Scénario


Pour : Tsaliar


Auteur(s) :

Benjamin SCHWARZ

Illustrateurs(s) :

Benjamin SCHWARZ

Ghislain THIERY


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26 pages - 645 ko

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Eastenwest > 16 - Les Justiciers



Linz la Trouble



" Aux dernières lueurs
D'une journée trop courte
La rose coupée
Flétrit et meurt
Laissera- t-on impunie
La main criminelle qui l'a tuée ?
Fut-ce celle d'un dieu ? "
Extrait de la quatrième southine de l'Oasis Pourpre

Ce scénario s'adresse à une compagnie pouvant être mandatée par les seigneurs conservateurs.

Prélude

La ville de Linz est une cité pour la moins particulière, et ce à plus d'un titre. Tout d'abord, c'est un point névralgique à la frontière entre le " monde connu " et le Shaïmar, le désert, où dit-on, des milliers de nomades vivent en dehors de la société des initiés. Ville de tous les contrastes, Linz a été édifiée en strates superposées dans une faille de dix kilomètres de long. La vie y est franchement différente suivant qu'on vit en haut ou en bas, proche de la lumière ou au contraire loin d'elle.
Enfin, Linz est la ville de résidence d'un des personnages les plus influents de la terre du refuge, le général Ali Al Djarka. Bien que seigneur et grand maître de sa maison, celui-ci a laissé au brigand Takar Mérénin le soin de prendre en main la politique de cette trépidante cité à cheval entre le monde des initiés et le monde des nomades.
L'assassinat en plein jour d'un des personnages influents de la cité sème le trouble parmi la population. Amin Your Ben Shaïd avait une réputation d'homme probe, honnête et droit et était adulé par une bonne partie de la population.
Même sans cela son statut de dey justifierait à lui seul que son meurtre ne reste pas impuni. Mais l'enquête piétine, et pour montrer un signe fort il a été décidé de mander la constitution d'une compagnie afin de résoudre l'affaire. Les personnages-joueurs auront donc la difficile tâche de trouver un coupable à ce meurtre.

S'ils sont fervents serviteurs de la vérité, une fastidieuse enquête les mènera à salir la mémoire du défunt. S'ils sont plus rusés que cela, ils comprendront qu'en définitive ce qu'on attend d'eux ce n'est pas forcément la vérité, mais plutôt un coupable qui satisfasse au mieux les intérêts de tous.

En marge de cette enquête, les personnages trouveront de nombreuses pistes leur permettant de placer des pions dans la ville, de briller encore plus aux yeux des divers initiés de l'endroit, ou au contraire de faire un faux pas.



Éléments de backgrounds

Pour une meilleure interprétation il est conseillé de se référer au supplément "Les tombeaux d'Osnirm" où la cité de Linz a été copieusement décrite, je me permettrai juste quelques rappels rapides avant d'introduire quelques additifs.
Généralités
Linz est constituée de huit strates internes creusées sur des centaines de mètres à même les parois de la faille et de cinq strates externes composées de bâtisses empilées les unes sur les autres. Bien évidemment les strates extérieures les plus hautes appartiennent aux plus fortunés.

On dit que la ville s'est constituée au début de l'ère du refuge lorsque les explorateurs du Shaïmar ont trouvé ombre et protection dans cette providentielle faille au beau milieu du désert. Grossie par la sédentarisation de tribus nomades, Linz est une cité résolument tournée vers le désert. Bien qu'ils aient souvent perdu leur savoir nomade, les Linzari ont gardé bien des usages de leur passé, et prouver qu'on a des origines nomades est ici une grande fierté.
Organisation politique de Linz
De son édification par les nomades, Linz a gardé le système décisionnel générique des tribus du désert. C'est ainsi que le dech, ancien terme générique pour désigner le guide de la tribu, celui qui connaît les chemins et les oasis, est devenu le dey, l'intendant de quartier. La ville est ainsi subdivisée en dix quartiers gérés chacun par un dey. Le titre de pacha était jadis une marque de déférence que les deys pouvaient décider d'attribuer à l'un des leurs. Depuis qu'il a été attribué à un initié, le titre a cependant pris plus de poids pour signifier officiellement "dey des deys".

L'autre personnage influent de la tribu est le shach ; il est le guide spirituel et l'intercesseur de la tribu avec les esprits (principalement l'eau, le sable et le vent). En ville il est devenu shayr et conserve une grande importance spirituelle bien que ses prérogatives envers les esprits ne soient pas officiellement reconnues.
De fait la position des shayrs est assez délicate, car si certains habitants ont tendance à les voir comme des intermédiaires du monde des esprits, c'est là un sacerdoce qu'ils ne peuvent officiellement revendiquer, le rôle étant tenu par les patriarches et leurs instruits. Pour balayer cette ambiguïté, beaucoup de shayrs se posent clairement en gardien de la tradition, en détenteurs des lois et de la moralité ou en "sages", refusant systématiquement d'assurer toute implication concernant le divin ou les esprits. D'autres shayrs moins scrupuleux entretiennent de bonne ou de mauvais foi la croyance populaire.

La ville de Linz comporte près de deux cents shayrs dont dix grands shayrs, considérés sages parmi les sages, constituant l'antique Shaïra ou "conseil des sages". Un conseil amené entre autres à se prononcer sur la valeur morale des prétendants au poste de dey, une simple indication qui aura beaucoup de poids dans la nomination des deys mais qui impactera aussi beaucoup dans leur exercice du pouvoir. Un individu nommé dey bien qu'ayant une mauvaise appréciation de la Shaïra aura en effet bien du mal à se faire respecter.

La politique linzari repose donc sur un équilibre précaire et une reconnaissance tacite de la limite de ces trois pouvoirs.

Certaines familles anciennes bénéficient de l'estime de la population, généralement pour des faits accomplis par leurs ancêtres, pour leur conduite irréprochable ou plus souvent sans qu'on se souvienne exactement pour quelle raisons. La majorité de ces familles sont riches et "anciennes". Contrairement aux dey, elles n'ont aucun statut officiel mais comme les shayr, le pouvoir que la population leur accorde constitue une position tacite particulière, même envers le pouvoir local. Ces familles constituent la noblesse linzari, et il serait fort mal vu de se rendre manu militari chez l'un d'eux. Au pire faudra-t-il arrondir les angles en passant préventivement par les shayr ou les deys.


Linz et l'eau
Linz est couramment appelée la ville argentée en référence à l'eau qui s'écoule de strate en strate et de terrasse en terrasse au travers d'innombrables canaux irrigant piscines, bassins, jardins d'agréments, potagers privés... De fait, un ingénieux système de vannes, de canaux et d'écluse permet d'irriguer la ville, garantissant le plaisir des habitants mais aussi et surtout leur santé et leur hygiène.
On comprendra qu'à Linz le travail de l'eau soit une responsabilité autant qu'un honneur. Les éclusiers ont la charge de l'entretien et de la gestion des installations ; il existe quatre grades d'éclusier, le dernier rendant compte directement au dey de son secteur ainsi qu'à l'arpenteur Garname. Outre le prestige de la charge, le salaire est assez conséquent puisqu'il est de 4xVE moûrns par jour pour un petit éclusier et qu'il double pour chaque grade supérieur.
Mœurs linzari
Dans le désert les histoires de cœur peuvent ruiner le fragile équilibre des caravanes, aussi les shach éduquent-ils leurs ouailles dans le respect d'une doctrine simple : fidélité des couples et malheur aux contrevenants. En ville sous l'effet de la promiscuité, les mœurs se sont à la fois relâchés et radicalisés.
On a ainsi vu fleurir les koïs et autres établissements "galants" cependant que la morale réprouve leur visite. Certains de ces établissements sont dédiés aux plaisirs raffinés de la poésie de la danse et de la musique ou de la cuisine, les jeunes filles qui y pratiquent sont pures, chastes et parfaitement éduquées et il n'est pas rare qu'elles finissent par trouver un mari parmi la clientèle. Néanmoins ces endroits privilégiés ne sont pas légion et bien que cela ne trompe personne, derrière une façade poétique se cachent généralement des pratiques moins licites.

On prétend par exemple que les établissements les moins bien famés laissent libre cours à des pratiques orgiaques et des spectacles d'accouplement avec des animaux pour le plus grand plaisir d'un public décadent. Les deys sont partagés sur la conduite à tenir envers ces établissements, certains pensent qu'il faut savoir lâcher un peu la bride. Quant aux shayrs, ils condamnent l'hypocrisie, et certains vont jusqu'à demander la fermeture de tous les établissements sans distinction.

Ce sont les femmes qui subissent le plus la radicalisation des mœurs. Linz est en effet une ville profondément misogyne où l'on fait peu de cas de leur volonté et beaucoup de leur fidélité. Le voile, à la fois symbole virginal, protection contre le soleil et le regard des hommes, n'est quitté que dans l'intimité du foyer.

Les Linzari ont conservé les lois de l'hospitalité de leur passé nomade. On ne peut refuser l'eau à celui qui la demande, on ne peut mettre un invité à la porte sauf abus flagrant de l'hospitalité (la rumeur se répandra alors rapidement au détriment de l'importun), à table on met toujours un couvert de plus pour le nécessiteux. Ce dernier usage est très symbolique car si dans le désert on a pitié du nécessiteux, en ville les pauvres dérangent. Les gens riches font néanmoins plus ou moins office de soupe populaire en distribuant leurs restes à la porte de derrière ou pour certains en organisant occasionnellement des repas pour les plus démunis.
Lorsqu'on reçoit quelqu'un on lui sert toujours un thé dont la qualité ainsi que celle des mets qui l'accompagnent dépend de la richesse de celui qui invite et de la valeur qu'il accorde à son invité. Pour qui est un minimum perspicace, c'est aussi un bon indicatif du caractère et de l'humeur de l'hôte.

