cités voisines pour le calibrage des horloges, les cigondelles faisant défaut en bord de mer.

Certaines orgues oniriques, et autres boîtes à rythmes prisées des musiciens exigeants ne sont en fait rien moins que des aquariums opaques comprenant quelques oursins musiciens. Leur acquisition est pour le moins onéreuse, et leur entretiens parfois complexe. On prétend par exemple que le Pacha Droun al Palawil, habitant le désert d’Ashani et amateur forcené de musiques temporiennes n’a pas hésité à s’offrir les services d’un haut-rêvant pour créer une minicascade d’eau douce approvisionnant un gigantesque aquarium de photorsin. La salinité du dispositif est assurée par la roche du désert, naturellement salée (par les larmes du dragon Ashanishadnishar, prétend-t’on).

Oursin morveux, oursin glaireux - 'echinoidea deliciosus'

Variété commune des bords de mer, l’oursin glaireux constitue un met délicat dont le corail pourpre est apprécié des plus fins gourmets. Ceux-ci d’ailleurs, ne le désignent jamais sous son appellation commune mais lui préfèrent le nom plus précieux d’oursin délicieux. Son aspect peu ragoûtant, et les nombreuses maladies qu’il est susceptible de transmettre le font néanmoins généralement délaisser de la plèbe.

Visuellement, l’oursin morveux se distingue de ses congénères par le mucus glaireux qui sourdre des pores de son test. Ce mucus, contient généralement les germes d’une maladies contagieuse, et que l’oursin sécrète pour se protéger. En période de reproduction, l’oursin morveux protège ses gamètes en les mélangeant au mucus qu’il expulse alors violemment dans un mouvement spasmodique qu’on peut rapprocher d’un éternuement. C’est dans ce moment où il est le plus vulnérable, juste après les grandes marées de glaires, que les pêcheurs peuvent faire leur récolte.

Cette période de reproduction n’ayant lieu qu’une fois l’an, elle ne suffit bien entendu pas à étancher la soif d’oursins des palais raffinés, si bien qu’il existe dans certaines contrées des spécialistes de cette pêche à haut risque qui n’hésitent pas à mettre leur santé en jeu contre une bonne paye, ou parfois, contre une remise de peine.

Oursin huileux

Cette variété peu commune d’oursin est susceptible d’être trouvée sur à peu près tous les littoraux oniriques. Son aspect extérieur est très semblable au commun des oursins. Avec des épines courtes et une couleur noire terne, il se distingue essentiellement par cinq piquant plus longs pourvus d’un orifice apical par lequel ils polluent allègrement les récifs en diffusant une huile noirâtre qui repoussent les autres variétés animales. On la délaisse généralement en raison de sa chair huileuse et de son goût détestable aux relents de vieux pétrole. Il n’est guère que les insulaires des Archipels Cendreux pour en apprécier le fumet et la saveur.

Sur les rivages toujours sombres des côtes Laivantines que le soleil n’éclaire directement qu’une paire d’heure au plus fort de l’été, les autochtones ont trouvé un autre attrait à cet animal. En effet, là bas on s’éclaire à l’oursin. Un des cinq piquants majeurs est prélevé sur le test et inséré dans l’anus de l’animal; l’huile interne, remonte par capillarité et affleure rapidement l’extrémité de cette “mèche” improvisée à laquelle il ne reste plus qu’à bouter le feu.

La lumière ainsi produite est assez faible, mais elle dure longtemps. Un oursin peut en effet durer une semaine dans cet emploi, pourvu qu’il soit correctement hydraté. Qui plus est, la flamme est particulièrement persistante, et résiste aux vents les plus forts; ce qui n’est pas sans présenter un certain danger pour les maladroits qui verseraient sur eux même un peu de cette huile incandescente. Malheureusement, cette utilisation se solde aussi par le dégagement d’une odeur marine nauséabonde qui décourage l’emploi simultané d’un trop grand nombre d’oursin, sauf à faire brûler en même temps de grosses quantités d’encens onéreux.

Oursin nu, oursin pudique

Dans les archipels Koralliens on peut, avec un peu de chance, rencontrer cet oursin chatoyant, véritable plaisir pour les yeux. L’oursin nu, comme son nom l’indique, est dépourvu de piquants. Un état de fait qui semble le jeter dans le trouble, la honte, et le désarroi le plus profond.

Dans sa première année de vie, l’oursin nu exhibe sans pudeur sa coquille translucide, au travers de laquelle on distingue ses organes internes aux couleurs marquées et pulsatiles; cet oursin ayant en effet une capacité mimétique similaire à celle des seiches qui lui permettent de faire varier la couleur de ses viscères dans des gammes variées de couleurs électrique. Passé ce moment d’insouciance, c’est à dire le jour même où il atteint sa première année de vie, l’oursin nu se met frénétiquement en chasse d’un de ces nombreux poissons pourvus d’épines qui hantent les récifs. L’oursin nu hypnotise sa proie à l’aide d’une séquence pulsatile lumineuse qu’il concocte spécialement pour elle, après un nombre d’essais incroyablement restreints. Le poisson entre alors dans une forme de torpeur et choit au fond de l’océan où l’oursin l’achève rapidement en pratiquant des incision au niveau de ses principales voies sanguines, puis procède à son éviscérassions et à son dépècement. Laissant la carcasse sur place, pour le plus grand bonheur des crabes et autres charognards du fond des mers (l’oursin nu est en effet complètement herbivore), il se drape dans la peau et les piquants de sa victime qui constitueront son habit jusqu’à la fin de son existence, ou jusqu’à ce que son vêtement soit dans un trop mauvais état et qu’il lui faille le remplacer.

