Interview
Pour : Tout univers
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...illustrés par Ghislain THIERY
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Eastenwest > 11 - Entre les frontières
Fabrice Colin
Comme quoi le jeu de rôle mène à tout. Pigiste pour Casus Belli puis membre d'équipes de créateurs dans l'édition de JdR, Fabrice Colin est passé à l'écriture pour la jeunesse et la fantasy. A signaler en particulier dans sa déjà longue bibliographie, un roman steampunk écrit en compagnie de Matthieu Gaborit.
Parlons de vos expériences dans le jeu de rôle avant d'entrer en littérature.
J'ai débuté comme pigiste pour Casus Belli quand j'avais une vingtaine d'années. En fait, j'ai commencé par leur envoyer des articles et des scénarios qu'ils ont fini par publier. Dans le même temps, je me suis mis à faire des scénarios pour Siroz, Multisim et d'autres éditeurs, à l'exception de Descartes. Pendant un an, j'ai travaillé à Casus Belli comme rédacteur salarié. Ensuite j'étais salarié à Multisim pour m'occuper de plusieurs gammes de jeu (Nephilim, Guildes, Dark Earth) Tout cela a duré à peu près quatre, cinq ans.
Qu'est-ce que cela vous a apporté au niveau de l'écriture ?
Notamment dans le jeu de rôle, il faut produire beaucoup pour en vivre car ce n'est pas très bien payé. On apprend donc à écrire vite et à discipliner son imaginaire. Spécifiquement, les scénarios de jeu de rôle nous obligent à construire des intrigues bien bâties. Ce qui demande une certaine rigueur à imaginer toutes les possibilités qu'on peut tirer de situations données. A ce niveau-là, c'est une bonne école.
Après, je considère qu'écrire beaucoup, dans le jeu de rôle comme ailleurs, c'est de toute façon écrire. C'est donc positif pour apprendre l'écriture. Le jeu de rôle brasse aussi une quantité d'univers assez importante : la fantasy, la science-fiction, le fantastique, etc. On est ainsi très vite familiarisé avec une grande variété de genres. Cela peut également nous amener à découvrir d'autres auteurs.
Parallèlement, j'ai commencé à écrire en littérature, tout en continuant à écrire pour le jeu de rôle. Tout s'est fait un peu en même temps.
Vers quoi vont vos préférences en matière d'imaginaire ?
Il est vrai que je suis très éclectique. J'ai fait pas mal de bouquins dans différents styles. Quand même, certains thèmes ne me tentent pas vraiment. Comme je ne connais pas grand chose à la science-fiction et au space-opéra, je ne me sens pas à l'aise avec ces genres. Idem pour tout ce qui est trop scientifique... Par contre, j'adore la période victorienne et le XIX° Siècle en général. Je me suis longtemps penché sur ces périodes de l'Histoire.
La fantasy est un terrain tellement vaste qu'il y a matière à expérimenter. Pour autant, je n'y ai pas de terrain de prédilection.
Et le steampunk, cela vous attire ?
En tant qu'amateur du XIX° Siècle, le steampunk est effectivement un des genres qui m'attirent le plus. Pour l'instant, je n'ai fait qu'un seul vrai roman steampunk : " Confession d'un automate mangeur d'opium. " Il a été écrit à deux mains avec Matthieu Gaborit. Il se situait plutôt dans la tradition du roman populaire à la Jules Verne.
Comment vous y prenez-vous pour construire un cycle ? Est-ce qu'il se réfléchit de manière différente que pour une histoire plus courte ?
Un cycle est juste une histoire plus longue que l'on divise en trois tomes. Je ne vois pas tellement de différences au niveau de la construction. Si je pars pour écrire un cycle, je le pense dans sa globalité. Une histoire trop longue pour être racontée en un seul bouquin sera découpée artificiellement pour faire trois livres. Il n'y a pas vraiment de différences au niveau de la construction.
C'est un peu un poncif de la SF de faire des trilogies. Est-ce une facilité ?
Disons que c'est une nécessité économique. Notamment en ce moment avec le Seigneur des Anneaux, on s'aperçoit que les trilogies forment le format roi de la fantasy, même au niveau des ventes. Il est vrai que lorsqu'on publie un roman isolé, il se vendra moins bien qu'une trilogie. Alors qu'on pourrait condenser une grosse histoire en un tome. Seulement, on perd de l'argent par rapport à quelqu'un qui va la découper en trois tomes, même si c'est artificiel. Je ne suis pas porté de façon affective vers la trilogie. Il se trouve que c'est un format qui marche bien commercialement. Quand le tome II sort, il relance le premier tome et ainsi de suite avec le troisième... Je m'aperçois que les auteurs de trilogies vendent plus que les autres.
Parlez-nous un peu plus de votre dernier livre, comment l'avez-vous conçu ?