Les Linzari sont des gens très fiers. Ils supportent mal qu'on les traite de menteurs ou qu'on s'en prenne à leur honneur d'homme (souvent assimilable à la réputation de leur femme).
Perception des initiés
Contrairement au désert, la société des initiés a pris pied à Linz, mais on pourrait dire qu'elle repose essentiellement sur un accord tacite entre toutes les parties.
La population accorde beaucoup d'importance à l'habitude et aux rites ancestraux. Le choix du cœur leur fera toujours considérer les nobles, les deys et les shayrs comme uniques référents. Quant à ces derniers, plus au fait des réalités du monde ils sont généralement conscients de la fragilité de leur position et suffisamment contents de leur pouvoir pour ne pas en abuser. Ils considèrent donc les initiés avec déférence, exhortant le peuple à suivre leur exemple.

De fait, la populace considère généralement les initiés avec crainte plutôt qu'avec respect, car ici le respect est le fruit d'une grande réputation ou doit se gagner par des actes, le reste est mal compris.
Foi et croyances
En ville les cultes du désert ont naturellement évolué, et perdu beaucoup de sens essentiellement à cause de la perte de rôle d'intercesseur divin du shayr. Les croyants se trouvent ainsi seuls face à une foi ancestrale mal assimilée et dans laquelle il n'y a que peu de place pour le panthéon de Tsaliar. Dans le secret des chaumières on prie encore, bien que rarement, le vent ou le sable. Dans les strates basses on peut voir les vestiges de temples bâtis au début de l'édification de la ville, la majorité ont été investis comme habitation, d'autres ont été abandonnés, mais on prétend que des cultes y sont parfois célébrés.
L'eau et la nature tiennent une place prépondérante dans les rites linzaris. Certains shayrs tentent de rapprocher ces croyances diffuses et floues à un culte à la déesse Ilam. Ils lui rendent grâce sans toutefois se poser en détenteurs de ses arcanes, une manière de préparer l'avenir en se plaçant et en plaçant le peuple dans l'alignement de la société des initiés.

En ces temps de changements une faction radicale est en train de prendre beaucoup d'ampleur dans la ville, menaçant d'en rompre le fragile équilibre. Conduits par le shayr béni Yashoar, les purs préconisent un retour vers les valeurs morales strictes du désert. Un bon millier de Linzaris désappointés par la récente guerre des champions ou par la perte des repères engendrée par une récente sédentarisation constitue le cœur du mouvement proche du fanatisme. Quant aux sympathisants et aux tièdes hésitants à franchir le pas, ils sont légion. Le pacha Mérénin n'a pas eu le temps de voir venir le problème et actuellement agir frontalement serait risquer une guerre civile.



Au commencement

Le meurtre en plein jour du dey Amin Your Ben Shaïd le Secundus Lanum du lapin enflammé (20/7/672) a semé l'effroi dans toute la ville, et tout fut fait pour retrouver le coupable. Malheureusement, dès le début, l'enquête commandée par Takar Mérénin piétine. À sa décharge, sa position de pacha au sein des deys lui donne une certaine ascendance sur eux mais l'oblige à beaucoup de concessions, lui liant proprement les mains. Des subtilités que le général Ali Al Djarka a bien du mal à comprendre ou simplement à admettre.

Soucieux de régler cette affaire au plus vite il décide de profiter du concile des maîtres et grands maîtres organisé à Espérant par l'archimage Lydrahen et débutant au primus smaranis du lion enflammé (1/8/672) pour solliciter les ordres majeurs et demander la création d'une compagnie qui enquêtera sur l'affaire.
Si les personnages viennent de terminer la campagne du Sarinel (" les Choix de l'archimage ") il est très probable qu'on décidera de les envoyer eux plutôt que de créer une nouvelle compagnie pour l'occasion.
La solution de faire venir une compagnie a le mérite de convenir à toutes les parties car pour la société linzari elle constitue un signe fort de l'implication des initiés dans l'enquête, et donc une reconnaissance implicite de la gravité du meurtre. Elle permet en outre de décharger Takar et les autres initiés locaux du rôle ingrat d'enquêteur dans leur propre ville.

Pour entretenir l'"illusion Mérénin", la compagnie est officiellement formée sur demande de Takar et non du général. Le temps que les missives soient envoyées, les joueurs recevront ordre de se présenter le tertius jada du dragon enflammé (26/10/672) à la tour nord de Linz afin de se mettre au service du pacha Takar Mérénin, quitte à ce que Lydraen permette l'utilisation des ambassades pour que la date soit respectée.
En route pour Linz
À quelques lieux de la ville, la minuscule oasis de Mékren Linz (la halte de l'eau) constitue un point de passage quasi obligé pour les voyageurs en transit de linz. Là se côtoient nomades, voyageurs, citadins en loisir ou en pèlerinage. Car Mékren Linz est considéré par beaucoup comme un lieu saint, né du vent de l'eau et du sable. De nombreux Linzaris y viennent en retraite, pour méditer ou simplement aux moments importants de leur existence.

Le Tertius Aes du Dragon enflammé (25/10/674) les personnages auront l'occasion d'y observer un attroupement. Une centaine de personnes sont venues de Linz pour assister à l'homélie d'Amin Your Ben Shaïd. Le dey, homme pieux, venait souvent à Mékren Linz, aussi pour que le lieu retienne à jamais sa mémoire son intendant a dépêché un jeune homme pour y chanter les southines du vent et du sable. Dans les intervalles entre chaque chant, des gens se relaient pour réciter des poésies ou juste faire l'éloge du défunt avec leurs mots simples. Certains nomades apprenant la mort de l'homme sont visiblement peinés, on voit même d'impressionnantes scènes d'affliction.

Mékren Linz constitue un avant-goût du spectacle qu'offre la plaine de la Maliarbé à celui qui vient de faire un long voyage dans le désert. Du haut d'une dune on a un panorama magnifique sur ce fleuve en plein désert et sur les jardins qui le bordent. On devine aussi la haute palissade qui entoure la faille dans laquelle la ville est construite.
Mandat d'enquête
Dès qu'ils se seront présentés les personnages seront conduits à Takar Mérénin au travers le dédale de passerelles, de terrasses et de tunnels qui constituent les strates les plus élevées de la ville.

C'est dans un jardin privé que le pacha recevra la compagnie. Il leur expliquera les tenants et les aboutissants de l'enquête devant un thé chaud servi par un homme rat.
Le dey Amin Your Ben Shaïd était un homme très important et très respecté à Linz. Il a été assassiné le secondus lanum du lapin (20/7) dans l'heure de midi. On a retrouvé les corps du dey, de son premier fils et de sa première épouse marqués de coups de cimeterre une quinzaine de mètres en contrebas d'une passerelle de surface. Les strates extérieures sont plutôt désertes aux heures chaudes de la journée, mais par chance un jeune homme du nom de Khaleym, attiré par le bruit de la chute a immédiatement donné l'alerte. Cependant lorsque la garde est arrivée les meurtriers avaient déjà fui et on ne les a jamais retrouvés. Le pacha remettra aux personnages cinq perles de jades qu'on a retrouvées à côté du dey.

Takar Mérénin répondra à toutes les interrogations des personnages concernant le drame, à la suite de quoi il leur proposera une rapide présentation de la ville et des rites de ses habitants (rapide résumé des éléments de background). Si la compagnie comprend une femme, Mérénin s'attardera sur la position de la femme à Linz et visiblement gêné laissera entendre que dans certains cas et avec certaines personnes le port d'un voile, "léger artifice vestimentaire sans conséquence", sera apprécié et ouvrira bien des portes. Pour finir Merénin pourra laisser entendre que le général suit l'enquête de très près et qu'il peut être très appréciable pour de jeunes initiés de se faire apprécier d'un grand maître.

Avant de les quitter, le pacha livrera les personnages aux bons soins de Kamoun, un jeune homme à peine sorti de l'enfance mais très compétent. Kamoun sera un guide très appréciable, ne serait-ce que pour s'en sortir dans le véritable labyrinthe que constitue cette ville. On prétend que personne n'en connaît tous les dédales, mais s'il devait y en avoir un, à coup sûr ce serait lui. Le jeune homme tentera de communiquer son amour de sa cité aux personnages et si une complicité s'établit il sera capable de prendre des initiatives pour leur être utile au quotidien. Il pourra alors décoder les attitudes des autochtones pour le compte de ses maîtres, ou encore leur faire comprendre le sens caché de certaines réponses. À l'inverse, si les personnages le déçoivent suffisamment, véritable chambre d'écho il ne se gênera pas pour véhiculer des rumeurs. Gare aux ajustements de réputation.


La vérité sur le dey


Ce chapitre relate les éléments marquant de la vie du dey d'Amin Your Ben Shaïd et détaille les circonstances de sa mort. Ils pourront être utiles à la compréhension de l'enquête et comportent de nombreux éléments notoires que les personnages pourront glaner auprès de la population.
La vie exemplaire du dey
Fils aîné d'une famille noble des plus anciennes, Amin reçut pour première épouse Yasmina Ben Khoum, fille aînée de Paycha Ben Khoum, dey respectable d'un quartier particulièrement important de Linz. Une semence trop claire ou un sort peu clément n'offrit à Paycha qu'un unique fils au milieu de seize filles. Or ce fils était déjà promis à la charge de shayr si bien que c'est son premier gendre qu'il proposa à sa succession au poste de dey. Paycha Ben Khoum mourut au service des Libérateurs dans les tous derniers jours de conflit (lors du soulèvement de Linz face au champion Demter), laissant la place à un Amin Your Ben Shaïd au destin déjà très prometteur.