On s’explique mal le comportement pudique déplacé de cet oursin. Ses propriétés hypnotiques le mettent en effet bien plus sûrement hors d’atteinte des prédateurs que ces quelques épines empruntées, car c’est en effet dès lors qu’il est habillé qu’il devient le plus vulnérable.

Oursin brise glaces, oursin blanc, étoile des neiges

Variété endémique de la région des vals-aux-saisons, l’oursin blanc est considéré comme une variété rare. Nées à la belle saison dans les hautes chaînes montagneuses du grand Chas, les larves de cet oursin, portées par les cascades et les torrents aboutissent dans l’océan au terme d’un voyage tumultueux de quelques semaines. Là, ils vivent leur vie d’oursin pendant une dizaine d’années, après quoi, le souvenir ému de leurs état larvaire semble les tarauder, puisqu’ils n’ont de cesse que de vouloir revenir à leurs origines. Bravant de forts courants ainsi que la toxicité de l’eau douce, les oursins blancs remontent les fleuves qui les ont portés dans leur premières semaines. Par un fait exceptionnel, et miracle de la nature, chacun semble retrouver parmi les douze vallées irradiant symétriquement du grand Chas, celle qui leur correspond. Parvenus à la moitié du parcours, les oursins doivent alors se battre dans de menus cours d’eau, contre la glace en formation qu’ils empêchent de se former autour de leur coquille par le battement frénétique de leurs petites épines. Lors des grand frimas, il arrive même, que battant la mesure tous ensemble ils génèrent des ondes dont la puissance désintègre en un instant la glace formée à la surface d’une rivière ou d’un lac. Après quatre mois d’efforts ils parviennent enfin au lac du Chas qui a présidé à leur naissance. Là ils relâchent leurs gamètes, et engendrent ainsi la génération suivante. Epuisés par l’effort, la majorité d’entre eux décède dans les semaines qui suivent, cependant que de rares individus, suffisamment résistants et surtout dépités par le peu d’intérêt du lieu, repartiront vers la mer en surfant sur les cascades glacées... Non sans avoir fait quelques ravages dans les Edelweiss et autres herbies d’alpages desquelles ils se nourrissent au passage. Mais la faune n’est pas non plus à l’abri de leur mauvais caractère. Endurcis à la mesure de leur aigreur par les épreuves du voyage, ces supers-oursins font montre d’un caractère épouvantable et d’une pugnacité incroyable. Il n’est pas rare de les voir passer leur hargne en chassant un yéti innocent ou en provoquant des avalanches au dessus d’un paisible hameau.

En mer, cet oursin se différencie mal des espèces communes, mais dès lors qu’il entreprend son retour aux origines, les différences ne tardent pas à s’accentuer. Ses organes internes subissent des transformations notables pour permettre une accommodation à l’eau douce. Ses ambulacres s’allongent et se musclent, permettant un déplacement plus rapide, et ses épines acquièrent plus de mobilité et de rapidité. De verdâtre au fond des océans, sa couleur vire lentement au bleu clair, puis au blanc au fur et à mesure de sa progression dans les montagnes.

Connaissant le tempérament atrabilaire des oursins survivants, qu’ils nomment respectueusement “étoiles blanches”, les habitants des collines savent reconnaître les traces du danger dans la neige, et évitent soigneusement de croiser leurs chemin lors du retour à la mer. Quant aux troupeaux d’oursins migrant vers les hauteurs, ils les laissent passer, évitant toute activité dans les rivières à cette période de l’année. Les habitants de vallée-roseau sont même connus pour favoriser la remontée des oursins à l’aide de passerelle, espérant ainsi s’attirer les bonnes grâces des prochaines étoiles blanches. Il va sans dire que dans ces régions on a tôt fait de prendre en grippe les voyageurs ignorants qui attenteraient à l’intégrité physique de ces animaux. La tentation de braver les interdit est cependant forte, car les rares récits concernant le goût de ces animaux font état d’une saveur incomparable; si bien que le prix d’une poignée de ces oursins se compte en sol... Quand aux étoiles blanches, nul n’a jamais survécu qui peut en témoigner...

Oursin navigateur

L’oursin navigateur alie un tempérament voyageur à un sens aigu de la famille. Vivant en banc de quelques centaines d’individus, cet oursin est systématiquement associé au blatyscalphe, un poisson de grande taille que l’on trouve assez régulièrement dans les mers azurées de Cétoponankeuloçarayt. Merveilleux exemple de symbiose, le poisson apporte la mobilité et partage les reliefs de ses repas avec ses passagers, cependant que ces derniers constituent une carapace protectrice contre d’éventuels prédateurs. En temps normal, les oursins colonisent le corps de l’animal de manière relativement uniforme, mais en cas de besoin spécifique ils peuvent se regrouper, par exemple pour offrir une ligne de défense compacte face à une menace ou pour cisailler les mailles d’un filet dans lequel leur habitat-monture se serait pris. De fait, le blatyscalphe est réputé être un poisson particulièrement difficile à pêcher, et l’on ne relate que de rarissimes cas de prises d’un specimen colonisé par des oursins.

