Scénario


Pour : Appel de Cthulhu


Auteur(s) :

Mario HEIMBURGER

Illustrateurs(s) :

Elisabeth THIERY

Ghislain THIERY


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Les Lames du Destin

Un scénario pour l'Appel de Cthulhu par Mario Heimburger, illustrations : Elisabeth Thiery

Ce scénario pour l'Appel de Cthulhu se déroule en 1926 à Paris. Les personnages devront déployer une mine d'ingéniosité pour élucider un complot dont la dernière victime pourrait être le frère de l'un des leurs.
Pour Maître et Joueurs confirmés. Parmi les personnages, un avocat serait bienvenu. Les autres personnages doivent déjà se connaître

Mise en place

Jacques Millaux…

Malgré son âge avancé - près de soixante ans - Jacques Millaux n'a pas une once de sagesse. Pourtant, son apparence incite à la confiance. Plutôt petit, relativement corpulent, Jacques porte au-dessus d'un corps tout en rondeurs une tête du même acabit, aux joues pleines et au regard candide. Sur un nez aviné affublé d'un grain de beauté poilu se tiennent difficilement en équilibre une paire de besicles à la fine monture d'acier, qui donnent à ce visage rougeaud un air professoral du plus bel effet. En fait, si Jacques Millaux n'est pas beau, il apparaît tout du moins comme étant très sympathique.
 On ne mettra jamais assez en garde contre les apparences, car chez Jacques, comme chez tous les personnages de ce scénario, elles sont trompeuses. Jacques est en fait un escroc des plus originaux. Durant des années, dans sa jeunesse, son passe-temps favori était de vendre des objets qui ne lui appartenaient pas. Il parvenait grâce à de nombreux contacts dans la domesticité à s'introduire dans des demeures bourgeoises du sud de l'Angleterre  à l'insu de tous, accompagné d'acheteurs innocents, à qui il

Mario HEIMBURGER
Grand collectionneur devant l'éternel, il garde jalousement tous les jeux de rôle qu'il peut trouver. Il ne lui en manque pas beaucoup.

proposait les œuvres d'arts exposées. Une fois la transaction effectuée, il donnait l'objet en question à l'heureux acheteur, lui faisait signer un reçu en bonne et due forme, puis disparaissait en fermant la porte derrière lui. Le propriétaire de la maison revenu, il trouvait à la place de l'objet de valeur le simple reçu, qui mettait bien dans l'embarras l'acheteur, forcé de restituer l'objet. Cette magouille fonctionnait fort bien, Jacques étant passé maître dans l'art de brouiller les pistes. Sa plus belle arnaque fut sans doute la vente d'un château complet à un couple d'écossais, désireux de changer de climat.
Mais la chance ne dura pas. Un des domestiques d'une maison où un forfait avait été commis avoua sa duplicité à la maîtresse de maison, qui était également son amante. Ces confidences sur l'oreiller arrivèrent tout naturellement aux oreilles du propriétaire, qui alla immédiatement conter toute l'histoire à la police. L'enquête mit presque une année à aboutir, mais au bout du compte, Jacques fut pris, jugé, et envoyé en prison pour dix longues années.
 La période en prison fut très éprouvante pour cet homme qui ne commettait ses larcins que par ennui. Habitué à une vie surréaliste, il fut soudainement plongé de plein fouet dans la réalité du monde carcéral. Quand il ressortit de cette épreuve, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Alors âgé de quarante-cinq ans, Jacques accepta un travail faiblement rémunéré chez un brocanteur (qui n'avait heureusement jamais entendu parler de lui) et vécut pendant de nombreuses années dans un appartement moyenne-classe de Paris. L'illégalité ne l'attirait plus du tout.

… est ton frère !

Jacques Millaux est né en 1863. Sa mère, Joséphine Bourbal - alors âgée de 19 ans, dut précipiter le mariage avec Gustave Millaux, un honorable soldat, afin d'éviter le déshonneur d'une naissance sans union. Gustave Millaux, bien peu préoccupé par cette femme qu'il n'avait séduit que par jeu, pris très mal la situation. Des années durant, Joséphine demeura seule à élever son fils. Les occupations de Gustave à ce moment n'avaient rien de reluisant, et c'est presque avec soulagement que Joséphine apprit la mobilisation de Gustave. La guerre de 70 éclatait, et Gustave fut envoyé au front pour contrer l'offensive éclair des prussiens. Il fut une des premières victimes de cette guerre dans laquelle la France n'eut aucune chance, et l'armistice fut signée avant même que Joséphine ne se soit vraiment rendue compte qu'elle était désormais veuve.
Quelques années passèrent… Joséphine vivait d'une rente que l'armée versait aux malheureuses, et Jacques grandit dans un milieu pauvre, mais distingué. Joséphine se saignait jusqu'aux veines pour offrir à Jacques une éducation digne de ce nom. Elle parvint à l'envoyer dans une université anglaise, mais au prix de son propre confort.
La vertu était une des dernières choses à laquelle elle se raccrochait, et c'est cette même vertu qui séduisit le père d'un des personnages-joueurs. Peu de temps après leur rencontre, Joséphine se remaria avec lui, et de cette union nacquit le personnage.
 Jacques Millaux se faisant de plus en plus rare, le personnage n'est pas très intime avec lui. Il reçut tout au plus quelques lettres de Londres où Jacques passait le plus clair de son temps. Lorsque toutefois le scandale éclata et que Jacques fut envoyé en prison, le choc fut terrible pour Joséphine, qui ne pouvait pas croire en la vérité. Elle ne se remit jamais de ce choc - quand bien même Jacques fut libéré et s'amenda, et une première attaque cardiaque la diminua aussi bien mentalement que physiquement. Son mari, très inquiet, passait la majeure partie de son temps à la veiller, assis au bord du lit où une paralysie forçait Joséphine à passer ses journées.  Lorsque Joséphine mourut, voilà quatre ans, le père du personnage perdit goût à la vie. Il suivit bientôt sa femme dans la tombe.
 Jacques est désormais la seule famille qui reste au personnage. Enfant terrible, cause de nombreux soucis, c'est toutefois une relation de sympathie orageuse qui lie les deux personnages. Jacques a été fourbe, mais tout ceci est maintenant du passé.

Entrée en Scène

Accusé !
CHRONOLOGIE : LUNDI  6 SEPTEMBRE 1926
Le personnage qui interprète le frère de Jacques Millaux a été absent et injoignable pendant une longue période. Vous pouvez faire jouer cette aventure après une longue expédition dans des pays exotiques. Lorsque le personnage revient à son domicile, il découvre une lettre envoyée de la Tour Pointue à Paris (La Tour Pointue est le sobriquet accordé au siège de la police criminelle) par l'inspecteur Froissard, l'informant que Jacques Millaux a été arrêté et sera jugé prochainement pour meurtre. Si le personnage est aisé, ce sera le domestique qui annoncera la nouvelle.
 Tout cela devrait l'étonner , car Jacques Millaux a beaucoup de défauts, mais il n'a jamais été un criminel ! Rappelez alors au personnage les étranges péripéties de son frère, et insistez sur le fait que cette accusation ne tient pas debout.

 En se rendant chez l'Inspecteur Froissard éventuellement accompagné de son avocat et/ou de quelques amis, le personnage découvrira un homme affable et sérieux, qui prétendra d'emblée ne pas croire en la culpabilité de Jacques Millaux.
 L'inspecteur, âgé d'à peine trente-cinq ans, le cheveux très court et rasé de près, porte des habits de bonne qualité, qui témoignent que l'homme qui les porte est un homme de goût. Il se montre sympathique et compatissant avec le frère de Jacques, et indique qu'il pense "que nous sommes à deux doigts d'une immense erreur judiciaire". Pour lui, il ne fait aucun doute que Jacques Millaux sera condamné pour meurtre, si ce n'est pour assassinat, ce qui l'amènera peut-être à embrasser le pied de la guillotine.

La Demiurge

 L'instruction est en cours depuis trois mois, et le  début du procès a été fixé à la semaine prochaine, et l'avocat chargé de la défense - nommé d'office par manque d'argent du prévenu - ne manifeste guère de zèle à faire son travail.
 Voici toute l'affaire telle qu'elle sera exposée par l'inspecteur Froissard. Pendant qu'il énumérera les faits, il perd son ton sympathique pour prendre une voix mécanique :

CHRONOLOGIE : MERCREDI 2 JUIN 1926

"Le crime a été commis le 2 juin 1926. Nous avons appréhendé le suspect Jacques Millaux sur les lieux même du crime, chez M. Bernard Londrin. Lorsque nous sommes arrivés, il tentait de fuir par la porte du balcon du bureau, pièce même où le corps de M. Londrin gisait à terre dans une mare de sang. La cause du décès est une épée de décoration qui a transpercé le cœur de la victime. Cette épée se trouvait accrochée au mur, en compagnie de sa jumelle et servait originellement de décoration.
 Le coffre-fort de M. Londrin était ouvert, et vide. Dans les poches de l'accusé, nous avons trouvé deux mille francs en billets de cent, somme que l'accusé n'est pas prédisposé à porter sur lui. De plus, si on en croit la comptabilité très précise que tenait la victime, cela correspond exactement à la somme qui se trouvait dans le coffre.
 La manche droite de l'accusé portait quelques éclaboussures de sang, qui pourraient provenir de la blessure de la victime.
 Enfin, le témoin qui nous a prévenu - un des plus proches voisins de la victime - a affirmé qu'entre le moment où il a perçu un cri et le moment où sommes arrivés, personne n'a quitté ni pénétré dans l'immeuble de M. Londrin."

 Inutile de dire que les faits sont accablants. On y trouve aussi bien un mobile, l'arme du crime, et tous les ingrédients du coupable idéal. C'est justement ce dernier point qui pose problème à l'inspecteur : il ne croit pas au coupable idéal. Mais son rôle à lui est terminé dans cette affaire. Son seul travail désormais est de garder l'accusé sous clefs jusqu'au procès.