Au cours de ses quelques années d'exercice le dey confirma les attentes de tous et renforça l'estime que le peuple lui accordait déjà. Sa justesse, son intégrité, son intelligence et son ouverture d'esprit en firent une référence au sein même des deys. Ses valeurs simples, proches du désert le menaient parfois à Mékren Linz où il puisait les ressources spirituelles qu'il appliquait dans le quotidien. Loin d'être ermite, le dey favorisait aussi les plaisirs du cœur et de l'esprit. Ami des arts il avait approuvé le développement de certains koïs et en possédait lui-même deux (bien entendu, au-delà de tous reproches.).

De sa première épouse Yasmina il eut trois filles et un fils Moun qu'il destinait à la charge de dey. C'est ainsi que le secundus lanum du lapin enflammé (20/7/672), conformément à la tradition, il se rendait chez le shayr Ayouf Ben Khoum, fils de Paycha et frère de Yasmina, afin que le jeune Moun fasse connaître sa volonté de suivre les traces de son père. Mais c'est la mort qu'ils trouvèrent tous les trois.
La chute du dey
Mounia était une jeune femme guépard fort élégante. À 11 ans elle était déjà excellente chanteuse et habile joueuse de cithare. Ses parents - des nomades sédentarisés à Linz depuis la guerre des champions - s'étaient résolus à la vendre au koï de l'Onde pure, établissement détenu par le dey Amin Your Ben Shaïd et grande référence dans le monde des arts et de la poésie. Cette vente permit aux parents de placer Anouman le frère jumeau de Mounia dans une bijouterie où il apprit rapidement le métier. Il ne mit pas longtemps avant de se mettre à son compte.
De son côté, par ses dons et les enseignements qui lui étaient prodigués dans l'établissement sa sœur jumelle nourrissait un espoir raisonnable de trouver à moyen terme un mari riche si ce n'est intelligent et raffiné. À cet effet elle se parait constamment d'un talisman de mariage, propriété de sa famille depuis de longues générations.

Du talisman de mariage
Dans les ethnies nomades on a souvent recours à des talismans. Ces gros colliers sont censés apporter la bénédiction d'esprits divers en fonction de leur facture et des éléments qui les constituent. Ils peuvent prendre des formes diverses, des plus simples et légères aux plus complexes et lourdes. À Linz ces objets font l'objet d'un réel trafic car rares sont ceux qui savent les produire. En outre certains sont considérés comme de vrais objets d'art.

Les plus prisés sont les talismans de mariage, car généralement plus fins et plus compliqués. Portés par les femmes désireuses de trouver mari, leur facture doit repousser le type d'homme qu'on redoute et attirer ceux qu'on espère. Pour qui connaît les arcanes c'est aussi une bonne source d'information sur les attentes de la jeune femme qui porte l'objet. Il n'est pas rare que de tels objets pèsent un kilo, que leur cordon atteigne les deux mètres et leur valeur au marché de Linz quelques tilôks.

Lorsque le primus aes du chat enflammé (15/05/672) le dey Amin Your Ben Shaïd se rendit au koï de l'onde pure en début d'après-midi, c'est Mounia qui eut le privilège de lui tenir compagnie. Une matinée particulièrement éprouvante avait conduit le dey au bord de la dépression, un état dont il n'était pas coutumier. Il passa l'après-midi dans un salon personnel et isolé à boire lentement sans jamais rien manger, si bien qu'en début de soirée il était ivre et, cédant à des pulsions qu'il ne se connaissait pas, abusa de la femme guéparde.
Bafouée dans son honneur et désespérée de trouver un mari Mounia s'en fût dans sa chambre où elle se donna la mort en se pendant avec son amulette. Regrettant son forfait dès l'instant où il fût consommé, le dey fut profondément mortifié lorsque le lendemain il apprit le suicide de la jeune femme. Après être resté prostré près de deux semaines il partit en retraite à Mekren Linz. À son retour il fit rechercher la famille de Mounia et fit un don anonyme de 14 drâls.

Le suicide de la jeune fille avait passablement secoué le microcosme du koï, mais seules quelques personnes avaient une idée précise des raisons de ce geste. Parmi celles-ci la vieille servante Hind qui avait aidé Mounia à préparer le thé de l'hôte d'honneur et qui avait eu les confidences de Mounia quant à l'état d'ébriété du dey.

Lorsqu'Anouman s'était présenté au koï c'est elle qui lui a appris la terrible nouvelle. Prenant le jeune homme en pitié elle s'est occupée à sa place de la gestion des funérailles de Mounia et passa de nombreuses soirées à lui tenir compagnie. Le destin tragique de cet enfant du désert venant de perdre dans un temps si proche d'abord ses deux parents et maintenant sa sœur jumelle, voilà qui avait de quoi faire vibrer l'instinct maternel de Hind. Le jeune homme ne cessant de lui poser des questions la vieille femme qui ne savait pas tenir sa langue finit par lui révéler un peu de ce qu'elle savait de cette macabre soirée. Sous l'insistance enfiévrée du jeune homme elle finit par tout raconter.

Après être entré dans une rage destructrice Anouman resta prostré dans son atelier volets clos pendant quelques semaines puis, servi par le destin, eût simultanément le désir et le moyen de tirer vengeance.
La mort du dey
Le primus argentum du lapin (03/7) Anouman reçut la visite d'un individu venant régler une soit-disante dette avec son père. Anouman accueillit l'inconnu dans un état d'hébétude total et accepta sans mot dire ni rien comprendre ces 14 drâls qui, du fait du décès de ses parents lui revenait à lui. Content de quitter la sinistre boutique l'étranger ne mit pas longtemps à partir laissant Anouman à ses sombres pensées. Dans son délire, le jeune homme comprit rapidement que cet argent était un "dédommagement" offert par le monstre coupable, et en conçut encore plus d'amertume.
La nuit du primus aes du lapin (05/7) il reçut la visite impromptue de deux cambrioleurs elfes. Resté assis sans bouger dans un coin de l'atelier il les avait laissés fourrager quelques temps parmi ses babioles avant de se faire remarquer d'eux et de leur proposer de les embaucher pour satisfaire sa vengeance. Il leur promit l'intégralité de l'argent qu'il venait de recevoir du dey et leur remit 4 drâls d'acompte, bien plus que les deux elfes avaient espéré obtenir en venant là.

La date de la cérémonie de passage du fils du dey avait été proclamée et il fut facile de deviner l'itinéraire que la famille prendrait. L'information fut fournie aux deux voleurs qui organisèrent le guet-apens. C'est ainsi que le decondus lanum du lapin (20/07) le dey, son épouse et leur fils furent accueillis par les deux assassins occasionnels. Cachés de part et d'autre d'une passerelle ils en bloquèrent les issues dès que leur proie s'y était engagée et se firent connaître comme les vengeurs de Mounia en jetant au dey le talisman avec lequel la jeune fille s'était pendue. Reconnaissant le bijou, ce dernier fut saisi par l'étonnement et la compréhension. Il mourut sans faire un geste pour protéger sa vie ou celle des siens, leurs corps furent jetés à bas de la passerelle.

En dehors d'Anouman, cette scène fût aperçue par trois témoins dont deux seulement seront détaillés ci-après. À 16 ans, Khaleym Loudian et Hasmanid Delkivieh travaillent tous deux dans une tannerie du fond de la faille. Ils profitent souvent de ce que les strates hautes soient désertées dans l'heure de midi pour aller se baigner dans les bassins, parfois privés. Trop loin pour entendre, ils n'en ont pas moins nettement assisté à la scène.
S'étant approché des cadavres au bas de la passerelle pour leur faire les poches, ils reconnurent l'identité du dey. Dans l'urgence les deux jeunes gens ne réagirent pas de la même manière. Se sentant moins concerné par la mort d'Amin, Hasmanid vola le talisman retenu dans la main crispée du dey sous le regard incrédule de son ami Khaleym.
Choqué par ce geste, ce dernier n'en consentit pas moins à laisser son ami s'enfuir avec son butin avant de donner l'alarme. Un temps précieux qui bénéficia grandement aux assassins. Dans sa précipitation à arracher le collier, le jeune Hasmanid laissa toutefois cinq perles dans la main du mort.



Intrigues annexes

Ce scénario comporte un grand nombre d'intrigues entremêlées ou parallèles, le MJ et les joueurs pourront y trouver de quoi désigner un coupable mais aussi des éléments de jeu propices à rendre l'enquête plus vivante ou encore des pions à placer dans la cité en prévision de l'avenir.
1 - Le frère du dey
Au tout début de la guerre des champions, Kaïn Your Ben Shaïd, jeune frère d'Amin, bien décidé à se couvrir de gloire n'hésita pas à repousser son mariage avec Nouana pour s'engager dans une armée. Il choisit logiquement celle d'Elena, seigneuresse championne.
Passé capitaine et initié arpenteur en prévision des prochaines batailles, Kaïn ne comprit pas assez rapidement qu'il se trouvait dans une impasse, et attacha ses pas à ceux de la seigneuresse. Après la prise de Linz par le champion Demter, Kaïn suivit Elena dans sa fuite à Cloris. Cependant, après la cuisante défaite de Kasten, il ne suivit pas Ennery, le successeur d'Elena, et tourna au mercenariat (pillage à l'occasion) plutôt que de se mettre sous le joug d'un nouveau maître, fussent les rebelles. De fait, à la fin du conflit il fut considéré comme initié de guerre et n'eut d'autre choix que de retourner vers son désert d'origine avec ses hommes.

Le retour au désert
Certains nomades sédentarisés ne se font pas à la vie citadine et finissent par reprendre le chemin des caravanes ; on dit qu'ils retournent au désert. Depuis la fin du grand conflit cependant, ce terme englobe aussi ces nombreuses personnes au passé trouble qui voient dans le désert un vaste territoire au-delà du contrôle de la société des initiés.
C'est ainsi que de nombreuses caravanes abritent, parfois sans le savoir, des personnes ayant servi les champions.