Littératures

De Echinoidea Mens

Il ne reste que peu d'exemplaires complets de cet ouvrage du second âge, édité à l'époque à compte d'auteur par le grand zoologue Alscyste de Tarste (dit Foloursin). L'ouvrage (en cinq volumes) couvre l'essentiel des connaissances de l'époque sur l'ensemble de la gent echinodée, soit bien plus d'information qu'on en possède à l'époque actuelle.

Le premier ouvrage (INT/lecture -4 et 30 points de tâche pour un +2 en zoologie en tout ce qui concerne les oursins) donne une description générale (mais fouillée) de l'anatomie et du "fonctionnement" de l'animal. Les cas particuliers n'y sont que succinctement mentionnés, mais l'auteur renvoit aux ouvrages ultérieurs dans lesquels ils seront traités.

Le second ouvrage (INT/lecture -4 et 20 points de tâche pour 20 points d'expérience en légende) est dévolu aux rapports entre la société humaine et celle des oursins.

Les ouvrages 3 et 4 (INT/lecture -4 et 30 points de tâche chacuns pour un +5 chacun en zoologie en tout ce qui concerne les oursins) décrit l'ensemble des variétés d'oursins connues de l'auteur, leurs spécificités, leur localisation, leurs moeurs...

Le cinquième et dernier ouvrage (INT/lecture -6 et 20 points de tâche pour 10 points d'expérience en dessin à cause des jolies illustrations et 10 en légendes) est entièrement dévolue à la variété de l'oursin dessinateur, à l'étude de leurs abbaques et à une disgression sur les origines du rêve.

De Draconi Coccinare

C'est long, c'est chiant, c'est mal écrit, y'a même pas une seule illustration, et les recettes sont pour le moins approximatives... Consolez vous, vous ferez partie de ces quelques snobs qui pourront se targuer en société de l'avoir lu, ce foutu bouquin "oui, alors vraiment, passionnant cet ouvrage... Et quel génie ce Palpicius". Le "De Draconi Coccinare" est ni plus ni moins le premier ouvrage connu traitant de cuisine, rédigé en effet aux toutes premières heures du premier âge par Palpicius dit "Grandgoûtu". De noble extraction, Palpicius serait décédé d'une crise de goutte carabinée avant d'avoir réussi à dilapider l'intégralité de sa fortune dans sa dévorante passion. La nature de son trépas fait toutefois l'objet d'une controverse, une des hypothèse stipulant que son décès aurait été provoqué par des membres de sa famille, anxieux de voir l'héritage englouti à grandes bouchées. La table de Palpicius était particulièrement réputée, et tous les grands de son époque l'ont fréquenté. Bien que le grand goûtu fut féru de cuisine, une bonne partie des plats qu'il propose dans son ouvrage sont le fait des dizaines de cuisiniers qu'il fréquentait ou employait dans ses demeures.

Intellect/lecture (-8) tâche 20. Gain d'expérience : 5 en cuisine (pas une recette de valable, et la moitié des ingrédients ne sont plus disponibles), 20 en lecture (le commun a beaucoup changé depuis ce temps là). Gain d'un bonus de deux points en légendes uniquement concernant des aspects relatif au premier âge (l'ouvrage relate en effet un certain nombre d'anecdotes et péripéties mettant en œuvre des personnages plus ou moins célèbres ayant fréquent la table de Palpicius).

L’avis de rincée

Intellect/lecture (-3) tâche 20. Gain d'expérience : 5 en légendes, 20 en séduction (Il paraît que la gent féminine est attirée par le genre malingres qui gésit le soir au fond des bois). Une oeuvre poétique considérée comme la pierre angulaire du mouvement littéraire oniromantique. On doit ce chef d'oeuvre au Chambellan Aloyse de Castelscintille, qui après un fiasco diplomatique s'est vu contraint de se retirer de la vie publique. L'oeuvre aurait été rédigée dans son mas côtier, et on prétend qu'elle doit plus à l'influence des oursins gris qui hantaient les écueils voisins qu'à la disposition d'esprit du diplomate déchu.

l’Idiotas (Bosson)

Intellect/lecture (-5) tâche 60. Gains d’expérience : 20 en légendes, 20 en comédie, 10 en lecture. Ouvrage lourd dans les deux acceptions du terme, l’Idiotas est un prétendu récit de voyage et un vrai prétexte pour l’auteur à une réflexion sur l’organisation d’une cité idéale. La réflexion se veut didactique par les nombreux (contre) exemples pris au hasard des cités visitées, le tout se tenant sur plus de 800 pages de périphrases. Le livre est essentiellement connu pour être la pierre angulaire de la légende des Urchalantes.