 Si ce n'est pas fait spontanément par le frère de Jacques, l'Inspecteur insistera pour que l'accusé dispose d'un bon avocat : "un bon avocat peut faire en une semaine bien plus que ce que ferait l'avocat commis d'office". Enfin, sur demande des joueurs, il accordera la permission d'aller rencontrer Jacques dans les cellules de la Tour.

Entrevue avec un coupable

Jacques n'affiche pas une très bonne mine. Cela fait maintenant déjà trois mois qu'il loge dans une geôle qui, tout en étant propre et chauffée, n'en est pas moins une prison. Sa mine est grise, et il n'en croira d'abord pas ses yeux lorsque son frère viendra lui rendre une visite sous l'œil attentif d'un policier de garde. La surprise passée, Jacques reportera ses dernières onces d'espoir sur son frère, et sera heureux de répondre à toute question, même aux plus embarrassantes. Voici en substance ce qu'est sa version des faits :
 voilà quelques mois, Jacques Millaux a rencontré dans l'échoppe de brocanteur dans laquelle il travaille, un homme à la recherche d'un quelconque bibelot à offrir à un ami. L'homme, Ernest Gondureau s'est révélé être un riche banquier, également grand amateur d'art. Jacques et lui ont discuté pendant de longues minutes, et le banquier s'est trouvé impressionné par le bagage culturel de Jacques.
 Gondureau n'a pas réussi à trouver un bibelot qui lui convienne, mais a suffisamment fraternisé avec Jacques pour l'inviter chez lui. C'est dans la grande demeure à l'extérieur de Paris que Jacques s'est trouvé pour la première fois face à une œuvre dont il est tout de suite tombé amoureux. Devant l'admiration dont faisait preuve l'ex-escroc, Jean-Baptiste lui a fait don du tableau, qui se trouve depuis au domicile de Jacques.
 Comme Jacques cherchait d'autres œuvres du même peintre, Gondureau le présenta à Londrin, qui possédait lui-même une œuvre du même acabit. Jacques se proposa immédiatement de la lui acheter, mais Londrin en voulait deux mille francs. Jacques, ne pouvant se procurer tant d'argent fit à nouveau jouer sa toute nouvelle connaissance. Il demanda à emprunter deux mille francs à Gondureau, qui accepta en lui faisant signer une reconnaissance de dette, pour lesquels il avait des formulaires tout prêts.
 En se rendant chez Londrin pour effectuer la transaction, Jacques découvre la porte d'entrée ouverte, et ne recevant pas de réponse à ses coups (M. Londrin n'avait pas de domesticité), prend la liberté de rentrer. Comme il a déjà visité la demeure précédemment (pour examiner la toile avant de l'acheter), il se dirige directement vers le bureau, à l'étage où il découvre le corps sans vie de ce Londrin, et peu de temps après, entend l'arrivée de la police. Sachant qu'il était le coupable désigné, il prit peur et tenta de s'enfuir, mais alors qu'il enjambait la rambarde du balcon, son vertige le prit, et il ne put se résoudre à sauter. C'est dans cette position que les policiers le surprennent et l'arrêtent.
 Jacques jure ne pas avoir tué Londrin, et précisera tout   point qui lui sera demandé d'éclaircir avec empressement. Le sang sur sa chemise ? Ce matin-là, il s'était coupé en se rasant, et ne l'avait pas remarqué tout de suite. Ce n'est qu'en essuyant une humidité au cou que Jacques  s'est rendu compte de la coupure.
 Jacques pourra apporter les éléments suivants : la victime était couchée de trois-quarts sur le sol. L'épée lui a transpercé le dos : l'attaque est clairement venue de derrière. La maison était probablement déserte, à moins que quelqu'un ne se cache au rez-de-chaussée. La fenêtre du balcon était fermée quand Jacques est entré dans le bureau : il a été obligé de l'ouvrir pour tenter de fuir.

 Malgré les explications enfiévrées de Jacques, son innocence est bien difficile à croire : les faits jouent contre lui. Pourtant, tout ce qu'il dit est rigoureusement exact ! Jacques n'a qu'une  seule  chose à se reprocher : s'être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais il est des destins écrits bien à l'avance…

Quelques faits

La Véritable existence de M. Bernard Londrin

Bernard Londrin était très connu dans le milieu des affaires : industriel en textile, il possède de nombreuses usines dans l'est de la France (en particulier en Lorraine et en Moselle), dans lesquelles il fait traiter ses ouvriers comme des moins que rien.
 Son pêché mignon : les femmes. Commençant à exercer des chantages à l'emploi sur ses ouvrières, Londrin perd rapidement le goût de cette chair trop facilement gagnée. Il vise bientôt des sphères plus hautes, l'aristocratie d'abord, puis, voyant qu'une aristocrate n'est pas plus difficile à séduire qu'une paysanne, il se tourne vers les actrices. C'est pour lui le début de la fin.
 Car les actrices à ce moment sont bien plus courtisées que les nobles et les bourgeoises. Elles sont toutes les femmes en même temps, et ont donc autant d'amants que toutes les femmes réunies. Gagner l'exclusivité de l'une d'entre elle peut coûter une fortune…
Clara Duverdin est une de ces actrices, et pas la moins belle. Bernard Londrin en est tombé éperdument amoureux lorsqu'il l'aperçut jouant une pièce intitulée :  "Les affabulations comiques", par un certain Johann Maller. Londrin s'y était rendu la première fois par ennui, les suivantes, par passion. Londrin n'a jamais hésité à lui faire les plus beaux cadeaux, mais Clara ne semblait pas être sensible à cette denrée. En fait, elle n'acceptait les cadeaux que juste assez pour que Londrin continue à lui en faire. Profitant ainsi de sommes incroyables, et comprenant que si elle ne se montrait pas plus réceptive, elle perdrait cette source de revenu, elle condescendit à accepter quelques rendez-vous, mais jamais elle ne lui donna son cœur.
 Londrin, rendu fou par cet amour, dépensa d'immenses fortunes pour se retrouver bientôt au bord de la faillite personnelle. Il commença alors à emprunter de l'argent. Pour cela, il fit appel à son ami (ou plutôt relation) Ernest Gondureau, un riche banquier. Les sommes qu'il lui emprunta étaient toutefois assez modestes, et le dernier emprunt ne s'élevait qu'à deux mille francs, que Londrin pouvait facilement récupérer grâce à l'exploitation de ses usines. Car même dans sa passion la plus torride, Londrin ne compte pas s'endetter jusqu'à sa perte.

 Le jour du meurtre de Londrin, deux mille francs se trouvaient dans le coffre de la victime. Ces mêmes deux mille francs qu'il se proposait de rendre à son ami banquier le jour même. Une heure à peine avant que Jacques Millaux n'entre chez Londrin, Gondureau effectua une petite visite de courtoisie, comme il en a souvent l'occasion, étant donné sa faible quantité de travail chez ce même Londrin. L'industriel commença par proposer au banquier un verre, et comme Jacques Millaux était attendu vers onze heures, entra dans le vif du sujet et proposa à Gondureau de rembourser immédiatement sa dette. Le banquier proteste : " ce n'est pas pour cela que je suis ici, voyons. Vous avez tout le temps que vous désirez pour me rembourser ". Mais Londrin ouvre le coffre de son bureau et tend à Gondureau l'argent. Le coffre étant désormais vide,  il ne prend pas la peine de le refermer. Gondureau sort alors de son portefeuille la reconnaissance de dette, et y met le feu avec les allumettes qui lui servent à allumer sa pipe. Alors que le papier finit de se consumer dans le cendrier, Gondureau prend congé et quitte Londrin, qui descend ramener les verres à la cuisine.
 Comment, me direz-vous ? C'est tout ? Et bien non, Gondureau n'a pas tué Londrin. Mais alors, si ce n'est pas Jacques, ni Gondureau, qui a tué Londrin ? Patience…

Un Voisin avisé…

Parlons maintenant du principal témoin à charge : Philippe Meugnot est rentier, et habite l'hôtel particulier situé à droite de celui de Bernard Londrin. Le pauvre homme est assez abandonné par sa famille et vit seul avec une vieille domestique dans sa demeure. Il est alors compréhensible que le pauvre homme n'ait rien d'autre à faire que de guetter les bruits, les voisins et de façon générale ce qui se passe dans son environnement. Sauf ce fameux matin où le crime a eu lieu…
 Ce matin-là, Anastasie fut laissé en garde chez Philippe Meugnot par sa mère, exceptionnellement de retour à Paris pour rencontrer… nous garderons le silence sur ce point. Anastasie a passé une petite partie de sa matinée à jouer à la marelle sur le trottoir, sous la surveillance de Edwige, la bonne.
Environ vers dix heures, un homme assez âgé est descendu d'une grande voiture noire avec l'aide de son chauffeur. L'homme a alors pris sa canne et s'est dirigé vers le domicile de Londrin et passant à côté d'Anastasie lui a souri d'un air affectueux et a passé la main sur la tête de la petite fille en plaisantant avec elle. Puis, il est entré chez Londrin. Edwige, qui avait suivi la scène d'un mauvais œil, décide alors qu'il est temps pour l'enfant de rentrer. Personne ne voit ressortir Gondureau.
Lorsque moins d'une heure plus tard, un cri retentit dans le bureau de Londrin, Meugnot l'entend (le bureau de Londrin et le salon du rentier ne sont séparés que par une cloison). Son premier réflexe est d'aller voir son voisin, mais il se ravise en pensant à la mauvaise vie de Londrin. Il veut alors demander à sa bonne d'appeler la police, mais se souvient qu'elle est allée faire quelques courses pour le repas de midi. Il prend alors lui-même le téléphone et contacte la police. Puis, il va se poster à la fenêtre pour observer les allées et venues dans la rue.
Selon ses dires, personne n'est sorti de la demeure, et personne n'y est entré jusqu'à l'arrivée de la police. En fait, il a quitté la rue des yeux pendant une minute : lorsque Anastasie lui a demandé un verre d'eau. C'est durant cette minute que Jacques Millaux est entré dans l'hôtel particulier de Londrin. Et c'est peu après que la police intervient…

Déroulement de l'enquête

Chez Londrin

Bernard Londrin habitait au 72, rue du Faubourg St-Honoré à Paris. Sa demeure est un petit hôtel particulier de construction récente. La demeure est accolée à la maison de M. Meugnot à gauche, et sur la droite, une cour couverte est entourée d'un mur qui fait corps avec la maison. L'hôtel ne dispose que d'une seule entrée, sous la forme d'une porte cochère donnant sur la cour. De là, le visiteur a le choix entre pénétrer directement par la cuisine ou entrer par la porte principale en montant quelques marches.