Fatigués du désert, Kaïn et ses hommes ont souhaité rentrer à Linz après la Libération, mais la chose était d'autant moins aisée que la ville était sous contrôle du très conservateur Ali Al Djarka. Profitant du flot des réfugiés Kaïn revînt à Linz sous un déguisement. Il y rencontra son frère qui entre temps était devenu dey et avait épousé Nouana pour éviter le déshonneur aux deux familles.

Amin fit comprendre à son frère que le chaos du moment ne donnait pas une assez bonne idée de l'avenir et qu'il était plus sage d'attendre que les choses se tassent, que les chasses aux sorcières et autres purges cessent avant de songer à rentrer. Il proposa même de travailler à la réinsertion de Kaïn et de ses hommes en leur trouvant une couverture au cas par cas. Les deux frères convinrent de se rencontrer aux premières décades des mois du loup et du renard à Mékren Linz où Amin faisait justement retraite chaque année. En attendant, à chacune de leurs rencontres Amin laisserait les portes de son grenier ouvertes le temps de sa présence à l'oasis, Kaïn n'aurait qu'à venir de nuit pour se servir en objets de première nécessité.


Depuis cette première rencontre le dey a réussi à placer deux des hommes de son frère dans une forge, un autre dans une poterie et un dernier, merveille des merveilles à un poste de grand éclusier.
Lors de cette dernière rencontre entre les deux frères le dey avait confessé son crime et son profond remords. Marqué par les exactions dont il avait été témoin à la guerre ainsi que par ses errances nomades, Kaïn analysa la situation avec pragmatisme et conseilla son frère.

"Il est vain de se torturer, mieux vaut chercher le moyen de réparer au mieux et tirer un trait sur le passé. Les morts ne sont plus là mais on peut consoler les vivants. L'argent ne remplace pas la perte de l'être aimé, mais dans l'adversité on est heureux de trouver un peu de réconfort."

Peut-être n'est-il pas inutile de préciser ici que Nouana fut peu convaincue par les prétextes superstitieux avancés par son époux afin de libérer l'accès au grenier à chacun de ses départs pour Mékren Linz. À vrai dire elle eût rapidement une bonne idée de la réalité et voulant s'en assurer se cacha quelques nuits dans le grenier. Elle finit par y surprendre son bien-aimé. Jetons un voile pudique et compréhensif sur la suite des événements et considérons simplement que Nouana est la seule à savoir que son premier né n'est pas de celui qu'on croit. Les deux amants conclurent tacitement de ne plus jamais se revoir avant qu'ils ne puissent célébrer leur union en pleine lumière (bien qu'ils ne sachent pas très bien comment s'y prendre !).
2 - Le déclin rapide des Képhri
La famille Képhri compte six générations de grands éclusiers, une situation prestigieuse et fort rémunératrice pour des gens simples. Les Képhris sont ainsi devenus propriétaires d'une maison à deux étages en bordure de la faille et possèdent un grand jardin privé muni d'un bassin ainsi que de nombreuses parts dans divers potagers.

Le vieux Maloun Képhri voue une véritable passion à l'eau et à son métier, une passion qu'il n'a cessé de transmettre tout au long de sa vie d'éclusier au service de la cité. Respecté de tous pour son travail bien fait et sa gentillesse, il a formé de nombreux éclusiers dont son propre fils Sounouf à qui il venait de transmettre sa charge. Le jeune Sounouf devait malheureusement, par sa jeunesse et son impatience ruiner des générations de labeur en quelques instants.

Le plan de l'eau est un accord ratifié chaque mois entre le dey et ses grands éclusiers, il consiste à prévoir précisément les plans d'irrigation des différents canaux et doit être ratifié par le dey. Or pendant le mois du chien (4e) Sounouf estima qu'en raison d'un ensoleillement moindre, il pouvait réduire d'un quart l'apport en eau d'une terrasse de dattiers et ne jugea pas nécessaire d'en avertir le dey. Apprenant cela, Amin Your Ben Shaïd fit porter une lettre de remontrances à la famille Képhri. Maloun en fut peiné et admonesta son fils. Ce dernier, sûr de son droit et ivre de rage se rendit au koï de l'Onde pure où il savait trouver le dey, et le traita publiquement d'incapable. Bien que ce geste lui coûta, le dey ne pu faire autrement que de demander la destitution du jeune homme, demande à laquelle l'arpenteur Garname, lui-même navré de cet incident, mais garant du respect des titres et responsable des éclusiers, accéda le primus jada du chat (6/5).

Tout au long du mois du chat la famille Képhri multiplia les rencontres avec le dey et finit par obtenir de sérieux espoirs que le jeune Sounouf soit rétabli dans ses droits. Mais au début du mois du renard le dey "tomba malade" et à son retour de Mékren Linz il fit savoir qu'il avait choisi un nouveau grand éclusier et que le jeune Sounouf ne serait rétabli qu'à un rang subalterne.

Par un concours de circonstances tout à fait extraordinaire la maison des Képhri se trouve à quelques dizaines de mètres du lieu où le dey a trouvé la mort. Plus extraordinaire encore, Sounouf Képhri a assisté au meurtre depuis la terrasse où il ruminait ses sinistres pensées. Il a bien évidemment préféré se taire que d'attirer l'attention sur lui.
3 - Le retour des armes du Gildagor
La campagne d'Orion nous apprend que juste après guerre une caravane d'elfes transportant des armes entre la Corianie et les îles elfiques a été interceptée sur le territoire du désert. Le général Ali Al Djarka interrogea les elfes sur l'utilisation qu'ils auraient de ces armes et devant leur mutisme les fit emprisonner. Quant aux armes elles furent proprement et simplement détruites.

Cependant Krim Benfaysel, capitaine de la garde à la solde du général trouvait qu'il était dommage de réduire à néant une cargaison qui pourrait s'avérer si utile à la défense de la ville. Il en détourna donc une bonne partie qu'il cacha au plus profond du dédale des geôles de Linz. Désespérant de voir les armes mal entretenues rouiller lentement dans l'attente d'une hypothétique utilisation, il se résolut le primus aes du renard enflammé (05/6/672) à les vendre à Isman Kouffin, un forgeron du bas de la faille.

Un hasard malencontreux voulut que parmi les clients du forgeron se trouvent deux elfes venant de toucher une forte somme d'argent pour réaliser un assassinat... Avec un peu de poésie ou de mauvaise foi on pourrait dire que si le dey a financé sa mort, c'est le général qui a fourni les armes. Le côté délicat de l'affaire, c'est que si Benfaysel est un militaire capable et loyal, il a un peu oublié dans cette affaire de demander une permission à Al Djarka pour disposer de ces armes.
4 - La fulgurante naissance des purs
Il y a une vingtaine d'années une caravane s'arrêta à Linz pour s'y sédentariser. Shach de la petite troupe, le jeune Béni Yashoar devînt naturellement shayr, et se fit lentement connaître par ses "prêches" stricts copiés sur ceux pratiqués dans le désert. Son idéal austère n'intéressait alors pas grand monde dans une ville en pleine effervescence. La guerre des champions et les longues privations subies par la population ont cependant donné un nouveau souffle à cet orateur exercé. Un grand nombre de shayrs apprécièrent son œuvre au moment où il convenait de prendre en main une population qui menaçait de partir à tout va, et appuyèrent son investiture à la Shaïra. Moins d'un an après cette reconnaissance ils devaient s'en mordre les doigts devant l'ampleur que le personnage prenait.

Le mouvement des purs fut créé au cours de la seconde année d'investiture de Béni Yashoar, il compte désormais trois gands shayrs dont Béni Yashoar, une cinquantaine de shayrs de quartier et un bon millier de fidèles dont le nombre ne cesse de croître, sans compter les sympathisants et les tièdes.

Avide de pouvoir Béni Yashoar sait que son heure est enfin arrivée et ne la laissera pas passer. Suffisamment intelligent pour comprendre qu'il ne faut pas aller contre la volonté d'initiés il est cependant prêt à mettre le feu aux poudres s'il se sent menacé.

Il faut savoir en outre que la mère Taïa, matriarche de Herd à Osnirm, a trouvé un certain attrait à ses théories et elle envisagerait même de l'admettre comme instruit, voire comme servant. De nombreuses rumeurs ont circulé sur la venue de la matriarche à Linz et sur les entretiens qu'elle a eus avec le shayr les primus lanum de l'aigle étoilé (10/09/671) et secundus smanaris de l'aigle enflammé (11/09/671). Un fait qui confère un relatif surcroît de légitimité à l'individu. Nul doute que lorsque la matriarche aura bien compris l'importance de l'individu à Linz elle franchira le pas, il sera alors trop tard pour agir...

Un florilège de règles des purs
L'homme a droit de vie ou de mort sur ses femmes. Celui qui renverse un verre d'eau sera fouetté. L'art ne doit servir qu'au divin. L'alcool est le sang du Shaïtan. Le sexe en dehors de sa fonction unique qu'est la reproduction est une voie de perdition pour l'âme simple. L'argent n'est pas un mal tant qu'il n'est pas un but, et le riche, responsable du pauvre se doit de l'aider.

Actuellement les shayrs qui ne font pas partie des purs sont dans une situation délicate. Les purs sont en train d'établir un système parallèle dans lequel ils désignent des guides moraux qui ont l'assentiment immédiat de la populace. Pour les shayrs il n'y aura bientôt plus le choix : ou bien adhérer au mouvement pour avoir voix au chapitre, ou bien disparaître.