Ekinoidia Res (Bosson)

Intellect/lecture (-5) tâche 5. Gains d’expérience : 10 en légende, 10 en zoologie, 5 médecine, 5 alchimie Peu de gens le savent, mais le philosophe Bosson était positivement passionné par les oursins, qu’il considérait comme << la quintessence du rêve, un résumé de toutes les possibilités les plus belles dans un espace réduit et limité, la preuve de l’infinie pensée des dragons >>. L’auteur pléthorique de l’Idiotas a donc rédigé un cahier d’étude qui de nos jours encore fait référence parmi les echinodéologues de tous piquants. Une étude systématique y est conduite de manière étonnamment précise, rigoureuse et concise. Le lecteur y découvrira en outre quelques vieilles espèces de nos jours disparues.

Guérir dehors, guérir dedans : soigner avec les oursins (Anselme K. dit, “le Pikanthrope”)

Intelect/lecture (-5) tâche 10. Gains d’expérience : 15 en chirurgie, 15 en médecine, 20 en thanatos. L’ouvrage contient de nombreuses recettes de baumes et potions à base d’oursins. Des méthodes de soin sont aussi proposées basées sur une forme d'acupuncture à base de piquants d’oursins. L’emploi des oursins mimétiques est proposé pour créer un lien avec le patient afin de mieux le soigner, et le rituel thanataires “influencer un oursin” est particulièrement bien expliqué.

Alchimie

Essence lumineuse

L'essence lumineuse est une substance alchimique particulièrement utile, puisqu'elle permet de constituer des objets luminescents. De par son utilité, un grand nombre d'alchimistes connaissent son existence (INT alchimie -2), même si en définitive, très peu d'entre eux en connaissent la recette.

La recette proposée par Brabatrucques-le-sale n'est pas la plus élégante, elle ne produit pas non plus la meilleure lumière, mais c'est paraît-il de toutes celles existantes la plus facile à réaliser... Et qui plus est, les autres recettes ne nous sont pas parvenues.

Pour une pinte d'essence lumineuse :

Se munir d'un récipient pour vomir, de noisettes d'Eunoix[1], d'un Felorn[2] docile, de quatre tubes digestifs d'oursins lanterne, d'une pinte d'eau alchimiquement pure et d'autant de bière de blé mol, quatre bêtes raves[3] du mucus de lucyolle[4]

Porter à ébullition dans trois mesures d'Eau alchimiquement pure les quatre noix de noisettes d'Eunoix préalablement réduite en poudre jusqu'à la granulosité de mouton-hibou-hibou, adjoindre les bêtes raves et laisser cocotter en circuit fermé à vert-bleu-vert-rouge pendant quatre heures (vérifier chaque heure, la perte d'une couleur serait dommageable, pas tant au matériel qu'au résultat). Plonger les entrailles d'oursin dans le liquide, refermer la cocotte et monter très vivement à vert-rouge-bleu-vert-blanc puis laisser redescendre à jaune-vert hors du feu. Décocotter. L'odeur devrait vous soulever le coeur(*), utilisez le récipient prévu à cet effet, filtrez les gros morceaux et ajoutez le reste à la préparation(**).

relancez le feu à vert-vert, puis touillez jusqu'à mouton-chèvre-mouton-cheval à l'aide de la queue d'un Felorn vif (comprendre vivant) trempée dans le mucus.

Laissez décanter le touillat pour conserver uniquement le surnageant.

(*) si l'odeur n'est pas de nature à vous soulevez l'estomac, il est à parier que votre substrat est de mauvaise qualité.

(**) si vous réchignez à utiliser vos propres suc, ceux de quelqu'un d'autre feront tout aussi bien l'affaire.

[1] noisettes d'Eunoix (INT botanique -2) variété de noisemures qui ne mûrissent jamais et qu'on trouve en grand nombre aux alentours de la ville d'Eunoix.

[2] Felorn : sorte de chat ailé doué de parole mais pas forcément d'intelligence, cf livre de règles

[3] bêtes raves (INT botanique -2) une variété de légumes sans trop de goût (lorsqu'on a de la chance). Bien qu'elle soit très commune et très nourrissante, on la consomme assez peu, en partie en raison de l'amoindrissement des facultés mentales qui suit son ingestion et peut perdurer pendant quelques jours.

[4] lucyolle : (INT zoologie -4) une sorte de ver luisant de deux mètres de long qu'on trouve exclusivement dans l'aryle des Sekouliya[5]

[5] Sekouliya : (INT botanique -5) Arbre mou des marécages de la vallée des éponges, gorgé d'eau il peut facilement atteindre une centaine de mètres. En saison sèche la canopée se ratatine alors que la forêt débande (et non, ce n'est pas une contrepèterie). L'aryle mou de cet arbre abrite toute sorte d'insectes dégoutants, visqueux, et généralement atteints de gigantisme.

L'essence lumineuse se présente sous la forme d'un liquide légèrement visqueux qui sèche à l'air. On peut l'exploiter mélangé à du vernis, auquel cas l'objet émet en permanence une faible lumière, ou emprisonné à l'état liquide dans un récipient de verre, auquel cas la luminescence est plus forte. En particulier, lorsqu'on secoue le récipient l'intensité lumineuse augmente un certain temps.

