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Auteur(s) :

Pascal RIVIERE


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Eastenwest > 16 - Les Justiciers


WALHALLA

Auteur : Graham Masterton
Type : roman
Edition : Pocket


Graham Masterton est un écrivain de littérature fantastique de second ordre, au sens noble du terme. C'est dire qu'il n'économise aucun stéréotype et aucune grosse ficelle pour faire plaisir à ses lecteurs friands de choses dégoulinantes - le tout enrobé dans un papier cadeau rouge sang rutilant.
Avec son roman Walhalla, Masterton comble manifestement une frustration : celle de ne pas être Stephen King et de ne pas avoir écrit Shining - rappelons-le, l'histoire d'un hôtel maudit possédant son gardien jusqu'à la folie. Donc, Masterton s'offre son propre Shining. Walhalla n'est pas son premier roman et Masterton a après tout connu une certaine gloire. Il peut donc s'offrir ce plagiat - lequel dénie sur sa fin ses origines, à la surprise du lecteur, et se révèle plus proche en réalité du Rébecca de Daphné du Maurier.
À ce point de notre critique, il y a un élément dont il faut tenir compte : le monde est divisé en deux catégories. Soit on aime Masterton - parce qu'on a toujours aimé les histoires de fantômes et de monstres répugnants -, soit on a des aspirations trop élevées pour aimer Masterton, façon " Moi, je maîtrise Vampire, Monsieur ". Cet article s'adresse aux premiers.
Il nous a fait le coup du spectre du shaman indien adorateur de Cthulhu banni au dernier moment par l'invocation que Harry Erskine fait de l'esprit-totem d'un super ordinateur. Il nous a fait le coup du sorcier interné en hôpital psychiatrique qui fait disparaître tout le monde dans les murs pour libérer une faune de sadiques psychopathes 60 ans plus tard sur le malheureux couple qui a racheté l'endroit. Il a fait le coup des tableaux ensorcelés produisant en leur sein une autre dimension, refuge d'une famille de sorciers psychopathes - encore des sorciers et des psychopathes, toujours des cinglés-frappés-du-ciboulot. Il a fait le coup du char d'assaut oublié sur les côtes normandes et possédé par un démon invoqué par les alliés contre Hitler. À cette occasion, je me rappelle d'ailleurs d'une critique de Casus Belli expliquant comment et pourquoi ce livre - Le Jour J du Jugement - est aussi à chier que ça…

Revenons à Walhalla. Craig Bellman, un juriste fortuné, est victime d'une agression - aussi atroce que drôle, à bien y réfléchir et dont on ne dira rien pour préserver le goût du premier chapitre et une entrée en matière fracassante. Pour se remettre du choc, il décide d'acheter une maison immense qu'il découvre par hasard. En réalité, on sent bien que Craig n'est plus tout à fait le même depuis qu'il a vu la maison… Celle-ci aurait appartenu à un ancien milliardaire qui se serait suicidé en 1937 dans des circonstances étranges. Cependant, dans la demeure tombant en ruine, une inscription en latin : Non omnis moriar… " je ne mourrai pas complètement ".
Effie, l'épouse de Craig, elle, n'aime pas du tout la bicoque. C'est bien naturel : dès son arrivée, elle entend des sanglots et une voix dans sa tête qui la met en garde contre l'endroit, avant de tout simplement tomber nez à nez avec un fantôme pressé dans l'escalier.
Voilà l'un des traits typiques de l'écriture de Masterton : tout va très vite, sauf quand la scène dure pour soutenir l'angoisse du lecteur qui en demande encore. La créativité de Masterton est, de plus, évidemment une source inimitable pour un scénariste de jeu de rôle d'horreur qui devrait le lire un crayon à la main. Tout y est, de l'ambiance aux idées, que ces dernières soient originales et délirantes - par exemple la circonférence des solives et la scène du chat dans Walhalla - ou remâchées et traditionnelles dans ce genre particulier de la littérature - empalements gore et silhouettes spectrales aux fenêtres.
Lire Masterton relève d'un autre trait avantageux en particulier pour un scénariste de L'Appel de Cthulhu : son " œuvre " est une relecture - un peu populaire - et une modernisation des thèmes classiques de l'écrivain génial de Providence. En cas de crise d'inspiration, on peut se servir à la pelle.