Quant à s'opposer en parole, la partie semble déjà perdue, et en actes cela mènera à la guerre civile. Les grands shayrs auront en outre des difficultés à dénoncer celui qu'ils ont eux-mêmes mis au pouvoir. Ce serait prouver leur incompétence en tant que sages. Enfin, s'ils aimeraient se débarrasser de Béni Yashoar, la plupart des shayrs ne tiennent pas pour autant à perdre leurs privilèges. Autant d'éléments qu'il faudra prendre en compte si on tient à avoir leur appui.
5 - Une goule en liberté
Il n'y a pas si longtemps les fidèles de Béni Yashoar se réunissaient dans la maison même du shayr mais le nombre sans cesse croissant de convertis au mouvement des purs commanda qu'on trouve de nouveaux lieux de réunion où répandre la bonne parole. Or comme la bonne parole se répandait mieux dans les couches basses de la population, c'est dans les strates inférieures de la faille qu'on prospecta pour de nouvelles salles.

Le plus grand lieu de réunion a été inauguré par Béni Yashoar lui-même. Ce temple initialement dédié à un esprit du sable par les premiers colons de la faille a été muré il y a plus de deux siècles lors de l'arrivée en ville des cultes patriarcaux. De fait, honorer de tels esprits serait actuellement considéré comme une grave hérésie. Rouvert et réaménagé le temple accueille maintenant de nombreux adhérents au mouvement des purs. C'est ainsi que les Linzaris défavorisés ont accès quotidiennement aux prêches du grand shayr ou de ses subalternes, généralement en soirée.

Bien que l'événement ait été soigneusement caché, un mystérieux massacre a ponctué les travaux de réfection du temple. Au cours de leur travail cinq malheureux maçons eurent à cœur de briser une dalle de pierre contenant une goule.

Le monstre avait fait office de gardien des lieux pendant les deux siècles de vénération de l'esprit du sable et ne pouvant l'emmener dans leur fuite, les prêtres du sable avaient résolu de l'enfermer sous une dalle de pierre.
Libéré, le monstre ne mit pas longtemps à se réveiller et à mettre les travailleurs en pièces avant de s'enfuir. Le responsable des travaux en comprit suffisamment pour en conclure qu'il serait du plus mauvais effet qu'on apprit qu'il avait lâché un monstre sur la ville. Il convînt donc de cacher au mieux la chose. Le fait est que depuis lors un mystérieux meurtrier rôde la nuit dans les rues de la cité agressant sauvagement d'occasionnelles victimes sans jamais laisser de trace. De fait, on déplore une légère recrudescence des disparitions dans un certain quartier bas de la ville. Concrètement, on est passé de deux disparitions l'année précédente à déjà huit cette année.

Toutes les pistes

Ce que disent les perles
À Linz n'importe qui sera capable d'indiquer que les perles retrouvées dans la main du dey devaient orner un bijou, et vraisemblablement un bijou-talisman Ashiarm. Partant de là, les joueurs pourraient avoir l'idée d'initier une enquête parmi les collectionneurs ou faire appel à un réseau d'informateurs. On apprendra relativement facilement qu'un collectionneur a récemment acquis un tel bijou. Huseym Heynaïm est un bijoutier des hautes terrasses passionné par la culture Ashiarm, il a acquis ce talisman pour 5 moûrns à un jeune garçon qui est venu le voir le secundus lanum du lapin (20/07) au soir. Le bijoutier remettra le collier de bonne grâce et ne voudra pas entendre parler de dédommagement pour un objet volé. Il pourra sans problème décoder la signification des pierres.

Le talisman de Mounia
Un galet plat percé dans le sens de la plus grande largeur et gravé sur une face de lignes courbes parallèles. Un cordon tressé de fils de coton, d'argent, de poils de mouton et de ce qui ressemble à des cordes d'instrument de musique. Un grand nombre de perles de jade et d'ambre portant chacune une marque de protection et d'attraction. Un kilo trois cents grammes et une valeur marchande de sept tilôks sur le marché de Linz.
Ce talisman a visiblement été porté depuis de nombreuses générations et à en juger les marques sur le galet plat (seul apport récent) il a appartenu à une jeune fille désirant trouver un époux doux et cultivé.

Sinon il est probable que les personnages demandent à voir Khaleym Loudian, le jeune homme qui a découvert le corps du dey. Mal à l'aise il pourrait commettre un impair laissant entendre qu'il a vu la scène de meurtre... Chose impossible s'il se trouvait quinze mètres plus bas sous la passerelle comme il l'a déclaré aux gardes. Partant de là, le tanneur racontera toute l'affaire Il ne tardera alors pas à révéler que son ami était aussi présent, et qu'il n'est pas parti les mains vides. Les personnages pourront alors mettre la main sur Hasmanid Delkivieh, puis sur le bijoutier et enfin sur le talisman de Mounia.
La demeure du défunt
Cise sur les deux strates extérieures les plus hautes, la demeure du dey présente un modèle d'équilibre, de goût et un sobre étalage de richesses. Quant au jardin qu'on voit déborder du toit, il a reçu l'attention des meilleurs jardiniers. L'intérieur ne démérite pas par son foisonnement de détails sculpturaux, de tentures ou de mobilier raffiné. Et tout cela sans surcharge ni faute de goût, vraiment, le dey était un homme d'art ! Le premier étage de la bâtisse est destiné au public, les salles du second ainsi que les jardins sont privés, de même que les salles creusées dans la paroi et prolongeant le bâtiment sur trois strates internes.
Il s'agit là principalement des greniers, des cuisines et des chambres du petit personnel.
Comme on pourrait s'y attendre, toute la maisonnée est actuellement en deuil. Cela se traduit essentiellement par des vêtements noirs et des meubles recouverts.

Les personnages seront accueillis par Saladin le vieux majordome de la maison. Homme-rat au poil grisonnant, la famille de Saladin sert fidèlement la famille Ben Shaïd depuis trois générations. Le dey appréciait énormément la discrétion, la promptitude et l'efficacité de ce majordome sur lequel il se reposait plus qu'à son tour. Il fera certainement servir un thé dans le jardin et fera les honneurs des coussins de son maître à ces hôtes de marque, tandis que lui restera debout. C'est l'intermédiaire privilégié pour discuter des affaires du dey, il pourra faire le point sur les possessions et les rentes du dey : quelques bâtisses en haute strates dont deux koïs, des parts dans les jardins extérieurs et une bonne partie des jardins mêmes de la ville.
À la demande des personnages, Saladin pourra faire venir les autres habitants de la maisonnée. En dehors de Saladin, des quatre servantes et de deux serviteurs la maison abrite encore les deux dernières épouses du dey et ses enfants. Petit détail : il serait inconvenant que les personnages demandent à s'entretenir seuls avec ces deux femmes.

Salima est la dernière épouse du dey, fille de nomades lointainement apparentés au dey, elle est arrivée en ville il y a cinq ans pour son mariage convenu bien avant sa naissance. À Linz son seul univers se cantonne à cette maison où elle a su faire ses marques. Peut-être est-ce pour son ingénuité ou bien parce qu'elle est enceinte, mais ici tout le monde l'adore.
Nouana a la trentaine bien tassée, elle a la voix chaude et s'exprime lentement. Seconde épouse du dey elle lui a donné deux enfants, Nahim et Nahouma. Après les tragiques événements c'est Nahim, actuellement âgé de 5 ans qui à l'avenir devra représenter la famille. Yasmina, la première épouse du dey laisse derrière elle deux filles que Salima a déjà prises sous son aile.

Concernant le dey tout le monde est unanime; il était bon et sage à tel point que d'autres deys venaient parfois s'entretenir avec lui.
Très accessible, il s'entretenait toujours avec les visiteurs venus demander ses conseils à toute heure de la journée. Il aimait aussi beaucoup s'entourer et donnait de nombreuses soirées à thème artistique ou philosophique. Il y avait toujours des gens de marque, des notables et même des initiés.

Homme saint on ne lui connaissait pas réellement de religion mais sa ligne de conduite s'approchait assez de celle qu'on accorde aux gens du désert parmi lesquels il avait d'ailleurs quelques contacts commerciaux. Il se rendait souvent à Mékren Linz pour se recueillir, et y passait généralement une semaine entière au début des mois du loup (1er) et du renard (6e).

À cette occasion on pourra apprendre que Saladin a envoyé le meilleur conteur de la ville à Mékren Linz afin d'y honorer la mémoire du dey. Nahouma, la propre fille du dey, âgée de cinq ans, va elle-même chaque jour y réciter la strophe de la southine de l'oasis pourpre enseignée par sa mère. Pour des raisons de sécurité, Nahim a dû rester à Linz. Cette strophe a été quelque peu modifiée par les soins de Nahima dans le but d'attirer l'attention de Kaïn Your Ben Shaïd et de lui signifier le danger à se rendre à Linz en ce moment.
La jeune fille est très fière de son premier poème appris et le répète à qui veut bien l'entendre. Kamoun ou un autre amateur de poésie pourrait s'étonner de ces modifications :
Un caillou à la surface de l'eau
La libellule coupe la crête des vagues et se noie
L'eau de nouveau calme sera meilleure pour se désaltérer

Si l'atmosphère s'y prête, les domestiques ou Salima pourront parler des mystérieuses disparitions dans le grenier qui se produisaient systématiquement une nuit pendant la retraite du dey à Mekren Linz. Le dey avait demandé à ce que les portes restent ouvertes à chacun de ses départs afin que pendant son absence "l'eau le vent et le sable puisse prélever leur juste part". Il pourra s'avérer compliqué de s'intéresser de trop près à ces "larcins" car le dey avait expressément demandé à ce qu'on ne s'y oppose pas. Néanmoins tout le monde souhaite connaître le fin mot de l'histoire, sauf Saladin qui connaît bien le sens du mot fidélité et a oublié celui de "curiosité".
Quant à Nouana, même si elle a de bonnes raisons d'empêcher les investigations, elle ne s'opposera pas longtemps à la volonté des initiés, d'autant qu'elle a de bons espoirs que Kaïn ait compris le sens de son message.

