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Eastenwest > 10 - Leçon des cloches



Arcanes secrets de l'architecture sacrée

Une religion sans fidèles est une coquille vide. Mais si les mythes sacrés peuvent naître dans le désert, ils finissent par attirer des adeptes dont le flot produit des excroissances destinées à les accueillir. Un temple débute par un amas de cailloux, lequel forme un cercle, puis on y adjoint un dôme et les murs s'élèvent.

POUR UNE MEILLEURE DEFINITION DE L'ESPRIT DU LIEU

Chaque détail de la construction a son importance. Les matériaux, la forme générale, chaque élément ont souvent un sens second, dissimulé derrière les apparences.

Les sens cachés

On ne place pas au hasard une église au milieu d'un paysage. Très souvent, les temples sont orientés en fonction des points cardinaux ou vers le soleil levant. Une église bipolaire possède un chœur orienté et un chœur occidenté (vers l'ouest), par exemple Saint-Michel de Hildesheim. De même, ce qui est apparemment dicté par la logique procède souvent d'une signification profonde.

La matière primordiale

Le matériau de base reflète les préoccupations du clergé. Bois et pierre pour commencer, selon ce qu'offre la région environnante. Avec l'opulence viennent l'or, le marbre et les bois rares. Avant même, qu'il ne soit question de spiritualité, les moyens mis en œuvre donnent déjà des informations sur les valeurs du culte.
Outre les choix d'opportunité, certains impératifs peuvent être inclus dans les textes sacrés. Pour exemple avec le christianisme : " Je te nomme Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église. " La pierre d'angle supporte l'ensemble du poids de l'édifice. Dans une telle optique, les valeurs transmises sont celles de la solidité, de la permanence et de la force.

A l'inverse, les fidèles des forces de la Nature iront plutôt vers des créations architecturales qui s'insèrent harmonieusement dans leur environnement. Le Bosquet sacré, où les arbres anciens sont vénérés comme des divinités, en est l'illustration. L'utilisation du bois dans la construction d'un temple va dans le sens d'une échelle à taille humaine. On ne construira pas de cathédrale en bois, quoique le Daibutsu-den (temple bouddhique de Nara au Japon) mesure 48,7 mètres de haut sur 57 mètres de façade et 50,5 de profondeur. Ce qui en fait le plus grand bâtiment en bois de ce monde.

La symbolique des formes

La forme d'une église peut procéder d'un lieu de réunion. Salle commune du village, clairière tranquille ou grenier à céréales, les origines sont aussi variées que les coutumes locales peuvent l'être. Par la suite vient la sophistication où la forme pure domine le dessein qui envisage la construction du lieu sacré. D'où des symboles religieux utilisés soit dans la forme générale, soit en juxtaposition. Des formes géométriques simples (carré, rond, hexagone) peuvent être combinées en fonction de l'utilité attribuée à chaque pièce.
Par exemple, l'ordre et le chaos s'opposent par des conceptions différentes. Une structure figée et répétitive telle que le carré se distingue du cercle, bulle englobant tout ce qu'elle touche. De même, des valeurs comme le bien et le mal sont représentés par des symboles religieux (la croix chrétienne, l'étoile à cinq branches) dont on retrouve le dessin dans certains bâtiments.
Si les églises orthodoxes sont bâties en forme de croie grecque, signe d'influence hellénique (fig. 2), l'Eglise de Rome privilégie la croix latine, en souvenir de la passion pascale (fig. 1).

Les proportions

En s'ordonnant selon les chiffres sacrés, l'église délimite ses frontières dans le rythme qui lui a été imparti pour répondre à un dessin supérieur.
3 : ordre de grandeur entre la Terre, l'Homme et le Ciel. Symbolise le portique (torri au Japon, portail en Europe), dont l'emplacement intégré ou séparé du bâtiment, marque toujours un lieu de transition.
4 : nombre de côtés d'un carré, ce qui est valable tant pour les pagodes que pour les pyramides. Les villes japonaises et chinoises bâties selon le modèle traditionnel sont quadrillées pour symboliser la perfection.
5 : nombre d'éléments terrestres (le feu, l'eau, le bois, le métal et la terre) dans la cosmologie asiatique.

L'espace sacralisé

Certains espaces sont plus sacrés que d'autres. Dans le Temple de Jérusalem, le Saint des Saints était habité par la présence divine, et interdit à tout mortel. De même, l'accès à l'autel est réservé aux servants du culte, comme pour le culte égyptien dont seul le pharaon ou le grand maître étaient habilités à renouveler les offrandes.
Le sanctuaire dans les églises occidentales est délimité par l'espace entre l'autel et le clergé officiant, soit plus précisément le chœur de l'église. Dans les églises orthodoxes, le sanctuaire est situé derrière l'iconostase, la cloison supportant les icônes, qui sépare la nef et le chœur.