 La maison est luxueuse et décorée avec soin. De nombreuses œuvres d'art sont exposées, bien que peu aient été produites par des artistes renommés. Rien n'a été dérangé par les enquêteurs : Londrin n'avait pas d'héritiers, et les affaires tournant aussi bien sans lui qu'avec (mieux, diraient certaines employées), il n'a pas semblé nécessaire pour le moment de faire quoi que ce soit. A deux trois indices près, les enquêteurs tardifs trouveront autant d'informations que le jour du crime. Si un nouvel avocat a été nommé, il obtiendra facilement l'autorisation de faire quelques fouilles supplémentaires, mais uniquement avec la présence de l'inspecteur Froissard. Sinon, les personnages devront négocier…
 Le crime a eu lieu dans le bureau, qui se situe au premier étage (en montant les escaliers, c'est directement en face). Le grand tapis qui recouvre le sol se trouve taché de marron à l'endroit où le corps a été retrouvé, c'est à dire juste devant le bureau. Ce dernier est positionné au milieu de la pièce, selon le plan B. En face du bureau, Londrin a fait accrocher le tableau fort impressionnant qu'il devait céder à Millaux. Derrière le bureau, on peut trouver sur le même mur le coffre-fort (ouvert) et le présentoir sur lequel étaient entrecroisées les deux épées, don l'une a été la cause de la mort de Londrin. Ces armes sont des objets de décoration, mais très capables de tuer un homme !
 Le tableau que devait acheter Millaux est aussi impressionnant que le prétendait celui-ci . Le style en est très particulier : une partie de l'œuvre est dessinée au fusain et seul le décor est peint. Cela donne une impression d'inachevé, mais cette impression disparaît lorsque l'on contemple le tableau pendant quelques minutes. Au premier plan, occupant la plus grande surface de la toile est représentée une femme, nue, qui semble observer celui qui se trouve face au tableau. Elle semble se tenir debout sans aucune pose particulière, immobile et sereine. Le plus curieux est sans doute le regard : il est vide de toute pupille, les yeux sont complètement blancs. Plus surprenant encore, l'arrière-plan : il s'agit d'un paysage assez banal, mais incliné, comme si le paysage avait basculé.
 Sur le bureau, rien d'intéressant, si ce n'est un petit tas de cendres dans le cendrier. Ces cendres proviennent de la reconnaissance de dettes de Londrin, mais il n'y aura aucun moyen de l'identifier. Le coffre est vide de tout contenu. Il est ouvert dans la même position qu'au moment du crime.
 Dans la cuisine, au rez-de-chaussée, on peut encore trouver deux verres utilisés, ainsi que la vaisselle du petit déjeuner de Londrin


 Les enquêteurs de la police n'ayant aucun doute sur l'identité du coupable n'ont pas fait beaucoup de cas de l'enquête. Il ne leur est pas venu à l'idée que la scène du meurtre tel qu'ils l'avancent est assez surréaliste : si quelqu'un prend le temps de reconstituer le crime, il se rendra compte que, si Millaux avait effectivement abattu Londrin avec cette épée, il aurait dû contourner le bureau, prendre l'épée, monter sur le bureau puis s'accroupir pour planter l'épée dans le corps de Londrin avec le bon angle. Tout ceci alors que Londrin restait face au tableau, puisque c'est dans cette position qu'il a été tué. Cela n'accrédite que la mort par surprise, ce qui n'est manifestement pas le cas puisque Millaux était attendu.
 Bien sûr, une telle argumentation, aussi juste soit-elle n'explique pas tout, et elle ne convaincra pas forcément les jurés. Cependant, cela pourra les faire douter…

Chez Millaux

Une visite à l'appartement de Jacques Millaux n'apportera pas grand-chose de plus. Situé dans le seizième arrondissement de Paris, l'appartement est perché au troisième étage d'un immeuble en piteux état. Entrés dans la cage d'escalier, les visiteurs sont immédiatement assaillis par une odeur de pâtes et de choux. L'escalier est grinçant, et l'ensemble paraît assez pitoyable.
 Pourtant, dès que l'on passe le seuil de l'appartement, cette impression se dissipe. En effet, le domicile de Millaux est meublé avec soin et bien entretenu (bien qu'une légère couche de poussière recouvre l'ensemble, étant donné l'absence de son propriétaire depuis un certain temps). Jacques n'a pas beaucoup d'argent, mail il lui arrive de se faire payer par son patron en objets divers qui lui passent entre les mains. Tout le mobilier et tous les objets d'arts sont anciens, mais dessinent une harmonie que n'ont pas beaucoup de demeures de riches bourgeois.
 Pendu en plein milieu du mur de la chambre de Jacques se trouve le tableau que Gondureau lui a offert. Un simple coup d'œil permet de s'assurer qu'il a bien été peint par le même homme : le style est identique, et l'on trouve ici aussi le mélange qui semble incomplet entre le fusain et la peinture à l'huile. La scène représente un groupe de quatre hommes et trois femmes positionnés en demi-cercle face à l'observateur. Les personnages sont vêtus de toges romaines et leur main droite est levée, pointant un index impérieux vers le spectateur de la toile. A l'arrière-plan, on peut remarquer de nombreuses ruines de temples gréco-romains. Sur le bas du cadre, une petite plaque de cuivre gravée indique le nom de l'œuvre (ce qui n'était pas le cas chez Londrin) : "Le déclin".
 Hormis cette toile, les personnages ne pourront que constater le goût certain de Jacques Millaux pour l'art, et sa vie paisible et honnête dans cet appartement. Aucun autre indice significatif ne s'y trouve.

Ernest Gondureau

Après avoir entendu son nom et contemplé les toiles, les personnages désireront peut-être rencontrer Ernest Gondureau, afin de vérifier certains points. Le mieux est peut-être de le rencontrer au siège de la Banque Gondureau, un magnifique bâtiment situé au centre de Paris. C'est là où l'homme passe le plus de temps. Et pourtant, l'homme n'a pas beaucoup de travail. A force de déléguer une très grande partie de ses affaires (ce qui vaudra d'ailleurs la faillite de la Banque six années plus tard), l'homme se retrouve désœuvré et oisif. N'ayant jamais vraiment su s'amuser, Ernest Gondureau s'ennuie prodigieusement. Depuis des mois, sa principale occupation est d'aller voir des clients chez eux, afin de discuter de la pluie et du beau temps. Il y a d'ailleurs 30% de chance pour que ce soit le cas lorsque les Personnages se présentent. Toutefois, si jamais Gondureau est présent au moment où les personnages viendront le voir, il s'empressera de les inviter dans son bureau quelque soit la raison produite.
 Gondureau est un quinquagénaire à l'apparence sèche. Vêtu d'habits sur mesure couvrant un corps noueux et malingre, Ernest est un pur produit de la haute société parisienne. Il ne se déplace jamais sans sa canne richement sculptée et dont le pommeau est orné d'un magnifique rubis. Il est poli et extrêmement serviable, et place l'amitié au-dessus de tout (y compris des lois). Il accueillera les personnages en leur proposant à boire, et ira jusqu'à les inviter à déjeuner s'ils se montrent aimables.
 Au sujet de l'affaire, il ne pourra pas dire grand-chose. Il confirme toutefois ce que Millaux prétend, à savoir que le tableau intitulé "Le déclin" a bien été offert au vieux brocanteur en signe d'amitié, et que Gondureau a bien prêté deux mille francs à Jacques pour que celui-ci puisse acheter un deuxième tableau du même peintre. Il pourra aussi nommer ce peintre, bien qu'à ce stade de l'enquête, le lien entre les meurtres et les tableaux ne puisse pas encore être établi.