Calidapulverula (Frigidapulverula)

Ces deux recettes maintenant méconnues nous viendraient d'Alayne de Tarste (aussi connue comme La Belle Enfumeuse), petite fille du grand Echinodéologue Alscyste de Tarste. Le produit de ces recettes est une pâte résineuse qu'on peut modeler et sécher au four. Au contact d'une eau salée, la calidapulverula émet de la chaleur, à l'inverse de la frigidapulverula, qui abaisse la température. Les écarts de température sont fonction du degré de salinité de l'eau ainsi que de la réussite de la recette. La longévité de ces produits est, elle aussi, fonction de la réussite de la recette, un alchimiste moyen ne saurait produire une pâte dont les vertus se conserveraient au delà du mois, voir dans le meilleur des cas, au delà de l'année... Mais Alayne était tout sauf une alchimiste médiocre, et, ayant eu le temps de peaufiner sa recette, elle a produit un certain nombre d'objets dont les vertus ont perdurées jusqu'à nos jours. C'est par exemple le cas des "chambres chaudes" et "chambres froides" élaborées à la fin de sa vie pour les cuisines du célèbre Sauce-Moustache Millessaussage le Grangoûtu, et qui, dit-on, fonctionnent encore.

La recette des deux pâtes est identique à un ingrédient près, peu complexe à réaliser, mais son savoir s'est perdu, probablement en raison de la rareté des produits qui entrent dans sa composition.

pâte de poudre d'oursin tempéré

Pour une pinte de pâte, prévoir un pépin de poudre d'oursin (frigilite pour une frigidapulverula, ignantite pour une calidapulverula), deux pintes d'eau alchimiquement pure, une once de résine de canne à bis, une pinte de résine molle[1], et un filtrat de morneglauque[2]

Méler les deux résines à bleu-vert jusqu'à obtention d'un fluide hibou, monter progressivement le feu à rouge-vert, puis très rapidement à rouge-rouge, et plus vivement encore à rouge-rouge-rouge. Tout au long de cette montée, adjoindre l'eau alchimiquement pure pour garder une consistence mouton-caillou.

Laisser redescendre à bleu et saupoudrer d'oursin. Homogénéiser à hibou et remonter lentement à rouge, puis fouetter pour introduire de l'air dans la préparation, jusqu'à entrer en phase caillou (il vous faudra de bons bras dans la phase caillou).

Laisser sécher quelques jours pour laisser la pâte dépoisser. Vous aurez ensuite une bonne lunaison pour modeler la pâte à la forme désirée, et la stabiliser par des fumigations d'ortigales suivies d'une plongée rapide dans l'eau alchimique portée à ébullition.

[1] résine molle : (INT botanique -6, INT alchimie -2) résidu de la distillation de la sève de certains résineux. Sans préparation appropriée, cette résine ne sèche jamais complètement.

[2] morneglauque : (INT botanique -4 ou INT alchimie -4) une lointaine cousine de l'ortigalle glauque qui n'en a pas les propriétés médicinale. Elle exhude un liquide poisseux qui, séché au soleil forme une sorte de gomme que les peuples des marais machent pour se laver les dents.

Urchalcyste

Substance, posologie, symptômes

Le poison est contenu dans les piquants de l'oursin. Il peut être prélevé en tisonnant les piquants creux "porte-poison" ou par simple broyage des dits piquants. Les pigments sont d'ailleurs obtenus par broyage des pigments et du test. La substance onirique pulvérulente est activée par simple adjonction d'eau, elle n'est dangereuse que par passage dans le sang par exemple au travers d'une plaie ou par inhalation. Ce dernier type d'empoisonnement est observé chez les peintres pratiquant trop souvent ou trop longtemps dans une atmosphère humide; plus rarement, des œuvres surchargées de pigment peuvent être amenées à exhaler le poison par temps humide.

L'Urchalcyste agit comme une "attaque magique" : le personnage doit réussir un jet de rêve modulé par un malus égal au nombre de doses D qu'il a ingéré. Quel que soit le résultat du jet de dé, le personnage subit une période de fièvres spasmodiques pendant lesquelles il délire, rêve de fonds marins, et bave une écume verte semblable à des algues. Sur une réussite à son jet de de rêve, la maladie dure au plus une journée et le personnage ne garde aucune sequelle (Il gagne provisoirement D points de rêve qui décroitront suivant le rythme habituel.). Sur une particulière, il gagne en outre un point permanent à son seuil de rêve. Sur un échec, par contre, D points sont provisoirement décomptés du seuil de rêve, la période de fièvres est plus longue (La virulence D du poison décroit d'une dose sur chaque jet de CONST de dificulté D réussi ), le personnage écope en outre d'autant de "rechutes" qu'il a passé de jours de fièvre. Sur un échec total au jet de rêve, le personnage risque sa vie ( un échec au jet de CONST ajoute une dose de virulence, un échec total entrêine la mort par étouffement dans le mucus. ), en outre le personnage écope d'une "rechute" chroniques.

Les rechutes ont systématiqyement lieu par temps très humide (pluie, mousson, promenade en bateau), elles commencent par des fièvres délirantes, rappel de celles subies à l'innoculation. Sur un jet de rêve de difficulté D, le personnage peut résister aux effets. Sur un échec à ce jet de rêve il subit une queue de dragon.