" Dreamericana " vient de paraître chez J'ai lu Millénaires. C'est un mélange de fantastique et de steampunk. Il comporte deux romans en un. D'abord l'histoire d'un écrivain de science-fiction qui n'arrive plus à trouver l'inspiration et qui essaye désespérément d'écrire un livre sur lequel il a vraiment beaucoup de mal. La deuxième partie raconte le livre en question, qu'il n'arrive pas à écrire. Une espèce de lien se fait entre les deux, où l'on ne sait plus trop séparer l'imaginaire de la réalité. J'aime bien jouer sur la frontière entre imaginaire et réalité.
Avez-vous plus de facilités à décrire les ambiances ou à manier les grands mythes ?
Il y a un petit peu des deux. Moi, je suis justement assez porté sur la fantasy par rapport à la science-fiction, parce que c'est souvent des mythes qui y sont recyclés. Je trouve cela assez facile et plaisant à manier. A côté de ça, quand j'écris un livre, je pars plutôt d'une ambiance et d'une idée. A la limite, je plaque ensuite une histoire qui va avec les images que j'ai en tête. Mais quand j'ai l'idée d'un bouquin au début, c'est plutôt une image, une scène, une ambiance. Après, je me demande : quelle histoire ira avec ce que j'ai en tête ?
Faire un livre univers à la Dune, par exemple. Est-ce que cela vous attire ?
Ça m'attire beaucoup mais j'en ai peur en même temps. C'est un investissement énorme que de créer un univers et de s'y immerger pendant plusieurs années. Comme je suis plutôt éclectique (j'écris aussi pour la jeunesse), je m'ennuie assez rapidement. J'ai envie d'expérimenter dans tous les sens. Partir sur un livre univers au long court, c'est extrêmement grisant. Plus on est convaincu par une idée, plus on va pouvoir créer un univers vraiment consistant. Donc il y a d'autant plus de chances que cela marche.
Je pense que le succès du Seigneur des Anneaux vient aussi de là. Les gens voient qu'il y a un monde énorme à découvrir derrière la façade des livres. En même temps, cela me fait peur de me lancer dans une telle direction. Parce j'en aurai pour plusieurs années. J'ai bien peur de me lasser trop vite.
Les univers que vous avez créés dans vos livres, seriez-vous prêt à les réutiliser à nouveau ?
J'ai déjà eu l'idée de revenir sur mes ouvrages antérieurs. Pour l'instant, je ne l'ai pas encore fait. Je pourrais le faire si on me le proposait. Mais j'ai suffisamment d'idées en tête pour faire d'autres livres. Je n'y suis pas opposé à la base. Je pourrais le faire en cas de vraie demande ou de gros succès sur un de mes ouvrages ou si le public veut retrouver tel univers ou tel héros. Cela n'est encore jamais arrivé de façon suffisamment patente pour que j'y revienne.
Comment viennent vos idées. Comment se passe le processus de création ?
C'est surtout essayer d'éviter de tomber dans les clichés. A présent, à partir du moment où on a une idée, il est très difficile de faire quelque chose qui n'a jamais été fait. J'essaye toujours d'apporter un éclairage personnel nouveau sur un univers. Même pour la fantasy, j'avance en terrain connu, par petites touches. Comme je ne suis pas un énorme lecteur de science-fiction de ces dernières années, je ne peux même pas savoir ce qui a été fait ou pas. Je n'ai pas vraiment de recettes.
A contrario, y a-t-il des interdits dans vos romans ?
Pour l'instant, non. Dans mes premiers romans se trouvaient des scènes de sexe et de violence. Ensuite ma sensibilité évolue, elle me porte plus vers d'autres aspects. Au début, j'ai écrit un roman très violent " Neuvième Cercle " Actuellement, c'est devenu différent. Peut-être que je voulais exprimer quelque chose à ce moment-là qui n'est plus une nécessité maintenant. Je ne le regrette pas, je m'interdis rien.
Je ne pense jamais écrire une littérature d'idées. Par exemple du roman politique, exposer une telle vision, ce n'est pas le rôle d'un écrivain. Si j'avais vraiment des choses très précises à exprimer sur des sujets de société, je le ferais par le biais d'un essai. Les écrivains qui se disent politiques ne font souvent qu'énoncer des banalités. Le roman social, je n'y vois rien d'original.
Quels travaux avez-vous en cours d'élaboration ?
Là, je finis un roman jeunesse : " Cyber Pan ", une revisitation du mythe de Peter Pan en format science-fiction. Sachant qu'un film " Peter Pan " va sortir l'année prochaine... Après, je finis de boucler un cycle de fantasy chez " J'ai Lu ", qui s'appelle Winterheim, dont le troisième tome est attendu depuis assez longtemps. Je m'y mets juste après, car je ne l'ai pas encore écrit.
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