Le peintre se nomme Anatole Brancard. Gondureau l'a rencontré à plusieurs reprises et le décrira comme quelqu'un de très aimable, mais maladivement timide.
A aucun moment Gondureau n'avouera être passé chez Londrin au cours de la matinée du crime. Il est bien conscient que cela le transformerait en suspect, et tient à éviter tout scandale.
Autres éléments
Les personnages devront  trouver par eux-mêmes la plupart des indices du scénario.
Une des sources est bien évidemment le voisin de Londrin. Bien sûr il affirmera mordicus que sa version est exacte, mais la bonne Edwige ne sera pas aussi catégorique. Elle pourra parler de l'homme à la canne, qui a salué la petite-fille de Meugnot. Elle ne pourra donner aucune information sur ce qui s'est passé à l'heure du crime, dans la mesure où elle était sortie.
Une autre source, qui les informera notamment sur la vie quelque peu dissolue de Bernard Londrin, ce sont les potins mondains. Ils apprendront là toute la vérité sur la liaison entre Londrin et Clara Duverdin. Chose plus surprenante encore, ils apprendront que Clara Duverdin reçoit également de fortes sommes de Gondureau. Si on interroge celui-ci sur le sujet, il se montrera très gêné, puis se laissera aller à des confidences sur le thème "vous savez, les gens de mon âge et de ma catégorie sociale ont parfois besoin de se divertir un peu…". Il n'est cependant pas au courant de la liaison entre Clara et Londrin. Le mettre en confrontation avec cette information fera pâlir le banquier. Il demandera des informations supplémentaires, et il est très visible que cette nouvelle l'affectera beaucoup. Cela aurait pu être le mobile du crime, si Gondureau avait été informé de cette liaison. Mais les personnages peuvent être lancés sur une fausse piste qui durera au moins jusqu'au troisième jour…

Le Troisième Jour
CHRONOLOGIE : MERCREDI  8 SEPTEMBRE 1926

La visite du peintre
Alors que l'enquête des personnages avance petit à petit (faites en sorte qu'elle avance lentement, et n'hésitez pas à leur faire ressentir l'urgence de leur mission), le frère de Jacques Millaux reçoit une visite inattendue en la personne de Anatole Brancard.
 Celui-ci ne paye pas de mine : l'homme est très petit (il ne mesure pas plus d'un mètre 55) et chauve. Cependant, il ne s'agit pas de cette calvitie noble et imposante de la vieille aristocratie d'Europe centrale, mais plutôt de la calvitie bas-peuple : elle ne sied vraiment pas au personnage. Son visage est relativement anodin, et il porte devant lui un imposant embonpoint qui semble à jamais le séparer de son interlocuteur.
L'homme parle avec une voix assourdie, à tel point qu'il est indispensable de faire silence pour le comprendre. A aucun moment, il n'élèvera la voix et préférera se taire plutôt que de parler dans le vide. Ce n'est pas quelqu'un qui cherche à s'imposer. Pendant toute la conversation, il regardera à terre et s'excusera à tout moment du dérangement qu'il occasionne. Jouez-le comme un personnage pitoyable et légèrement énervant. Je vous assure que c'est le meilleur moyen de détourner les soupçons des joueurs.
La raison de la visite du peintre est la suivante : après des années de travail dont le point d'orgue a eu lieu ces derniers mois, une galerie de Paris lui a enfin proposé d'exposer ses toiles. Anatole prépare cet événement depuis bien longtemps. Cherchant à réunir ses meilleures toiles en vue de les exposer, il avait déjà contacté Jacques Millaux avant les problèmes de ce dernier, pour lui demander de prêter le tableau qu'il possédait pour cette occasion unique. Jacques a bien évidemment donné son accord, et a signé une petite autorisation que le peintre produira aux personnages s'ils hésitent à lui confier le tableau.
Anatole était plutôt inquiet ces derniers temps, ne recevant plus de nouvelles de Millaux, il a mené sa petite enquête et a découvert ce qui s'était passé. Ne désirant pas se mêler des affaires de la famille Millaux, il a tout de même réussi à trouver l'adresse du frère, et c'est pour s'assurer qu'il n'y aura pas de problème qu'il est venu voir les personnages.
Le vernissage de l'exposition ayant lieu ce samedi 11 septembre (soit dans 4 jours), il propose au personnage de dépêcher un déménageur dans la journée de Jeudi, afin de récupérer la toile.
Ceci étant acquis (il ne démordra pas avant), il offre au personnage des invitations pour la soirée de vernissage, et se retirera en s'excusant, non sans avoir laissé une petite carte bien modeste portant la mention de son nom et de son adresse. " Si vous voulez bien me pardonner l'impolitesse de vous avoir dérangé à un moment si délicat, je serais heureux de vous accueillir chez moi quand vous le souhaiterez ".
Cette visite doit laisser aux joueurs une impression de non-importance, un simple fait en passant. Et pourtant, cette visite prépare la fin de l'aventure…

Toute la vérité

Anatole Brancard

Avant que vous n'imaginiez un nouveau Machiavel, je tiens à rectifier tout de suite ce que j'ai laissé sous-entendre : Anatole Brancard est parfaitement innocent.
 Cela fait des années que cet homme (aujourd'hui âgé de près de quarante ans) essaye de percer dans le domaine artistique. Hélas, il lui a toujours manqué ce qui fait le vrai peintre : le talent. Mais Anatole n'ayant aucune autre qualification et étant peu désireux de rencontrer du monde (sa timidité maladive l'en empêche), il persévéra dans cette voie et vit depuis des années d'une maigre obole versée par des amateurs d'art peu éclairés.
Cherchant sans cesse de nouvelles sources d'inspiration, il passe le plus clair de son temps dans les galeries et dans les bibliothèques, à la recherche du déclic qui lui fera enfin produire une grande œuvre  Se plongeant dans des lectures de plus en plus hétéroclites (aussi bien des ouvrages religieux, de simples romans que des ouvrages plus hermétiques), il se rendra bien vite compte que ce sont ces derniers qui lui font le plus d'effet. Le pouvoir, proposé entre les lignes d'ouvrages pseudo-diaboliques l'attire inconsciemment, comme toute personne faible est intimement fascinée par la force, et ses recherches iront dorénavant dans cette direction.
 Pour avoir une idée du type de livres que possède Anatole dans sa collection privée, jetez donc un coup d'œil sur les en-têtes des chapitres du " Pendule de Foucault " d'Umberto Eco. Vous y trouverez également des citations qui vous donnerons une idée de leur contenu. Mais ce ne sont pas ces livres qui ont soudainement changé la vie de ce peintre…

 L'ouvrage qui marque le début de toute cette aventure s'intitule tout simplement " Votre avenir avec le Tarot ". Le livre est écrit par un certain Malet, sans indication du prénom et semble d'édition assez récente quoique artisanale. Il n'y a en effet aucune marque d'éditeur. L'ouvrage en lui-même n'a rien de fascinant, mais gare à celui qui s'y plonge en quête de vérité… il finira par y trouver quelque chose d'insidieux qui finira par le posséder inconsciemment. Qui sait quelle est l'origine de le livre ? S'agit-il d'une copie parfaite d'un ouvrage plus ancien ? Le style ne s'y prête pas. Contient-il l'esprit d'un sorcier du siècle dernier ? Possible, mais quel est son but ?
 Toujours est-il que du moment où Anatole s'est plongé dans l'ouvrage, son talent a fait un prodigieux bond en avant. Ses toiles se sont mises à attirer du monde. Mais tout succès se paye. La fascination qu'exerçaient les tableaux d'Anatole était également de source morbide, car chaque tableau porte en lui la mort de son propriétaire…

La Mort de Londrin

Gondureau parti, Bernard Londrin se retrouvait seul dans son bureau. Il descendit poser les verres à la cuisine, puis remonta pour attendre son prochain visiteur, Jacques Millaux. S'asseyant à nouveau à son bureau, il contempla pour la dernière fois ce tableau intitulé " La demiurge " par son auteur.
Au départ, cette toile l'avait fasciné : il avait toujours aimé les belles femmes, et celle-ci lui plaisait plus que toutes les autres réunies. Excepté Clara Duverdin. Puis, son regard l'avait dérangé. Il y avait quelque chose d'inquiétant à être regardé par des yeux aveugles, mais l'expression du visage était tel que la femme sur le tableau semblait le juger. Il y avait une certaine sévérité dans l'expression, qui le mettait mal à l'aise et qui l'avait finalement décidé à vendre le tableau.
Jacques Millaux s'était présenté spontanément, facilitant grandement la tâche de l'industriel. Alors que les pensées de Londrin erraient de-ci de-là, il s'aperçut soudainement d'un détail qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent : certaines touches de couleurs sur les joues et sur le corps de cette femme qui ne l'avaient pas frappé auparavant. Intrigué, il se leva, et fit le tour du bureau pour se placer face à la toile et l'examiner ainsi de plus près. Effectivement, il lui semblait que là où il n'y avait que du fusain se trouvaient maintenant des taches roseâtres, qui rehaussaient un peu le tableau. Puis les yeux de la femme s'enflammèrent sous les yeux de l'industriel. Pris de panique, ne comprenant rien à la situation, celui-ci se recula.
Il n'eut même pas le temps de percevoir le frottement du métal contre le métal avant qu'une des épées qui s'était détachée le frappa avec une force hors du commun. Pendant le cours laps de temps que dura son agonie, il sentit comme un froid intense alors que son âme était lentement aspirée vers le tableau.

Un autre mort…
CHRONOLOGIE : MERCREDI 26 MAI 1926

C'est cette même sensation qu'éprouva Michel Dubresse, le patron d'un des plus importants journaux de France quelques semaines plus tôt. Dans sa cabine de verre, surmontant de quelques mètres à peines les lourdes machines, il avait fait accrocher ce tableau impressionnant exécuté par un peintre qu'il avait rencontré par hasard chez un de ses amis.
 Le tableau, simplement intitulé "Atlas", représentait un homme que l'on devine très fort sous des vêtements noirs de magistrat tente de porter sur son dos la terre. Si le sujet n'a rien d'original, c'est dans l'exécution que le tableau se démarque : fidèle au style d'Anatole Brancard, la terre est dessinée au fusain, mais son aspect est encore plus assombri, et en observant attentivement la toile, on peut se rendre compte de silhouettes se découpant dans la masse planétaire : des silhouettes tordues et torturées.
 Dubresse contempla longuement le tableau le soir où il fut retrouvé mort. Il admirait avant tout l'expression de souffrance peinte sur la figure du magistrat. L'artiste avait su retranscrire la difficulté de soutenir une forte charge, et aux jambes déjà ployées, on se rendait compte que le pauvre homme n'en avait plus pour longtemps avant d'être écrasé.
 Dubresse était très heureux de son acquisition, même si parfois, la toile lui semblait étrangement prémonitoire. Et ce soir là, alors que la plupart des journalistes étaient rentrés, et que le journal du lendemain s'imprimait, il ressentit cette impression avec une acuité insupportable. Etait-ce la mauvaise luminosité qui lui fit croire que les silhouettes s'étaient mises à bouger ? Pour s'en rendre compte, il alluma toutes les lampes de son bureau. Alors qu'il s'approchait de la toile, il n'y avait plus aucun doute : non seulement les silhouettes étaient animées comme des flammes, mais en plus, elles en prenaient la couleur !
 Ce n'est qu'après s'être rendu compte de ce fait incroyable, qu'il s'aperçut que la terre elle-même était en train de grandir, qu'elle enflait jusqu'à prendre toute la largeur de la peinture. C'est à ce moment qu'Atlas ploya et laissa tomber la terre…
 Nul ne sait exactement ce qui arriva ce soir-là. Le corps de Dubresse fut retrouvé dans les rotatives, par les techniciens, immédiatement alertés lorsque les machines s'arrêtèrent. Sur son visage, on pouvait lire les nouvelles du lendemain : "Révoltes au Maroc : échec des autonomistes".