Un test d'oursin séché et broyé contient deux doses de virulence, contre dix lorsque l'oursin est encore vivant.

Pour le peintre (INT peinture -4 ou légende -6)

L'urchalcyste est avant tout LE pigment originel. Provenant du teste d'un oursin rarissime, toutes les couleurs peuvent être trouvées pour peu qu'on y mette le prix. L'éclat de ces pigments est sans pareil, de même que sa longévité. La rares œuvres peintes qu'il nous reste du premier âge auraient survécu grâce à des traitements oniriques (plus vrai encore pour les oeuvres du second âge), ou à l'emploi de ce pigment naturel mais providentiel. Le rendu des couleurs est encore meilleur que les techniques mycologiques complexes de léonard d'O... Seul inconvénient : la rareté et la toxicité du matériel. Il convient en effet d'utiliser ce pigment le plus possible par temps sec, d'éviter toute mixture aqueuse, et toute ingestion, sous risque de fièvres malignes.

réussite significative : On prétend que ce pigment finit par rendre fou le peintre qui l'emploie trop souvent. C'est ainsi, dit-on, que le célèbre peintre romantique de la cité blanche de Zoophale, Pasqualito Delariviera, perdit progressivement tout contact avec la réalité en parachevant son grand œuvre au plafond de la grande salle du conseil. Sur la fin de sa vie l'artiste ne peignit plus que des motifs incertains, confondait nuit et jour, rêve et réalité. On le vit plus qu'à son tour courir nu dans les rues de zoophale, chevauchant une truie et invectivant les passants, les maculant parfois de peinture, de boue, ou des excréments de sa monture. Mais après tout, le génie ne va t'il pas simplement de pair avec la folie ?

réussite particulière : Depuis cet épisode, la grande salle du conseil de Zoophale a été surnommée "salle aux tentacules" en raison des libertés monstrueuses qui y ont été prises par l'artiste. La nouvelle décoration n'étant pas du goût de tous, et quelques cas de maladie étrange s'étant déclaré, le bâtiment a été mis aux enchères et a été racheté par une ancienne famille de la ville, richissime et décadente. On prétend que par temps orageux, de grandes soirées sont données dans la salle aux tentacules, et qu'y sont conviés uniquement des haut-rêvants et leurs sympathisant...

Pour le médecin (INT médecine -6 ou légende -8)

L'urchalcyste est une maladie de l'esprit, qualifiée par les spécialistes d'asynchronie oniro-oniriques. Il semblerait que cette maladie soit plus fréquente en bord de mer.

réussite significative : La maladie serait due à l'ingestion d'une certaine dose de poison contenue dans les piquants d'un oursin rarissime appelé Troublerêve.

réussite particulière : Les symptômes de la maladie sont proches des pathologies développées chez la majorité des haut-rêvants. Il est ainsi très délicat de discerner la victime innocente du scélérat pratiquant l'art vil ayant présidé à l'éveil des dragons.

Pour le haut rêvant (INT thanatos -4 ou légende -8)

L'urchalcyste est une substance permettant de se rapprocher de l'essence des rêves. Il a été employé très tôt par les hauts rêvants (essentiellement thanataires) pour accroitre leur potentiel de rêve ou prendre une emprise sur le corps ou l'esprit d'une victime en la projetant dans les terres médianes où elle est affaiblie.

Pour le haut rêvant seulement, et sur réussite significative : La prise de cette substance est dangereuse, si elle n'est pas contrôlée, elle peut mener à des queues de dragon chroniques.

Pour l'alchimiste (INT Alchimie -5)

L'urchalcyste est un poison incurable qu'on peut extraire des sécrétions d'un oursin, et préparer par une simple déssication de la coquille à vert-bleu-vert, suivi d'un filtrat à mouton-mouton sur colonne laineuse. Comptez un oursin pour un pépin de poison (équivalent de 10 doses). Le liquide est incolore et inodore, mais possède un fort goût iodé.

Sortilèges

Influencer un oursin (Fleuve, R-2 r2+)

Ce sortilège vise à influencer l’oursin mimétique pour lui déléguer les tâches compliquées.

Le nombre de points de rêve dépensés en sus des 2 de base constituent le malus au jet de VOLONTE que doit réaliser l’oursin pour résister à l’influence du haut-révant. Sur une réussite particulière, l’oursin se rendra compte de la tentative d’ingérence et prendra l’assaillant en grippe. Se retournant contre lui, il cherchera à le posséder de corps et d’esprit, et profitera de cette possession pour insuffler des maux généralement sans grande gravité, mais de nature à se débarrasser rapidement de l’intrus : perte (momentanée ?) de la capacité de nager, phobie de l’eau, phobie des oursins... Mais certains oursins sont plus vindicatifs.

Ce sort doit être réussi une première fois afin d’influencer le goût de l’oursin mimétique pour un individu ciblé. L’oursin sous influence cherchera alors à “créer un lien” avec sa cible, en clair, il cherchera à le posséder de corps et d’esprit. Pour ce faire, et contrairement à ce qu’on peut observer dans les pratiques vaudou, l’oursin mimétique n’a nul besoin d’un élément appartenant à la victime, il est capable de retrouver sa trace à travers le tissus du rêve en se servant uniquement de la mémoire et des rêves du haut-rêvant qui l’influence. Au cours de cette première tâche, le test de l’oursin subira des modifications pour prendre l’apparence de l’individu visé. Une fois la possession de corps et d’esprit finalisée, la ressemblance avec la tête de la victime est parfaite (aux épines près).