On ne connaissait pas d'ennemis au dey, et jamais aucun heurt n'est venu troubler la calme atmosphère de la maison. Saladin pourra tout de même relater quelques contrariétés relatives aux positions d'un shayr très exigeant. Le succès des théories inflexibles de Béni Yashoar avait en effet la singulière propriété d'avoir fait de son auteur une des rares personnes à énerver Amin; ce ne sera bien entendu pas révélé aussi crûment. De son côté, le shayr ne se privait pas de déplorer trop de liberté dans le comportement d'un homme aussi sage, intelligent et influent que le dey. Il lui reprochait en particulier de cautionner l'utilisation des koïs et d'en posséder lui-même deux.
De manière générale personne n'a la moindre idée sur l'identité de l'assassin, on évoque même la ridicule hypothèse du vol. Mounia et Saladin ont envisagé la question en se demandant à qui profite le crime. Le shayr Béni Yashoar n'a-t-il pas appuyé quelqu'un à la succession du dey quelques jours à peine après l'assassinat ? Mais impossible d'évoquer cette possibilité aussi clairement.

À ce sujet Saladin expliquera que tout ce que faisait le dey était en cohérence avec une conception de la vie qu'il souhaitait enseigner au peuple.
En particulier le koï de l'Onde pure avait pour vocation de faire de Linz un pôle majeur de l'esthétique et de la culture. Quant au koï de la Rose de miel, plus accessible aux gens du commun il avait pour vocation de les enseigner tant dans les dimensions esthétiques que sur les valeurs convenables de la société linzari. Saladin pourra assurer que contrairement à certaines rumeurs, "les affaires de l'amour" y sont traitées dans le cadre de la décence. Le dey était farouchement opposé à tous ces tripots infâmes qu'on peut trouver dans les bas fonds de la ville. Plutôt que de nier le problème de la sexualité dans une aussi grande agglomération, il a voulu la canaliser pour en faire quelque chose de convenable. C'est dans cette optique qu'il faut considérer sa position par rapport aux koïs.

Saladin ne parlera pas spontanément des Képhri. Ayant recueilli les confidences de son maître il sait que le dey était très embêté d'avoir à sévir. Il avait d'excellentes relations avec le vieux Képhri et malgré sa jeunesse Sounouf est un excellent éclusier. Saladin pourra difficilement avouer qu'après avoir envisagé de reprendre Sounouf à son service le dey avait préféré le remplacer par un étranger spécialiste des systèmes hydrauliques fortuitement rencontré à Mekren Linz.

Une décision surprenante que Saladin ne se permettra pas de commenter autrement qu'en abondant dans le sens d'un maître qui se trompait rarement sur les choses et sur les gens. D'ailleurs Kartane, l'étranger en question s'est avéré particulièrement bon dans son domaine et fait un excellent grand éclusier.



Personne dans la maison ne sera capable d'identifier les perles si ce n'est la jeune Salima qui les reconnaîtra comme des éléments d'une " amulette pour attraper un mari ". Une chose est sûre, personne n'a jamais vu le dey avec ces perles.

Les joueurs pourront avoir entendu parler de la "maladie" ou de l'abattement du dey à la fin du mois du chat et poser des questions sur le sujet.
On ne répondra rien qui puisse nuire à l'image du dey, mais ses proches ont été très surpris de cette réaction qui ne lui était pas coutumière. Heureusement la retraite à Mekren Linz l'a remis sur pied.

Si on s'interroge sur le sens du déplacement du dey à ces heures chaudes le jour de sa mort, on apprendra qu'il accomplissait là un rite de passage avec son jeune héritier. Comme le veut la tradition, un futur postulant au poste de dey doit se déclarer à un grand shayr qui l'annoncera et défendra son cas à la Shaïra.
Tu marcheras en pleine lumière
Sous le regard du soleil père de toute vérité
Tu déposeras avec humilité ton fardeau d'homme
Pour prendre celui plus lourd de tous les tiens
En l'occurrence, les deux parents et leur fils se rendaient chez le shayr Ayouf Ben Khoum, le propre frère de Yasmina. Et bien évidemment, l'événement était connu de tous.
Shayr Ayouf Ben Khoum
Le grand frère de Yasmina habite une somptueuse demeure en bordure de strate haute. Il approche la cinquantaine et arbore une barbe blanche du plus bel effet sur sa djellaba noir et or. De ses ancêtres nomades il a gardé le nez busqué et le regard bleu pénétrant. Il s'exprime lentement mais avec fermeté comme s'il pesait chaque mot avant de l'employer, et c'est ce qu'il fait.
Membre de la Shaïra depuis dix ans, c'est un opposant farouche aux théories arriérées de Béni Yashoar et une fenêtre privilégiée sur le système des shayrs pour les personnages. On ne l'a jamais vu élever le ton, ce qui ne l'empêche pas d'avoir son franc parler. Il exposera le fond de sa pensée sans rien cacher, se bornant à des analyses et s'arrêtant avant de porter un jugement.

Pour lui les choses ne sont pas si simples. Le dey et son passage était connu de tous il est donc clair que l'assassinat était prémédité. Le dey par ses activités ne menaçait économiquement personne, au contraire il contribuait au développement de la ville en investissant parfois à perte. Il ne peut s'agir que d'une question de pouvoir. Quelqu'un qui briguait le poste de dey à sa place. Pour l'instant seul Manoufian appuyé par Béni Yashoar s'est déclaré...
Il ne faut pas non plus exclure le cas d'une vengeance familiale ou personnelle. À travers le dey et son héritier c'est peut-être la famille Ben Khoum qu'on a voulu atteindre. On ne leur connaît pas d'ennemis déclarés, mais le nom attise les convoitises et la jalousie. Il y a aussi le cas de ce grand éclusier destitué par le dey après avoir fait un esclandre au koï de l'Onde pure, mais cela semble peu probable.

Interrogé sur Béni Yashoar, Ayouf avouera qu'il ne partage pas ses vues. Bien qu'il ne soit pas loin de le penser, il ne s'aventurera pas à dire qu'il le trouve dangereux pour la ville et se bornera à remarquer que son concurrent a l'aval et l'affection d'une population en manque de repères, et que dans ce contexte le shayr sait très bien les conduire. Pour ceux qui comprennent la différence entre "conduire" et "conseiller" le discours est assez limpide.
Le koï de l'Onde pure
Amin Your Ben Shaïd pensait que l'art et de la culture avaient une importance capitale dans l'humanité, que c'était justement ce qui l'élevait au-dessus de la condition animale. Il a voulu bâtir à Linz un endroit qui abriterait l'ensemble de la culture linzari, conscient que le rayonnement artistique de la ville sur la terre du refuge constituerait une fierté et attiserait l'intérêt des populations locales. Un bâtiment qui symboliserait en quelque sorte l'âme linzari, donnant à ses habitants à la fois un exemple, un repère et les forçant à se niveler eux-mêmes par le haut. Un vaste programme pour lequel il n'avait pas lésiné sur les moyens. L'établissement est assis sur trois strates, comporte de nombreux salons somptueusement décorés ainsi que quelques salles d'eau et des jardins intérieurs et extérieurs. De nombreux initiés se sont impliqués dans cette affaire, du pacha qui a participé pour partie au financement, à l'arpenteur Garname qui a personnellement supervisé les systèmes nautiques et les jardins, en passant bien sûr par les guardians de la brique qui ont participé avec bonheur aux nombreuses réfections et constructions.
Les salles sont hautes et décorées de marqueteries, de mosaïques, de sculptures, toutes typiques de la culture linzari. Les premiers étages sont constitués de grandes pièces destinées aux spectacles ou à la discussion. Des alcôves délimitées par une fine dentelle de pierre permettent de s'isoler quelque peu pour des discussions plus intimes.
Un étage à cheval sur les strates internes et externes abrite des ateliers où des artistes choisis par le gérant de l'établissement peuvent trouver refuge et s'exprimer sans contrainte matérielle. Une petite pension leur est versée, et leurs frais de création sont entièrement gérés par l'établissement. Ils ont en outre la possibilité de faire des "extras" en officiant pour les clients.
Le personnel est composé d'une cinquantaine de personnes, serveuses de salle, cuisinières et eunuques. En dehors des artistes faisant l'objet d'un mécénat, l'établissement "possède" une dizaine d'artistes achetés à leurs familles. Les personnages pourront s'étonner de croiser certaines de ces jeunes filles déambulant très légèrement voilées. Un rite veut en effet qu'à leur entrée dans l'établissement on les marie à une statue de l'établissement de façon à ce qu'aucun mari, présent ou futur, ne puisse être lésé par leur impudicité.

Le pari du dey a en partie réussi car l'établissement fini depuis à peine deux ans est une véritable fierté pour les Linzaris, bien que très peu d'entre eux y aient accès, le prix d'entrée étant en effet prohibitif. Le dey avait d'ailleurs pour projet d'ouvrir mensuellement une partie des salles aux "classes moyennes" qui pour une somme modique pourraient accéder à un spectacle ainsi qu'un repas. Un projet qui risque de tomber aux oubliettes avec sa mort à moins que les personnages n'aient à cœur de rappeler le louable projet. Ils pourraient au passage glaner quelques points de BIE ainsi qu'un point en LOY.

Kéliman Youssaf est le gérant de l'établissement. Jeune homme-guépard, il est habillé simplement mais élégamment d'étoffes écrues et de quelques bandelettes garance ; le moindre de ses gestes est une chorégraphie. Le dey n'appréciait pas forcément cet être maniéré, mais comme homme de goût passionné par sa culture on pourrait difficilement trouver mieux à Linz. Il recevra les PJs dans un salon privé et leur fera les honneurs d'un même thé sobre mais exquis à chaque visite. Il parle lentement, d'une voie enchanteresse, arbore un sourire poli, attend que les gens aient fini pour s'exprimer, et se laisse couper la parole en montrant imperceptiblement une trace d'agacement.