 La police a conclu a un accident. Les meilleurs experts sont d'accord sur le fait que Dubresse a cherché à éviter quelque chose et qu'il s'est précipité maladroitement à travers la paroi vitrée. L'expression de terreur sur son visage n'ayant été provoquée que par l'imminence de la mort…

Et encore un…
CHRONOLOGIE : MARDI 15 JUIN 1926

Paul Dubois - père Paul Dubois, devrais-je dire - était un passionné d'astronomie. Il avait installé dans les combles de son presbytère une petite salle, qu'il avait rendu accueillante par l'adjonction savante de tapis et d'œuvres d'art. Dans un coin de cette garçonnière (!), était posé en bonne position une lunette astronomique, dont le prix aurait même fait pâlir le banquier Gondureau. Chaque soir, le vieux prêtre passait de nombreuses heures à observer le ciel, persuadé que c'est au firmament diamanté que l'on pourrait lire le prochain message de Dieu.
 C'était un de ces soirs. Faisant une pause dans ses observations, le père Paul s'assit dans le fauteuil confortable où il avait l'habitude de prendre le thé que lui préparait sa bonne. Bien installé, il avait tout loisir de contempler sa dernière acquisition : l'élément qui lui manquait pour finir l'installation de cette pièce. Le peintre qui l'avait exécutée semblait l'avoir fait au hasard, sur le coup d'une inspiration. Mais le vieux curé était persuadé qu'il s'agissait d'un discret clin d'œil du Seigneur. La toile en effet représentait exactement ce que l'astronome recherchait : il y avait trois grandes étoiles sur cette peinture. Celle de gauche était fortement teintée de bleu alors que celle de droite était de couleur rougeâtre.
 Mais ce qui prenait le plus de place sur l'image, était cette étoile centrale, placée légèrement plus haute que les deux autres. Elle était exécutée au fusain, et semblait inachevée, mais on pouvait clairement reconnaître dans cette étoile la silhouette d'un homme crucifié qui ne pouvait être que Jésus, le Messie. Et pour le père Paul, c'était un double message. La toile était inachevée car l'œuvre de Dieu était inachevée. Et l'analogie des étoiles n'était que trop frappante.
 Cette observation lui redonna du cœur à l'ouvrage, et il se remit à son poste, légèrement courbé pour mieux apposer son œil à la lunette. Un léger courant d'air parcourut la pièce. La saison allait vers l'obscurité, et les nuits seraient bientôt plus longues et froides… "il est temps que je pense à installer un petit chauffage à bois", se dit-il, l'œil fixé sur les étoiles, lorsque trois points distants attirèrent son attention. Il s'agissait d'un groupe d'étoiles dont la position rappelait fortement la position des étoiles sur la toile. De plus, il lui semblait que les étoiles extrêmes avaient les mêmes colorations que sur la peinture.

 Passablement excité, le curé tenta de faire le point en triturant les nombreuses manettes de son engin. Et l'étoile centrale semblait grandir dans l'objectif. Piétinant sur place, le curé attendit de voir la merveille qui allait se présenter à lui, la sueur lui coulant sur le front. Mais alors que la forme s'approchait encore et toujours de lui, il se rendit soudainement compte que quelque chose n'allait pas. Le corps cloué sur l'étoile, en position de crucifié ne pouvait pas être celui d'un humain : de larges ailes membraneuses remplaçaient les bras, et le corps entier était de couleur grisâtre, comme la peau d'un vieux cadavre. Mais le plus horrible était certainement la tête, un crâne animal, muni d'une bouche aux dents impossiblement longues, et d'orbites vides au fond desquels brillait une lueur verdâtre et malveillante. N'en croyant pas ses yeux, le vieux prêtre recula instinctivement, mais le cauchemar ne s'arrêta pas pour autant, car en se retournant, il vit très clairement sur la toile de la crucifixion se détacher le visage hideux de cette créature. Et cette créature remua ses lèvres racornies et lui dit : " je suis là pour toi, mon fils ".

"Je lui avais pourtant dit que ce n'était pas sage de sa part ! Rester éveillé si tard, a-t-on idée ! A son âge !" se lamentait Adelaïde Vontrin, la bonne du père Dubois, interrogée par la police.
"Voyez-vous, il faisait de plus en plus froid dans cette chambre, et rester debout pendant des heures, ce n'est pas une très bonne idée. On finit par ne plus savoir où on est. Et avec son cœur tellement fragile, il aurait du faire attention. Ah, pauvre père Dubois ! Mais que vais-je devenir ?"

Une épidémie de mort…

Dans l'ensemble de la capitale, de nombreuses personnes trouvaient la mort dans des circonstances soit accidentelles, soit mystérieuses. La police n'est jamais arrivée à faire le lien entre toutes ces affaires, mais l'inspecteur Froissard est prêt à donner toutes les informations que les personnages désirent, pour peu que le point commun entre les victimes semble évident : elles possédaient toutes un tableau d'Anatole Brancard.
 Vous trouverez toutes les informations concernant les autres victimes et les autres tableaux dans l'Annexe B. Mais intéressons nous un peu plus à la finalité de l'affaire…


La finalité

Une nouvelle tentative

Qui a dit que les créatures du mythe avaient besoin d'adorateurs conscients pour agir à leur guise dans ce monde qui les a oubliées. S'il en est bien une qui n'a pas besoin des humains, et qui ne s'en sert que pour le plaisir de les manipuler, il s'agit bien de Nyarlatothep. Car c'est lui qui se cache derrière tous ces évènements. On dit de lui qu'il inventa de nombreuses choses pour les humains, et l'une de ces choses est le tarot divinatoire, dont il susurra l'idée à quelques adorateurs dans les temps anciens.
 Le pouvoir qu'il mit dans chacune des arcanes était immense, mais fortement dissipé par les humains qui les utilisaient. Pourtant, celui qui arriverait à utiliser ces cartes et ces symboles pourrait acquérir un pouvoir sans limite sur le monde, un potentiel de décision énorme. Jetant toujours plus loin ses filets, le Grand Ancien voulait enfin récupérer les dividendes de ses peines.
 Le livre "Votre avenir avec le Tarot "apparut à la fin du siècle dernier. Malet, l'auteur de l'ouvrage, était totalement inconnu, et l'ouvrage ne semble avoir été édité qu'en un seul exemplaire. Lorsqu'il tomba entre les mains de Brancard, ce dernier fut inconsciemment fasciné par le contenu, bien qu'à première vue, il ne soit pas révolutionnaire… Inspiré par ce qu'il lisait, il se mit à peindre des toiles ayant pour support les cartes du tarot. Et dans chacune des œuvres du peintre, l'âme de Malet, qui n'était autre que l'Homme Noir, plaça une partie du pouvoir de la carte correspondante, décidant du même coup de l'avenir du futur propriétaire de la toile.
 Mais tout ceci a bien évidemment un but, et c'est à cause de l'accomplissement de ce but que les toiles sont incomplètes. Ce n'est pas pour rien que le peintre semble laisser un espace inachevé sur la toile (cette partie dessinée au fusain, constante dans l'œuvre de Brancard) : c'est pour y laisser la place pour l'âme du défunt.
 Car Nyarlatothep a besoin de l'essence même de ces âmes pour y puiser le pouvoir nécessaire à son incarnation dans le corps d'un avatar. Chaque mort servira à augmenter la puissance de l'Avatar de l'Homme Noir, qui fut représenté dans le jeu de tarot sous la forme de l'Arcane 0 : Le Mat.

La Demiurge

Une visite chez Brancard

Commençant probablement à se poser des questions au sujet du peintre (qui se manifestera à nouveau en fin de semaine pour récupérer son tableau), les personnages pourraient bien se souvenir de l'invitation de Brancard à visiter son atelier.
 Celui-ci n'a franchement rien de particulier. De la rue, on ne voit à l'adresse indiquée qu'une maison en ruine. Ses fenêtres sont brisées, le toit est troué et on a l'impression que l'ensemble du bâtiment est abandonné. Pourtant, il ne s'agit pas d'une fausse adresse. L'atelier est en fait situé derrière la maison (que Brancard a hérité de ses parents, et n'y trouvant pas d'utilité, a laissé tomber en décrépitude). Il s'agit d'une petite maisonnette d'appoint, visiblement de fabrication récente, et entièrement construite en bois. La température y est assez fraîche, car Anatole ne voit pas l'intérêt de chauffer l'unique pièce avant que ses doigts ne soient engourdis.
 En fait d'atelier, les personnages découvriront son " chez lui " : un matelas posé à même le sol lui sert de chambre à coucher, dans un coin, un antique poêle à charbon lui sert de coin cuisine et de chauffage. Tout le reste est occupé par des tonnes de tréteaux, tables, etc. toutes encombrées de pots de peintures, de pinceaux et de livres. Des draps maculés de couleurs tapissent le sol, et l'ensemble donne une impression de capharnaüm terrible. Pourtant, lors de la visite des PJs, aucun tableau ne se trouve  dans l'atelier : ils sont tous déjà partis en direction de la galerie pour l'exposition de samedi.