Le même rituel doit être répété à chaque fois que le haut-rêvant souhaite déléguer une tâche à l’oursin (comprendre lancer un sort nécessitant la possession sur la victime). Il faut en effet persuader l’oursin de réaliser la tâche en question.

Légende

La légendaire citée d’Urchal

On la dit bâtie dans le test d’un gigantesque oursin translucide, peuplée de monstres amphibies, humanoïdes abâtardis d’oursins, et l’on évoque avec envie ses rues pavées de marbre blanc et ses toitures d’Ourichalque. Les mythes et les légendes semblent s’être cristallisés autour de cette cité à tel point qu’il n’est plus aisé ni d’en remonter aux sources, ni d’en démêler le vrai du faux. L’auteur le plus ancien, et fondateur du mythe semble être le philosophe antique Bosson, qui dans son « Idiotas » dédie quelques pages à l’ancienne race des Urchalantes. L’auteur affirme avoir lui même observé les ruines de la cité au cours d’un voyage dans « les îles perimarenostre »… De nos jours encore, les érudits se perdent en conjecture sur la nature exacte de cet océan et de ses secrets, cependant que les fictionnistes et les charlatans mystiques de tous poils continuent de bâtir une cathédrale de mythes et de contes où les vérités se croisent aux fantasmes. Ascytaipeurdewssoulow peuplées de femmes à la beauté nimbée, Maa peuplée de fierabras amphibies, Natusokor la citée des morts noyés, ou encore Songifalia le sanctuaire des rêves perdus… Autant de noms pour une seule ville, autant de légendes pour une seule vérité probable. Mais revenons à ces quelques lignes de l’ ’Idiotas’ qui semblent avoir ébranlé la raison de tant de générations.

"[..] il m’a été donné de contempler les vestiges cyclopéens de l’antique civilisation du premier âge, au savoir immense et dangereux. [..] devenus si puissants dans la manipulation des rêves et de la réalité, les Urchalantes s’étaient cachés du regard des dragons, et édifiant sous l’eau des bâtisses grandes et transparentes s’adonnaient à toutes joies et tous plaisirs jusqu’à ce que l’ennuie survînt. Lors, ils édifièrent l’arène, dont le pourtours compte plus de mille franches coudées, s’y attirent et s’y firent battre toute sorte d’êtres, d’animaux, et de monstres, inventés des dragons ou d’eux mêmes, comme les affreuses Calamarettes et les ourchalaques, mi homme, mi oursins. [..]et le dôme de l’arêne d’un ourichalque scintillant, plus pur encore, et plus lourde que celle dont les toits de la ville et des palais."

Quant à la disparition de la cité et de ses habitants, Bosson évoque une fin tragique que les hauteurs de notre troisième âge interprètent unanimement comme la génération d’une monumentale déchirure du rêve, survenant à la suite des excès des habitants ; d’aucun n’hésitant pas d’ailleurs à affirmer que ce serait là la déchirure originelle, la première, et qu’ainsi les Urchalantes seraient les fossoyeurs du sommeil des dragons. Qu’ils aient disparus : bien fait pour eux. Les penseurs ne sont pas unanimes quant à la disparitions totale de la cité. Certains praticiens du rêve (écrivant bien sûr sous couvert d’anonymat) laissent entendre que la cité aurait tout simplement pu se translater dans le temps, dans l’espace ou bien ailleurs. Certains évoquent même les limbes, d’autres la situent dans les méandres aqueux de ce qu’ils nomment « terres médianes ». Mais ces gens là sont ils digne de confiance ? Il en est aussi pour prétendre que les Urchalantes n’auraient jamais éveillé les dragons s’ils n’avaient su comment échapper à leurs courroux. S’étant affranchis du sommeil de ceux qui les rêvaient, les Urchalantes vivraient maintenant leurs propres rêves. Ce pourquoi on les nomme parfois « rêveurs parmi les rêvés ». De tout temps la cité d’Urchal a exercé un attrait malsain sur les âmes romantiques et voyageuses, en notre temps d’aventures plus que jamais, peut être. Certes, la cité offre la promesse de connaissances mystérieuses et de richesses innombrables. Mais l’homme sage sait que les savoirs dangereux mériteraient de rester à jamais scellés. Puissent les dragons faire que les dangers que la cité recèlent la garde à jamais des importuns.