Kéliman partageait les vues d'Amin Your Ben Shaïd en matière d'éducation du peuple par l'exemple et espère bien pouvoir faire de Linz une capitale de l'art malgré la perte de son principal mentor. Il considère par contre que cet établissement est un écrin dans lequel il ne convient pas d'accueillir le commun, après tout le but est de hisser les gens vers les hauteurs, pas d'abaisser la culture vers eux...
C'est Kéliman qui a découvert le corps de Mounia. Il n'a pas mis longtemps à en comprendre la cause et s'obstine à cacher la vérité, plus par intérêt que par loyauté envers le dey. Ce koï est le projet de sa vie et il est prêt à tout pour le protéger de la moindre tâche. C'est d'ailleurs le seul sujet qui pourrait faire perdre son calme à l'homme-guépard.

Le soir même de la découverte du corps Kéliman Youssaf a immédiatement fait remplacer les vêtements déchirés de Mounia par de riches vêtements de deuil et a fait courir le bruit que le suicide était dû à une dépression. La jeune fille ayant mal supporté la mort récente de ses deux parents, le déclin de sa voix ainsi que le fait de n'avoir pas encore trouvé de mari. Ce sera d'ailleurs sa version si les joueurs ont l'idée de l'interroger sur ce suicide. Il fera en outre comprendre que c'est le genre d'événement funeste qui peut nuire à un établissement et demandera la clémence des initiés pour ne pas véhiculer la rumeur plus avant.
Si on lui montre le collier talisman la surprise le clouera quelques instants après quoi il finira par reconnaître qu'il ressemble étrangement à celui que portait Mounia, mais il se peut que ce ne soit que le fruit du hasard, il doit bien exister plusieurs colliers de ce type, d'ailleurs il n'est pas rare que les employées se parent de ce genre d'objets.

Kéliman a donné des ordres stricts pour que l'on ne parle pas de l'événement, mais comment mentir à un initié ? En approfondissant le sujet dans l'établissement on apprendra rapidement que c'est justement avec son collier que la jeune fille s'est pendue. Une servante pourra déclarer l'avoir croisée en larmes et les vêtements déchirés. On apprendra aussi que le jumeau de Mounia était présent à la cérémonie de deuil et que c'est la servante Hind qui s'est occupée des funérailles.

La jeune fille a été rendue au désert à l'extérieur de la ville comme le veut la tradition nomade de sa tribu, et Hind pourra en indiquer l'endroit. Le collier n'est bien sûr pas dans la tombe. Serait-ce l'œuvre de pillards ou bien cette vieille servante un peu trop empressée cacherait-elle quelque chose ? Par peur de réprimande autant qu'à cause de ses sentiments troubles pour Anouman, Hind cherchera à dissimuler le fait qu'elle l'a vu emporter le talisman familial. Consciente que si son protégé s'avérait coupable elle ne serait pas pour rien dans la mort du dey, elle ne parlera que contrainte et forcée. Au mieux, passés quelques jours de réflexion et s'ils ont une réputation de BIE elle se résoudra à aller raconter son histoire aux personnages.

Tout le monde ici se souvient de l'esclandre qu'a fait le jeune éclusier Képhri le secundus setis du chien (19/4). " L'eau est trop précieuse pour être gaspillée. Qui es tu toi pour comprendre ces choses ? Reste donc dans ta maison à t'occuper de poésie et laisse donc travailler sur les terrasses ceux qui savent. " Qui pourrait oublier une pareille insulte ? Kéliman condamne sans équivoque : comment un individu si peu esthète peut-il avoir de si grandes responsabilités. Les employés sont plus circonspects.
Chez les Képhri
Située en hautes terrasses et à quelques pas du lieu du meurtre du dey, la maison Kephri serait un modèle de simplicité si ce n'était un luxurieux jardin en terrasse. Les personnages seront extrêmement bien reçus par Maloud Képhri un vieil homme petit et trapu, énergique en dépit du fait que la goutte lui a volé sa jambe gauche. Heureux de pouvoir plaider sa cause devant de nouveaux initiés, le vieil homme leur fera l'honneur de la terrasse et d'un thé relevé accompagné d'une multitude de sucreries.
En quelques mots il dépeindra son fils comme un jeune étalon plein de fougue mais un grand éclusier parfait, le dey lui-même le reconnaissait. Depuis le limogeage de son fils, Maloud n'a cessé de se battre pour réparer l'erreur. L'histoire est simple :
" Pendant le mois du chien (4e) face à un ensoleillement moindre, Sounouf a fort justement économisé l'eau. Seulement il a fait la bêtise d'outrepasser ses droits en modifiant le plan de l'eau sans en référer au dey.
Ce dernier l'apprenant le secundus setis du chien (19/4) nous a aussitôt envoyé une lettre de réprimande faisant très justement remarquer que celui qui n'est pas respectueux dans les petites choses, ne l'est pas non plus dans les grandes. Mon fils irrité par une mauvaise journée prit la chose très mal et eut le geste impardonnable qu'on connaît. Le primus jada du chat (6 / 5) nous avons appris l'effroyable nouvelle par l'arpenteur Garname.
Dès lors je n'ai eu de cesse que d'essayer d'infléchir cette décision très compréhensible mais ô combien lourde à porter pour toute notre famille.
Le primus madreperla du chat (8 / 5) j'ai eu audience avec le dey, il avait l'air désolé de devoir sévir mais il avait été atteint dans son honneur. J'ai compris que je devais revenir avec mon fils. Le primus lanum du chat (10 / 5) je suis retourné avec mon fils. Le dey était très fâché et mon fils n'a pas trouvé les mots du cœur. Quatre jours lui ont suffi pour comprendre dans quel abîme sa bêtise nous avait plongés si bien que le secundus platinum du chat (14/5) après des excuses publiques sincères, le dey semblait prêt à pardonner. En quelques jours tu es passé d'enfant à homme, lui a-t-il dit. Toute la famille pensait que c'était bon, mais après cela le dey est tombé malade et puis il est parti en retraite à l'oasis.
Le primus ambria du renard (7/6) j'ai été prévenu que le dey était de retour et je suis allé le voir. Il m'a accordé une courte audience et a expliqué que la faute était trop grande pour être totalement pardonnée, qu'il nous appuierait pour reprendre des activités de grand éclusier dans une autre Casbah et que pour l'instant il pouvait prendre un rôle subalterne sous les ordres du nouveau grand éclusier Kartane qu'il venait de faire nommer. Naturellement nous avons été très surpris et déçus. "
De fait, n'importe qui connaissait le dey aurait aussi été surpris de ce revirement.
Maloud ne cachera pas son incompréhension. Certes Kartane est bon, étonnement bon pour un inconnu, mais bon tout de même, c'est un étranger ! Cela dit, qui est Maloud pour remettre en question la décision du très sage Amin Your Ben Shaïd ?

S'il n'est pas à la maison Sounouf doit traîner du côté des écluses et des jardins. À dix sept ans, costaud sur le modèle de son père il se présentera humblement aux nouveaux venus.
Sa récente déconvenue semble l'avoir mortifié et maté. Il a compris son erreur et fait montre d'un authentique repentir ne se permettant pas la moindre critique sur la sévérité avec laquelle il a été traité. Ayant assisté au meurtre du dey depuis la terrasse de la maison il s'est bien gardé d'en parler à qui que ce soit de peur d'être suspecté. La venue des personnages lui remettra l'événement en mémoire et il se peut que cette fois il balaie ses scrupules pour parler de ce qu'il a vu : " deux femmes très lestes et rapides ont attendu que le dey soit sur la passerelle pour lui couper la route, une de chaque côté. Elles lui ont jeté une sorte de pendule ou de fil à plomb et ont frappé les trois personnes avec des sortes de cimeterres droits. Ensuite elles ont jeté les corps par dessus le ponton et sont parties en courant vers le sud et vers le bas, tout est allé très vite. " De par leur ossature fluette, un elfe vêtu d'une bourca noire peut effectivement très bien faire illusion. Quant aux katans ils sont très peu utilisés à Linz.
En tout état de cause Sounouf parlera à son père, si bien qu'au pire, quelques jours après leur venue les personnages recevront le témoignage du jeune Képhri.
Des purs
Béni Yashoar est un homme grand et sec à la barbichette blanche clairsemée. À près de cinquante ans son regard perçant en imposerait encore à beaucoup en matière d'autorité. Homme du désert il s'est extrêmement bien adapté à la ville malgré ce qu'on a pu en dire. Il est certain de détenir la vérité mais arrivé aussi haut aussi vite et aussi tard il serait certainement prêt à renier beaucoup de ses croyances pour ne rien perdre de son pouvoir.
Le shayr recevra les personnages, entouré de ses proches et devant un thé sobre accompagné de petits gâteaux secs ou de dattes. La rencontre se fera certainement dans une des nombreuses salles où il officie quotidiennement, ou bien dans son ancien ministère d'affectation qu'il n'a pas encore quitté, dans les strates médianes au sud de la faille. Bien qu'il n'en laisse rien paraître il apprécie beaucoup d'être au centre de l'attention, ce qui va d'ailleurs à l'encontre de ses propres préceptes. Il n'apprécie pas du tout de se faire couper la parole et le fera sentir sans pour autant manquer ouvertement de respect aux initiés.
Pour lui le dey était un homme bon et sage qui s'était malheureusement fourvoyé sur certains points. En favorisant les koïs par exemple, il perdait les âmes simples.
Il condamnera le meurtre et plébiscitera un châtiment exemplaire pour le coupable. Il ne cachera néanmoins pas que la mort du dey est un soulagement. Amin Your Ben Shaïd avait " commencé à exciter les puissants " contre le shayr et le contredisait fréquemment. Certainement un obstacle dressé par Herd (qu'il a étrangement intégré à ses prêches depuis le passage de la mère Taïa) pour tester sa résolution... Béni Yashoar ne sera pas surpris qu'on le suspecte, mais feindra de l'être. Le crime, sauf s'il sert les dieux, est puni ! Et puis il n'avait pas de haine pour lui ; au-delà des mensonges qu'il avait commencé de distiller c'était un homme très sage et très compétent. S'il se sent menacé Béni Yashoar pourra faire des allusions au passage de la mère Taïa afin de laisser entendre, sans jamais le prétendre, que cette dernière le protège.