 Anatole sera probablement chez lui, et c'est avec sa timidité naturelle qu'il accueillera les personnages dans son modeste lieu de travail. Il commencera par leur proposer maladroitement à boire, avant de se rappeler qu'il ne peut leur offrir que du thé, de l'eau ou un whisky (il doit lui en rester une bouteille qu'il passera dix minutes à trouver). Puis, il bavardera aussi civilement que possible avec ses visiteurs, répondant avec amabilité aux questions, bien qu'il s'embrouille et commette quelques impairs.
 En fait, le seul élément intéressant de cette visite devrait être le livre " Votre avenir avec le Tarot " qui se trouve posé au milieu des autres ouvrages. Mais la profusion de publications hostiles peut inquiéter bien plus des joueurs habitués. En effet, ce livre qui est le centre de cette histoire est probablement le plus anodin de tous. Les personnages pourront quand même observer que le livre de Malet semble être fréquemment consulté. En l'ouvrant et en le feuilletant (Anatole n'y voit aucun inconvénient), on peut s'apercevoir qu'il est organisé en deux parties : une partie théorique qui présente dans un charabia digne de la meilleure diseuse de bonne aventure les fondements et la puissance des arcanes majeurs du Tarot et une partie référentielle décrivant chaque arcane majeur, avec sa représentation sur la page de gauche, et sa signification dans la page de droite. C'est dans cette partie que les personnages pourront lire de nombreuses phrases qui, prises hors contexte peuvent sembler banales, mais qui dans le cas présent semblent étrangement prémonitoires (inspirez- vous des horoscopes publiés dans les différentes revues, mais en les noircissant un peu…). L'ouvrage dans son intégralité ne dépasse pas les 150 pages.
 Bien sûr, Anatole réitérera son invitation au vernissage de son exposition, puis, après que les joueurs aient posé toutes les questions qu'ils désirent, les raccompagnera jusqu'à la rue. Pendant toute cette scène, rappelez vous que Anatole Brancard est innocent. Vous pouvez toutefois ajoutez des éléments bizarres dans l'atelier (un personnage se sent observé, certaines couleurs semblent changeantes, en fonction de l'angle d'observation, des ombres changent de formes, etc.)

Le Procès

Il ne faut cependant pas oublier que le but de tout ce scénario est d'empêcher Jacques Millaux de perdre sa tête (au sens propre du terme). Le procès aura lieu vendredi (la veille de l'exposition de Brancard), et les joueurs doivent avoir été particulièrement brillants pour empêcher la condamnation à mort.
 En effet, à l'origine, tout est contre Jacques Millaux. Même si les personnages ont découvert des incohérences avec la version de l'accusation, cela ne devrait pas convaincre les jurés, car pour la plupart d'entre eux, un homme déjà condamné est toujours coupable de ce qu'on lui reproche.
 Si l'avocat est joué par un personnage, n'hésitez pas à jouer les réquisitoires du procureur, puis de la défense. Du côté du procureur, n'hésitez pas à faire transparaître en Jacques Millaux le monstre, libéré de tout scrupule, pris en flagrant délit et refusant d'admettre la vérité. Appuyez sur chacune des évidences, avec une colère juste dans les yeux, un ton dur, sauf quand il s'agit d'évoquer la pauvre et innocente victime d'un crime crapuleux et prémédité ! En bref, inspirez-vous des plus mauvais films de procès.
 Puis, laissez l'avocat parler et exposer à son  tour  la vérité. Mais  que  peut-il dire ? Que des tableaux maudits tuent des gens dans Paris ? Cela serait considéré comme une injure à magistrat… En fait, le meilleur parti à prendre consiste à tenter d'attirer les soupçons vers Gondureau (même si les personnages ont la conviction que le banquier est innocent également). Mais même dans ce cas, c'est la parole de Gondureau contre celle de Millaux. Et comme on ne s'attaque pas impunément aux institutions, les jurés choisiront la condamnation de Millaux.
 Pendant toute la scène du procès, faites sentir aux joueurs l'importance de la malédiction et le pouvoir des tableaux. Toute "preuve" avancée par les personnages recevra un plus mauvais accueil qu'une preuve avancée par le procureur. Au final, considérez l'alternative suivante : si le tableau possédé par Jacques Millaux a été détruit (ce qu'il faudra expliquer à Anatole, mais bon…), celui-ci pourra s'en tirer avec une lourde peine de prison. Dans le cas contraire, c'est la condamnation à mort.
 Et comme L'Homme Noir a besoin de son âme avant le lendemain, cette exécution aura lieu le lendemain même, à l'aube !

Le Final
CHRONOLOGIE : SAMEDI 11 SEPTEMBRE 1926

Le final aura lieu le soir de l'exposition. Toutes les toiles seront exposées de part et d'autre d'une vaste salle blanche. De nombreux visiteurs seront présents ce soir, et l'ensemble du gratin de la ville sera présent, car la réputation du peintre s'est répandue, de bouche à oreille, et tout le monde veut voir les toiles magiques dont on leur a parlées les jours précédents. Les personnages auront peut-être l'occasion de rencontrer au cours de la soirée Clara Duverdin, accompagnée pour l'occasion de Ernest Gondureau, mais ce couple essaiera de rester le plus discret possible, en particulier si les personnages sont au courant de leur liaison.
 La réelle vedette du spectacle se cache encore, mais tout le monde pourra voir, trônant au fond de la salle, la dernière toile du peintre, celle qui ne sera présentée que plus tard dans la soirée. Elle semble être d'un format bien plus imposant que les autres, et est recouverte d'un immense drap d'un blanc éclatant. Un cordon de sécurité est posé devant, et personne ne peut s'approcher de la toile sans que le directeur de la galerie l'en empêche. De plus, s'approcher de la toile, revient à s'attirer le dédain de tous les gens présents, car tout le monde en meurt d'envie…
 Ce n'est que tard dans la soirée (attacher vous à rappeler sans cesse la présence du tableau - en particulier si les personnages ont découvert ce qui se trame - tout en leur donnant l'impression d'une soirée mondaine classique) que Anatole Brancard fait son apparition : il se dirige d'un pas cérémonieux vers la toile, et plus particulièrement vers le cordon qui va lui servir à découvrir son œuvre. Il semble ailleurs, comme s'il était drogué, et est en fait sous l'emprise directe de l'Homme Noir. Arrivé à hauteur de la toile, il tire violemment sur le cordon, exposant au public sa dernière œuvre.
 Dans un premier temps, c'est la consternation : le tableau ne représente qu'une simple tache noire, qui prend toute la place sur la toile. Et cette tache se trouve sur un fond blanc. Les gens commencent à murmurer, ne sachant pas trop s'il s'agit d'une œuvre géniale, ou d'une immense supercherie. Dans tous les cas, Anatole reste silencieux à côté de la toile, les yeux perdus dans le vide.
 A ce moment, les personnages attentifs à ce qui se passe autour d'eux, peuvent se rendre compte que les toiles environnantes (les 21 toiles du peintre) commencent une à une à se modifier. Comme tout le monde observe la dernière œuvre du maître, ils seront probablement les seuls à le remarquer. Le changement est assez inquiétant et progressif : la partie noir et blanc de l'œuvre commence à se teinter doucement de couleurs, comme si elle se reconstituait par elle même. Et quand le premier tableau est entièrement coloré, le deuxième commence la métamorphose, et ainsi de suite. Ce processus est toutefois assez rapide, et il faudra moins de 3 minutes aux tableaux pour être tous colorés. Cela laissera néanmoins le temps aux personnages de détruire certaines œuvres sous l'œil médusé des invités.
 Ce n'est que lorsque tous les tableaux intacts auront pris de la couleur, que la tache sur le tableau maître commencera elle aussi à se métamorphoser, bien que le changement ne soit pas du tout du même type. Dans un premier temps, la forme sombre dessinée sur la toile commencera à bouger et à changer de forme. Ce qui produira un recul instinctif de la foule, bien que l'état de panique ne soit pas encore atteint. En fait, celui-ci ne sera provoqué que par la prise de volume de la tache. En effet, la tache semble prendre une troisième dimension, et tout en prenant forme humaine, semble s'extraire du cadre pour empiéter dans la réalité. Bientôt, l'Avatar se dresse devant le cadre déchiré, et récoltera toutes les âmes emmagasinées dans les autres tableaux. Cela aura la forme de jets de couleurs provenant des autres arcanes qui seront absorbées par la forme noire. Puis, ce sera le massacre. L'Avatar se précipitera sur tous les invités tentant de fuir, mais trouvant les portes d'entrées verrouillées (c'est Brancard qui les a fermées avant de révéler son œuvre). Le pauvre peintre sera d'ailleurs la première victime du monstre : le corps de l'homme étant littéralement absorbé et dissous dans la forme tellement sombre qu'elle semble manger la réalité.
 La force de l'Avatar dépendra du nombre d'âmes qu'il a réussi à absorber. Il est peu probable toutefois que les personnages aient réussi à détruire toutes les toiles. Voir l'Annexe A pour les caractéristiques du monstre.