La femme des oursins, Celui qui vient avec la marée, la jeune fille aux piquants

Il est étonnant de voir comme une même légende peut lécher les rivages imaginaires de pays tellement divers, comme une même mer le fait de côtes si éloignés les uns des autres. Ici c’est une jeune fille nue couchée sur un lit d’oursin et dont l’intimité se couvre chastement d’une feuille de varech, là c’est une vieille femme morte qu’on devine sous une couche d’oursins se repaissant de son cadavre putréfié, la encore, c’est un vieillard qui vient avec la marée et s’en repartira avec elle, entouré de son troupeau d’oursin. Invariablement, c’est un oracle infaillible capable de répondre à n’importe quelle question qu’on lui posera, et le service n’est jamais gratuit. En échange de sa réponse, l’oracle exige systématiquement un paiement dont le prix sera fixé rétrospectivement, lorsqu’il en aura besoin. Et comble du malheur, sitôt qu’on lui adresse la parole, l’on est tenu de payer le prix, qu’on désire ou nom poser sa question…

Les légendes regorgent d’histoires mettant en scène de paisibles pécheurs, des princes altruistes et niais ou encore des rois méchants et avares ayant croisé la route de l’oracle. Les conclusions varient du tout au tout. Parfois le prix est ridiculement faible, comme le don d'une poignée de sable, dans d’autres contes on narre le drame d’un individu qui passe le restant de sa vie à éviter la mer pour n’avoir pas à payer sa dîme et sa fin tragique noyé dans une flaque d’eau de pluie… salée.

L’ourichalque

Quel alchimiste n’a jamais rêvé de tenir dans ses mains une noix du métal légendaire ? On lui prête des vertus extraordinaires sur la santé, sur le sommeil, et parfois même sur l’emprise du rêve. Bosson l’a rendu célèbre dans son ‘Idiotas’, mais on trouve des allusion plus ancienne. La première référence au précieux métal est généralement attribuée à Hosiade << [..]ayant ainsi parlé il mit dessus son crâne glabre la couronne d’ourichalque, présent du dragon Oursinosinopisinos, et commença de rêver[..]>> Dans un autre texte du même auteur on apprend que l’ourichalque serait constitué << de la matière dont sont faits les songes >>, et qu’elle naîtrait << du rêve des oursins >>. Si son existence est communément admise, sa nature exacte est inconnue et prête aux spéculations les plus échevelées. Certains prétendent qu’il s’agit d’un élément à part entière, ses accointances avec le septimel et l’octimel ont été avancées, on a même prétendu qu’il s’agissait d’une concentration ou d’une cristallisation des limbes (quoi que cela puisse signifier…). Les plus grands alchimistes de notre âge ont unanimement admis qu’il se synthétisait dans un mélange comprenant toutes les couleurs et toutes les consistances, les ingrédients restant encore un mystère. Les orfèvres, plus prosaïques pensent généralement qu’il s’agit d’un alliage de métaux précieux ou d’une sorte de perle tous deux sécrétés par certaines variétés rares d’oursins. Une chose reste certaine, tout individu qui lèvera le voile sur un pan de ces connaissances s’attirera tout à la fois, richesse, postérité et jalousies.

La grand-mère des oursins

La légende de la grand-mère oursin est sans doute une des plus vieilles histoires existantes. Quel malheur que personne ne soit capable de s'en souvenir et que le nom seul soit resté pour la postérité. On raconte que certains rêveurs ont été victimes d'un rêve d'archétype qui les rend progressivement fous à lier : ils ont rêvé qu'on leur racontait la légende et essaient depuis de retrouver ce moment. Ce qui soulève une fois de plus la grande question : les rêves d'archétypes sont-ils de vrais souvenirs ou des souvenirs que les Dragons rêvent d'avoir eu ?

société

Le jeu de l'oursin

S'il existait un guide de voyage vraiment complet, on conseillerait vraissemblablement aux voyageurs d'éviter (ou de se méfier) du village côtier de Lène. Les enfants y pratiquent un jeu à base d'oursins vivants d'un genre particulier : une espèce qui réagit à tout choc en enfonçant des crochets très durs dans l'objet contre lequel elle est projetée. Les enfants ont pris pour habitude de lancer ces oursins comme un jeu vers tout voyageur, avec un barème de points et un tournoi permanent : 10 points pour le milieu du dos, 5 points dans un bras ou une jambe et 20 points pour le fond de la culotte. Il existe même une maison communautaire dédiée aux enfants où sont comptabilisés les points et où les meilleurs tireurs sont honorés d'une plaque en haut du classement. Les tireurs exceptionnels ont même leur nom gravé sur les poutres de cette maison, bien après que leur enfance soit terminée...

Du coup, les vêtements touchés par ces oursins (les armures sont généralement non affectées) sont détériorés, voire lacérés. Les réparations sont difficiles. Heureusement, le village est également connu pour son industrie textile à base de fil d'oursin et même si les prix sont élevés, les villageois sont généralement disposé à proposer une forte remise (ce qui ramène le vêtement à peu près au niveau des prix normaux) pour s'excuser des mésactions de leurs enfants ("mais vous comprenez, il faut bien que jeunesse se passe, on peut pas leur en vouloir")...

Il faut noter que les villageois sont très solidaires en ce qui concerne les enfants : hors de question de dénoncer les coupables ou d'indiquer quels sont les parents "responsables"... C'est la jeunesse, voilà tout ! Le fait que la plupart des tisserands sont d'anciens tireurs d'oursins n'est sans doute pas étranger à cette situation, et de là à penser que tout cela est organisé et prémédité, il y a un pas que même un guide de voyage ne se permettrait pas de franchir... quoique.