Labyrinthe sacré

Il est le symbole de la transfiguration de l'individu à un niveau supérieur de conscience. A Amiens, à Chartres et à Reims autrefois, se trouvent des labyrinthes sur le sol de la cathédrale (fig. 3). La progression dans le labyrinthe peut être marquée par des prières, par la méditation ou par la danse et les chants. Ce qui compte n'est pas tant d'arriver au but que d'avoir avancé sur le chemin.

La crypte cachée

Un autre exemple de lieux réservés au Mystère religieux et inaccessible à la multitude. Leur fonction est d'abord funéraire. Situées sous le chœur de l'église, elles sont aménagées pour accueillir les sépultures, puis pour dissimuler les reliques (en grec kriptien signifie cacher).

VOIR AU-DELA DES APPARENCES

Apprendre par l'exemple est la meilleure méthode en la matière tant les possibilités sont nombreuses.

Le Bosquet du Creux du Saule (temple maléfique)

Si l'on pénètre au plus profond des bois, il arrive que l'on tombe sur un site oublié des hommes. A l'intérieur d'une enceinte d'ifs entremêlés, est caché le sanctuaire du Creux du Saule. Cet endroit ne porte un tel nom que de jour à l'intention du voyageur de passage. C'est la nuit que les lieux prennent vie.

Passé la première bordure végétale, on trouve devant soit un mur de pierre courbe entourant un brasier de charbons rougeoyants. Une odeur fétide se dégage de la mousse antique qui se répand sur les moellons. En cinq points du mur, des marches permettent d'accéder à un bassin d'eau croupie cerclé d'une margelle noire comme le jais.
Dans le bosquet a été inséré le dessin de deux pentacles : l'un est formé par le bord de la mare et l'autre dans le pourtour d'if. Lors des offices, une huile versée sur les brasiers les transforme en hautes torches. Selon les besoins de la cérémonie, on trace les runes autour du petit ou du grand pentacle. Le plus grand est réservé aux occasions où la discrétion et l'ignorance des victimes sont requises.
Le clergé est en apparence très réduit. Un vieil ermite et éventuellement son jeune assistant qui vient l'aider. Il peut cependant appeler très rapidement au secours des bûcherons avoisinant avec le sifflet en buis qu'il porte autour du cou.
Ce temple est surtout utilisé pour des invocations, des sacrifices ainsi que pour les messes noires. L'espace réduit l'assistance à une vingtaine de personnes au maximum.

Le Nacros (temple de la Loi)

Cette enceinte-là est faite exclusivement de pierre blanche. Elle se dresse au faite d'une large colline dont l'origine artificielle est évidente. Peut-être un ancien tumulus ou a-t-il été dressé par les fidèles de la religion disparue ? Plus personne ne connaît avec précision comment ce temple pouvait être utilisé.
Il est bâti selon une conception rigoureuse qui banni toute autre figure que le carré. Au centre est délimité un atrium illuminé par le soleil. Encore maintenant nulle plante ne vient pousser sur les murs qui s'effritent lentement. Est-ce que du sel a été répandu sur le sol pour que rien ne vienne perturber l'ordonnance parfaite de cet endroit sacré ?

Certaines salles sont curieusement repliées sur elles-mêmes. On peut leur attribuer une fonction de méditation, à moins qu'il ne s'agisse d'une mesure de protection. Les passages sont entourés de montants dont les portes n'ont jamais existé. Il est fort possible que les couloirs ainsi réduits permettent de limiter l'accès de la foule ou d'interdire au regard de se porter trop en avant.

La Salle Ouverte (temple chaotique)

La secte du Lotus Immaculé n'a pas imprimé les mémoires de manière irrémédiable à Los Angeles dans les années 80. On sait moins par contre que le lieu de culte principal de cette obédience éphémère est toujours en activité, sous une autre forme néanmoins. Le célèbre Open Air Festival a débuté en cette salle de spectacle avant d'émigrer vers d'autres horizons, victime de son succès. Il a bien trouvé ces marques dans l'" Open Hall " qui fût fondé en 1983 par un architecte prévoyant de multiples utilisations du bâtiment. Petites salle de conférences, grand amphithéâtre ou scène ouverte, tout cela peut se combiner en fonction du besoin de l'instant.
Si la forme générale s'inspire du théâtre rond qui vit les premières pièces d'un dramaturge élisabéthain, l'architecture interne possède tous les conforts qu'apporte la technologie moderne. Plateaux mobiles, scène sur vérins pneumatiques, ascenseurs intégrés et de vastes réserves en sous-sol.

La présence de la secte ne se fait plus sentir, si ce n'est pas le curieux mode de choix des spectacles proposés. Son principe d'impermanence est mis en œuvre par le cabinet d'avocats qui partage les droits de propriété. Chacun des ayants droits n'arrivant à s'accorder, pas une manifestation, colloque ni aucune organisation quelconque n'a réussi à conserver l'occupation des lieux plus de trois années successives.