 Le combat (s'il y en a un) doit avoir lieu dans une ambiance apocalyptique. N'hésitez pas à mettre en scène des massacres gratuits : en plein milieu de la confrontation, une femme est happée par la bête et réduite en moignons sanglants, des éclairs dus à la puissance mise en œuvre zèbrent la salle, les gens fuient dans tous les sens et hurlent de façon hystérique. Certains deviennent fous sur le moment (c'est peut-être aussi le cas des personnages) et le nombre de morts est impressionnant. S'il vous prend des idées sadiques, faites en sorte que les personnages soient les seuls survivants du massacre (qu'ils auront alors à expliquer aux policiers).
 Si les personnages remportent la victoire, ils se retrouveront au milieu du carnage. D'éventuels survivants sont plongés dans un état de catatonie ou d'hystérie, et la chose, une fois à terre se dissoudra dans une grande tache d'encre, qui ne pourra jamais plus être effacée. Les tableaux sont redevenus normaux : dessinés en partie au fusain, ils ont maintenant perdu toute leur magie. Ce ne sont plus que des œuvres inachevées, dont l'histoire ne retiendra rien, car ni le style, ni l'exécution ne semblent maintenant très novateurs. Le charme qui agissait sur les tableaux est maintenant passé.
 Si les personnages échouent, ils seront assimilés à leur tour par la chose, qui après en avoir fini avec les autres invités, ira se cacher dans un endroit sombre, dans une vieille bâtisse par exemple, en attendant son heure : le moment où son maître aura besoin d'elle.

Annexe A : Les Tableaux

Chaque tableau peint par Anatole Brancard correspond à une des Arcanes Majeures du Tarot. Ils sont tous décrits selon le modèle suivant :

N° Arcane - Nom Arcane
Nom : Nom officiel de l'œuvre
Représentation : Description de l'œuvre
Propriétaire : nom et profession du propriétaire de l'œuvre
Date Mort : Date où le tableau entre en action
Circonstances : causes apparentes et nom du décès

21 - Le Monde
Nom : Atlas
Représentation : représente un homme que l'on devine très fort sous des vêtements noirs de magistrat qui tente de porter sur son dos la terre. Si le sujet n'a rien d'original, c'est dans l'exécution que le tableau se démarque : fidèle au style d'Anatole Brancard, la terre est dessinée au fusain, mais son aspect est encore plus assombri, et en observant attentivement la toile, on peut se rendre compte de silhouettes se découpant dans la masse planétaire : des silhouettes tordues et torturées.
Propriétaire : Michel Dubresse, propriétaire de quotidien.
Date Mort : 25 Mai 1926
Circonstances : Chute dans les rotatives de son journal.

20 - Le Jugement
Nom : Le déclin
Représentation : La scène représente un groupe de quatre hommes et trois femmes positionnés en demi-cercle face à l'observateur. Les personnages sont vêtus de toges romaines et leur main droite est levée, pointant un index impérieux vers le spectateur de la toile. A l'arrière-plan, on peut remarquer de nombreuses ruines de temples gréco-romains.
Propriétaire : Jacques Millaux, antiquaire
Date Mort : (Peut-être 11 Septembre 1926)
Circonstances : Condamnation à mort par la guillotine.

19 - Le Soleil
Nom : La Frontière
Représentation : Pourquoi ce petit coin de terre au milieu de la toile est-il dessiné au fusain ? Et pourquoi ces craquelures, comme si la terre avait été brûlée ? En plus de cette partie, un crâne animal est également dessiné en noir et blanc, alors que tout le reste de la toile représente un paysage nordique, enneigé, décoré de multiples sapins.
Propriétaire : Ludovic Tranchet, Bijoutier
Date Mort : 24 mai 1926
Circonstances : Nul ne sait ce qui s'est passé exactement, mais Ludovic Tranchet a été retrouvé dans son officine la langue boursouflée, comme mort de soif. La police penche pour le crime crapuleux, bien qu'aucun poison n'ait été détecté. Mais par manque de pistes, l'enquête est en sommeil

18 -La Lune
Nom : Les observateurs
Représentation : Le tableau représente une pleine lune dessinée au fusain, derrière laquelle se cachent en observation des créatures mi-hommes, mi-bêtes qui semblent guetter celui qui se trouve devant la toile. En arrière-plan, un ciel étoilé du plus beau bleu sombre.
Propriétaire : Baron Hervé du Plançois
Date Mort : 12 juin 1926
Circonstances : mordu à mort par un loup (probablement) alors qu'il chassait dans sa propriété des Pyrénées-Atlantiques.

17 - L'Etoile
Nom : Renouveau
Représentation : il y avait trois grandes étoiles sur cette peinture. Celle de gauche était fortement teintée de bleu alors que celle de droite était de couleur rougeâtre. Mais ce qui prenait le plus de place sur l'image, était cette étoile centrale, placée légèrement plus haute que les deux autres. Elle était exécutée au fusain, et semblait inachevée, mais on pouvait clairement reconnaître dans cette étoile la silhouette d'un homme crucifié qui ne pouvait être que Jésus, le Messie
Propriétaire : Paul Dubois, prêtre catholique
Date Mort : 15 juin 1926
Circonstances : Crise cardiaque lors de l'observation des étoiles.

16 - La Maison-Dieu
Nom : Retour aux sources
Représentation : La toile représente une vieille cathédrale abandonnée, envahie par les racines des arbres qui sont passées à travers les vitraux. A l'avant-plan, sur la droite, un arbre semble s'être transformé en niche pour accueillir une statue de vierge dessinée au fusain.
Propriétaire : Gérard Wilson, archéologue mondain
Date Mort : 3 mai 1926
Circonstances : Lorsqu'il visita le site de fouilles en Bretagne qu'il avait financé et dont il comptait en retirer tout le mérite et qui avaient permis de mettre un jour un très ancien site religieux Gaulois, situé dans une grotte, cette grotte s'est effondrée, tuant du même coup l'ensemble de son équipe, soit 8 personnes.

15 - Le Diable
Nom : Echange
Représentation : Il s'agit probablement d'un comptoir. Un homme au regard compréhensif, la tête légèrement inclinée et dont le visage est dessiné au fusain semble observer un enfant, posé par des mains féminines (le reste est hors-champ) sur le comptoir. Derrière l'homme, on peut reconnaître un gabarit, destiné à mesurer un enfant.
Propriétaire : David Wagner, médecin
Date Mort : 31 juillet 1926
Circonstances : Quelle ironie : un homme qui durant des années a prescrit médicament sur médicament ! Mourir en inversant deux flacons et en voulant soigner un rhume…

14 - La Tempérance
Nom : La place des choses
Représentation : Le tableau représente une femme, peinte (ou plutôt dessinée au fusain) à la manière des tableaux bibliques italiens : très douce, aux traits estompés. Mais à la place de son ventre, on ne peut voir qu'un trou. La femme tient derrière son dos une rose d'un rouge sombre, que l'on peut voir à travers ce trou. Elle semble évoluer dans un champ cultivé : des choux.
Propriétaire : Félicie Frongier, romancière
Date Mort : 15 août 1926
Circonstances : Alors qu'elle était en train de jardiner dans sa petite propriété à l'extérieur de Paris, la pauvre femme voulut ranger ses outils dans la petite remise sans fenêtre prévue à cet effet. Alors qu'elle se trouvait à l'intérieur, la porte se referma soudainement, la laissant dans le noir. Là, se coinçant la jambe dans l'amas d'outil, elle fit une mauvaise chute et se brisa la cheville. Elle ne put jamais ressortir de cette remise. On la trouva à la fin du mois, amaigrie et décédée.

13 - L'arcane sans Nom
Nom : Défaite
Représentation : C'est sans doute le tableau le plus sujet à controverse de Brancard : il représente en effet le Christ, cloué sur sa croix. L'élément polémique - outre le fait que Jésus soit dessiné au fusain - étant que le Christ est devenu un squelette, sur lequel est encore apposé la couronne d'épine. Le décor du tableau représente par contre plutôt un désert Californien qu'un paysage Israélien. Le Christ semble seul, et le soleil brille en arrière-plan.
Propriétaire : Jean Malcoeur, Essayiste controversé.
Date Mort : 4 juillet 1926
Circonstances : Le pauvre homme, après une soirée de beuverie dans une réception mondaine, est rentré chez lui, et est tombé dans l'escalier menant à sa cave (probablement pour aller y chercher une autre bouteille). Dans sa chute, il s'est empalé sur une planche trouée qui traînait négligemment. Le clou rouillé lui a transpercé le cœur.

12 -Le Pendu
Nom : Révélations
Représentation : La scène représente une foule nombreuse, dont la plus grande partie a le dos tourné au spectateur. Mais le plus curieux, c'est la présence de cet homme dessiné au fusain, pendu par les pieds à un croissant de lune, les bras écartés en une sorte de bénédiction. Il sourit et affiche un air béat.
Propriétaire : Aaron Mildred, aventurier (entendez par là explorateur)
Date Mort : 30 avril 1926
Circonstances : Aaron s'est tout simplement pendu à la corde d'escalade, dans les Alpes Françaises, qu'il tentait de traverser avec un minimum de ressources. On pense qu'il a glissé et que dans la chute, la corde s'est enroulée autour de son cou.

11 -La Force
Nom : Essai
Représentation : Ce tableau représente un homme dans un cirque. Il soulève une baleine, portant sur son dos un éléphant, portant sur son dos un cheval, portant sur son dos un livre. Le tout représenté au fusain dans un décor coloré.
Propriétaire : Philippe Zortan, ancien dompteur.
Date Mort : 2 septembre 1926
Circonstances : C'est probablement la mort la plus misérable causée par les tableaux. L'homme est tout simplement mort en faisant sa commission aux toilettes. La pression étant devenue trop forte, ses intestins ont éclaté, causant une hémorragie interne qui lui a été fatale.

10 -La Roue de la Fortune
Nom : Vie et Oeuvre
Représentation : La scène est très sombre, puisqu'il s'agit du côté non exposé d'une colline vue depuis son pied. Le soleil passe un œil discret par dessus le sommet et de nombreuses personnes semblent tenter de la gravir. A leur silhouette, on les devine décharnés et malades. Seule la personne à l'avant plan, dessinée au fusain et que l'on voit de dos, semble joyeuse et normale. Ses poches pendent en-dehors de son pantalon.
Propriétaire : Francis Norguard, lanceur de couteaux.
Date Mort : 12 juillet 1926
Circonstances : C'est le seul cas où ce n'est pas le propriétaire de la toile qui est tué, mais sa fille. C'est lorsque Francis s'entraînait dans sa maison de Montmartre que le couteau, pourtant moucheté, toucha sa cible au lieu de la rater, alors qu'Aline était en train de tourner accrochée à une roue jaune et rouge. Le couteau, atteignant la fille à la tempe la tua sur le coup.

