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Auteur(s) :

Pascal RIVIERE


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Eastenwest > 16 - Les Justiciers


VENGANCE

Auteur : Fabrice COLIN
Type : heroic-fantasy
Edition : J'ai lu


Si comme moi et comme de nombreux joueurs de rôle vous êtes tombés dans Robert Howard, Michaël Moorcock ou Jack Vance quand vous étiez petit, élevant l'heroic-fantasy au rang de genre littéraire prédominant, apprenez qu'il ne vous sera plus permis de vomir devant l'étalage des romans Donjon & Dragon en rallant " plus rien à lire "… Ragez, vous ne pourrez plus gémir en toute légitimité. Non pas que les romans D&D aient été enfin brûlés - l'autodafé étant l'unique sort mérité par ces petits tas de m… littéraires qui envahissent les rayons de la FNAC, évacuant de leur poids nos maîtres anciens. Jack Vance est par exemple réduit à la FNAC de Strasbourg aux quatre volumes du Cycle de Tschaï ; le reste - Cugel compris - est introuvable.
Il faut bien reconnaître ici que le vendeur est moins à fustiger que le consommateur, et quand on voit le niveau culturel du joueur de base…
Non, le motif de l'interruption de vos plaintes devra identifier pour son origine l'entrée heureuse, sur la lice abandonnée depuis trop longtemps du Sword and sorcery, de Fabrice Colin et de son remarquable roman intitulé Vengeance, J'ai lu, Fantasy, 2001.
Notons que J'ai lu démocratise depuis quelques années le renouvellement du genre en publiant en édition de poche de nombreux jeunes auteurs talentueux tel Robin Hoob, Mathieu Gaborit ou David Gemmell.
Toutefois, le roman de Fabrice Colin est remarquable en particulier car il déterre bel et bien la Sword and sorcery, un style de narration qui n'est plus pratiqué aujourd'hui. La méthode est inventée par Robert Howard : prenez un barbare, plongez-le dans une civilisation décadente inspirée du modèle gréco-romain, actionnez le ressort de la fatalité tragique, brassez les machinations, les assassinats et les adultères, saupoudrez de démons et… et bien en général, jetez, car le résultat est aujourd'hui ordinairement si indigeste ou au contraire inconsistant que même un Arnold Schwarzeneger déchu de ses fonctions, ruiné et alcoolique ne voudrait du scénario de ce Kalidor III.
Et bien Fabrice Colin parvient pourtant à faire monter la sauce et produit avec Vengeance ce curieux anachronisme littéraire en écrivant quelque chose de bon et de neuf avec des aliments normalement fades et périmés.
Mais il ne se contente pas de cela, car en plus, il écrit un bon livre - au sens général. Colin a compris qu'il existe une différence entre une pile de pièces de monnaie et un tableau. Une accumulation linéaire d'éléments forme une construction narrative bien maigre. Un tableau, lui, articule des composantes dans une forme structurée complexe. Les éléments de l'histoire ne s'accumulent pas, ils s'articulent pour dessiner une dramaturgie affinée, belle, implacable et imparable dans ses effets. Le livre fermé laisse flotter un parfum de lecture d'adolescence : je me rappelle, sans plus en avoir honte, pourquoi j'aime le jeu de rôle d'heroic-fantasy.