9 - L'Ermite
Nom : Seul à Paris
Représentation : L'action se passe dans une rue passante de Paris (on reconnaît le Sacré-Coeur en arrière-plan). La foule est nombreuse, et tous les détails de la vie quotidienne sont là. Seule une personne se détache nettement du lot. Un homme à la mine triste et au visage suintant (bien que dessiné au fusain, on dirait qu'il est blessé). Il est mêlé à la foule, qui ne semble pas lui accorder attention.
Propriétaire : Boris Morgonov, diplomate
Date Mort : 29 mai 1926
Circonstances : Boris Morgonov a été pris de malaise alors qu'il déambulait sur les Champs-Elysées. Des témoins prétendent l'avoir entendu crier " Ou êtes vous tous passés " avant qu'il n'écarquille les yeux et décède d'une crise cardiaque.

8 -La Justice
Nom : La Demiurge
Représentation : Au premier plan, occupant la plus grande surface de la toile est représentée une femme, nue, qui semble observer celui qui se trouve face au tableau. Elle semble se tenir debout sans aucune pose particulière, immobile et sereine. Le plus curieux est sans doute le regard : il est vide de toute pupille, les yeux sont complètement blancs. Plus surprenant encore, l'arrière-plan : il s'agit d'un paysage assez banal, mais incliné, comme si le paysage avait basculé.
Propriétaire : Bernard Londrin, industriel textile
Date Mort : Mercredi 2 juin 1926
Circonstances : Transpercé par une épée de décoration.

7 - Le Chariot
Nom : La grande peste
Représentation : Le tableau représente un large chariot, conduit par des individus à tête de rats. Sur le chariot, on peut reconnaître sous les bâches des morceaux de jambes et de bras pourrissants. Le contenu du chariot étant (y compris les vers et les mouches) dessiné au fusain. Détail amusant : les cadavres sont également recouverts de papiers journaux récents.
Propriétaire : Patrick Marcellin, rentier
Date Mort : 18 juillet 1926
Circonstances : Patrick Marcellin a été victime d'un accident de la route. Un véhicule, accéléré par une pente a perdu ses freins, et la voiture a happé le rentier alors qu'il traversait la route. Sa jambe, arrachée par la violence, est retombée dans le caniveau et a roulé pendant un instant avant de s'immobiliser. Patrick était déjà mort.

6 -L'Amoureux
Nom : Revanche
Représentation : La scène représente un couple enlassé. Seul l'homme est vu de face, son visage passant par dessus l'épaule de la femme, et le couple est dessiné au fusain. La dague que la femme s'apprête à enfoncer à son insu dans le dos de son amant est par-contre peinte, ainsi que le décor médiéval.
Propriétaire : Klaus Margeron
Date Mort : 7 juillet 1926
Circonstances : Le jeune homme s'est donné la mort en avalant du poison (bien que la fiole qui le contenait n'ait pas été retrouvée). Faut-il noter l'incroyable ressemblance entre le modèle du tableau et la victime ? Et qu'en pense Emilie, sa petite amie ?

5 - Le Pape
Nom : L'Inachevé
Représentation : Un homme nu , dessiné au fusain, est couché dans son lit à baldaquin. Du moins, on imagine qu'il s'agit d'un homme à l'absence de ses seins, mais il n'a pas de sexe non plus. Ses traits sont toutefois masculins. Il est entouré de multiples vieilles personnes qui semblent le condamner ou le plaindre.
Propriétaire : Jean-Baptiste Flandrois, propriétaire terrien
Date Mort : 13 juin 1926
Circonstances : L'homme était un fervent admirateur de chevaux. C'est alors qu'il s'entraînait à sauter des obstacles avec Vaillant!, son cheval favori, que l'animal rua violemment en refusant de sauter. Jean-Baptiste fut projeté vers l'obstacle (un tronc d'arbre surélevé. On ne sait si c'est la douleur ou le choc qui le tuèrent, mais le pauvre homme atterrit avec un pied à gauche et un pied à droite de la poutre. Ce qu'il y avait au milieu ne fut plus que bouillie…

4 - La Papesse
Nom : L'Inachevée
Représentation : Imaginez une marée de bébés hurlant de faim, posés à même le sol dans une grande salle carrelée. Imaginez une femme (on imagine que c'est une femme, car ses traits sont féminins), ne possédant pas de poitrine, ni de pubis en train de s'arracher les cheveux, et vous aurez une assez bonne représentation de la toile. Ah ! J'oubliais : la femme est bien évidemment dessinée au fusain.
Propriétaire : Euridice Lombard
Date Mort : 25 août 1926
Circonstances : Mal en a pris à Bernard Lombard d'offrir cette toile à sa femme. Celle-ci, déjà enceinte de 7 mois ne goûta pas la plaisanterie. C'est lorsqu'elle accoucha (un accouchement difficile et douloureux) et qu'elle regarda pour la première fois son enfant qu'elle partit dans un immense éclat de rire et essoufflée, mourut d'épuisement. Pourtant, l'enfant se porte bien…

3 - L'Empereur
Nom : La fin de l'Empire
Représentation : Debout sur une tour, dont le sommet visible est dessiné au fusain, un homme observe le soleil couchant. Mais le plateau sur lequel est construit cette tour est entouré par les crevasses, et à en juger les maisons de villageois qui basculent dans le vide, les terres rapetissent…
Propriétaire : Yann Moritaire, Conservateur de musée
Date Mort : 9 août 1926
Circonstances : Yann effectuait sa tournée habituelle dans son musée. Il l'effectuait toujours avant de partir, en souvenir du temps où il était simple gardien. Mais il ne s'attendait sûrement pas ce soir-là à trouver toutes les momies éveillées. Et il ne s'attendait pas à ce qu'elles forment une garde d'honneur, en le conduisant inexorablement vers leur empereur. Quand celui-ci abattit sa dague, Yann accueillit la mort avec grâce. Quand à Conrad Vardener, le gardien de service cette nuit-là, il fut accusé de meurtre…

2 - L'Impératrice
Nom : Le Bal des sorcières
Représentation : Elle était là, au milieu de sa cour. Trônant comme la plus belle femme, au teint pâle et aux traits délicats. Mais est-ce bien difficile quand on est entourée de sorcières qui se battent grossièrement pour être à l'avant-plan. Par goût pour l'esthétisme, il aurait fallut inverser les dessins : enlever les couleurs aux sorcières, et en ajouter à la reine.
Propriétaire : Lydia Hortense, fille de bourgeois.
Date Mort : 4 juillet 1926
Circonstances : Qu'est ce qui amena Lydia Hortense, une des plus belles femmes de la capitale à se mutiler comme elle l'avait fait ? A l'aide d'un couteau, elle s'entailla profondément le visage et les mains, qu'elle avait délicates. Alors qu'elle avait tous les hommes de Paris à ses pieds, elle a choisi de mettre fin à son règne de la façon la plus grotesque possible. Est-ce parce qu'elle s'était rendu compte de sa stupidité qu'elle acheva le travail par la gorge ?

1 - Le Bateleur
Nom : La dernière Epreuve
Représentation : Un funambule, dessiné au fusain, est en train de traverser un gouffre. Il porte une large perche sensée l'aider à garder l'équilibre. Mais sur le côté gauche de la perche est posé la Bible, alors que sur le côté droit est posé un homme. Pourtant, c'est du côté gauche que penche la perche. Alors que l'artiste est à deux doigts de tomber, on peut remarquer qu'au fond du gouffre se trouvent déjà de nombreux squelettes humains et autres.
Propriétaire : Michel Sondre, étudiant
Date Mort : 16 juin 1926
Circonstances : Alors que Michel traversait le Pont-neuf pour se rendre à l'Université dans le quartier Ste-Geneviève, il lui prit l'irrepressible envie d'escalader le parapet et de contempler le monde de plus haut. Trompé par le mouvement de la Seine, le jeune homme perdit l'équilibre et chut. On retrouva son corps bien des centaines de mètres plus loin…

0 - Le Mat
Nom : Aucun
Représentation : le tableau ne représente qu'une simple tache noire, qui prend toute la place sur la toile. Et cette tache se trouve sur un fond blanc.
Propriétaire : Aucun
Date Mort : Samedi 11 septembre 1926
Circonstances : Tués par la chose surgie du tableau lors du vernissage de l'exposition.

Annexe B : Les Caractéristiques

Caractéristiques de Anatole Brancard

FOR : 10 CON : 11 TAI : 8  INT : 14  POU : 3 DEX : 15 APP : 10 Points de Vies : 10  SAN : 10

Compétences :
Astronomie 10%, Art (Peinture) 50%, Bibliothèque 30%, Histoire de l'Art 50%, Lire/Ecrire Grec 50%, Occultisme 50%, Discrétion 40%

 

Caractéristiques de la Chose du Tableau
 (les caractéristiques marquées d'un * sont à multiplier par le nombre de tableaux intacts)

FOR* : 2 CON* : 6 TAI* : 3  INT : 14 POU* : 4 DEX : 12 APP : -  Points de Vies* : 4,5
Pertes de SAN : 1D6/1D20
Armure : sans

Attaque spéciale :
absorption : à chaque fois que la chose touche un humain, elle lui vole 4 points de magie et 1d10 points de SAN (le toucher est particulièrement horrible). Si la victime tombe à 0 dans une de ces deux caractéristiques, elle commence à être absorbée par la Chose.  Cette action est irrévocable et dure 1d3 rounds. Une fois absorbée, les points de vie restants, les points de TAI et les points de CON de la victime sont additionnés à ceux de la chose.