Quant à Laman Manoufian qu'il a appuyé à la Shaïra pour la succession au poste de dey, il lui a fait passer la cérémonie du passage il y a de cela un an et avait de toute façon l'intention de le présenter incessamment. La mort du dey a précipité la chose, car si les puissants peuvent attendre, le peuple, lui a besoin d'être guidé et conseillé tout de suite.
Laman Manoufian est un homme-loup d'une trentaine d'années, il représente la troisième génération d'une famille commerçante ayant quitté Mendelis pour s'enrichir à Linz. Sans totalement renier ses origines, Laman se revendique entièrement de la ville de Linz dont il arbore toujours la djellaba noire et or traditionnelle. Le commerce n'est pour lui qu'un passe-temps dans lequel il excelle, à l'opposée de ses ancêtres son véritable intérêt irait plutôt vers la politique. Dans un souci d'intégration il s'est rapidement intéressé aux peuplades du désert et à leurs rites, et c'est tout naturellement qu'il s'est rapidement intéressé à Béni Yashoar et à ses théories. En dehors du simple intérêt culturel, Laman a vite compris l'envergure politique du shayr et s'est attaché dans son sillon, attendant son heure. De son côté, le shayr n'est pas totalement dupe, mais il sait que Laman sera un pion facilement manœuvrable. En outre, pendant toutes ces années l'homme-loup a toujours aidé à régler les problèmes d'ordres économiques sans jamais regarder à la dépense.

Il sera possible de rencontrer Laman dans une des salles de réunion ou encore chez lui.
Sa maison se trouve dans les strates extérieures élevées, signe indéniable de richesse. L'intérieur en respecte les moindres préceptes des purs : pas de statues, pas de décorations, les salles sont dépouillées. Mais si elles ne contiennent que le strict minimum, c'est toujours en qualité. Laman a été proposé à la Shaïra le secundus pyris du lion enflammé (12/8/672).
La goule du temple
Cette intrigue peut être envisagée comme un moyen de permettre aux personnages "physiques" de s'exprimer, c'est aussi un moyen de mettre Béni Yashoar dans l'embarras en lui imputant la responsabilité du monstre, quitte encore à le charger en prétendant que le dey a été abattu par cette dernière. Le peuple n'est pas assez savant pour savoir que le monstre n'aime pas la lumière.

Transformée en cellier, la salle principale du temple n'a jamais fait l'objet d'un gros éclairage, si bien qu'un orifice dans le plafond inégal est totalement passé inaperçu. Cette niche discrète a constitué le repaire du mort animé pendant bien longtemps, et elle l'a maintenant retrouvé. En auscultant le cellier on pourra trouver des traces de passage du monstre. Principalement des reliefs de repas. En outre les murs de la salle, mal crépis, ont déjà commencé à s'écailler et on pourra avec bonheur y contempler d'anciennes pictographies qui feront la joie des historiens et des artistes, et le courroux des patriarches. C'est aussi un excellent prétexte pour accuser Béni Yashoar d'hérésie.

Malgré les deux disparitions de gardiens les responsables de la salle ne se doutent pas de la présence du monstre ; après tout, des disparitions il y en a déjà eu cinq autres toutes à l'extérieur et dans les proches environs du temple. La goule a besoin de se nourrir environ une fois par mois, ce qu'elle a fait les tertius madreperla de l'ours (28/03/672), tertius pyris du chien (22/04/672), tertius platinium du chat (24/05/672) (un gardien des purs à l'extérieur du "temple"), secundus lanum du renard (20/06/672), tertius jada du lapin (26/07/672), tertius platinium du lion (24/08/672) (un gardien des purs en ronde à l'intérieur du "temple"), tertius jada de l'aigle (26/09/672). Le monstre sévira encore une fois pendant le séjour des personnages.
Cela pourra par exemple se produire la nuit du (28/10) au (29/10) et du côté de la grande salle des purs, histoire d'attirer l'attention.

MU : 15 PS : 1 EN : 10 PE : 15 AG : 10 PR : 5 RP : 0 RS : 14 INT : 0 VIT : 24 ESQ : 0
Griffes : LA 1 MAI 6 LIM 2 PUI + 3
Ses griffes libèrent un poison violent occasionnant un malus de 1 sur toutes les caractéristiques à chaque fois qu'elle touche. À 0 dans une caractéristique la proie est incapable de se défendre, et le poison est efficace pendant six heures.
Les disparitions dans le grenier
À son arrivée à Mekren Linz le tertius madreperla du dragon (28/10) (2 ou 3 jours après le passage des personnages) Kaïn Your Ben Shaïd apprend la mort de son frère et entend la poésie récitée par la petite Nahouma. Il veut savoir s'il peut espérer venger son frère, et de toute façon s'il doit envisager un long séjour dans le désert, il lui faut "emprunter" les denrées et les ustensiles de première nécessité sur lesquels il comptait en arrivant ici. Il se rend donc immédiatement à Linz où, grimé en mendiant il guette les passages de Nouana.
Dans la journée du tertius setis du dragon (29/10) Kaïn abat un travail de titan. Tout d'abord, dans la matinée il réussit à avoir un rapide entretien avec Nouana et la convainc de laisser le grenier ouvert cette nuit. Ensuite, traînant dans les bas-fonds à l'affût du moindre potin il entend la dernière rumeur prétendant que les meurtriers seraient deux femmes. Souhaitant remplacer son cimeterre, il entend parler d'Ismann Kouffin à qui il achète un sabre de modèle Orioni. Le forgeron lui parle de ses précédents clients qui ont payé leurs katanas rubis sur l'ongle le secundus smaranis (11/07). L'instinct de Kaïn le pousse à s'intéresser à ces deux elfes pourpres que tout le monde appelle les jumeaux de nacre (après tout, les elfes se ressemblent tous). D'après Ismann Kouffin on peut les trouver à la Dague d'os, un coupe-gorge du fond de la faille. Sur place il apprend que les deux elfes ont réglé toutes leurs dettes autour du primus jada du renard (06/07) et n'ont pas été revus depuis le secundus setis du lapin (19/07). Il en conclut que les deux individus sont bien les assassins, qu'ils ont fui la ville et qu'il n'apprendra pas la suite avant de les avoir rattrapés.
En soirée il se rendra à la maison du dey dont il trouvera bien les portes ouvertes. Conformément à ses précédentes venues, il remplira trois grands sacs de toile qu'il traînera deux cents mètres plus loin où un recul de la palissade en haut de la faille permet à ses camarades de se tenir hors du champ de vision des tours. Si la manœuvre n'est pas éventée par les personnages, les hommes remonteront les trois sacs et leur chef à l'aide de filins et rejoindront leur campement du côté de Mékren Linz. Leurs cinq chevaux quittant la palissade seront aperçus par une patrouille qui n'aura pas le temps de les prendre en chasse. Le chef de patrouille se contentera d'un rapport qui arrivera certainement le lendemain aux oreilles des personnages, via Takar Mérénin.

La petite troupe de Kaïn prendra un minimum de repos à Mékren Linz avant de reprendre la route du désert le primus platinum du loup d'or (04/01/673). Se doutant que les assassins de son frère ont dû se joindre à une caravane Kaïn mène son enquête parmi les nomades transitant par l'oasis. Il y rencontre un caravanier faisant la navette entre Linz et Dier qui lui rapporte avoir subi la compagnie de deux elfes pourpres visiblement plein aux as se rendant au Sarinel où ils comptaient s'installer. Inutile de dire que Kaïn prendra la décision de quitter momentanément le désert pour prendre la direction du Sarinel. Très loyaux, ses hommes choisiront de l'accompagner.

Les personnages pourront rencontrer Kaïn le tertius setis du dragon (29/10) autour de la maison du shayr, ou peut-être dans la nuit. Si ce n'est pas le cas, peut-être apprendront-ils que les greniers du dey ont encore été visités alors que les portes étaient restées ouvertes sur la demande de Nouana souhaitant honorer une dernière fois la volonté de son mari. Étrangement, les portes ne sont restées ouvertes qu'une nuit et cela a suffi. Nouana ne parlera que sous la torture ou si elle se sent suffisamment en confiance avec un des personnages. Les personnages pourront alors retrouver la trace du petit groupe à l'oasis de Mékren Linz et apprendre leur départ en direction de Dier ou d'Esperant.

Kaïn Your Ben Shaïd est un homme d'une quarantaine d'années. Vêtu d'un turban et d'une djellaba beige.
Mal rasé, le teint hâlé, des yeux d'un bleu profond aux encoignures ridées à force d'être plissés au soleil, il a le regard perçant et fixe des nomades. Homme d'honneur fort, loyal et bon il a été trop fier pour changer de camp lorsqu'il comprit son erreur. Il en paye actuellement le prix. Véritable fils du désert, ses hommes n'auraient jamais survécu après guerre s'il ne les avait guidés sur les pistes de sable. Pour cette raison et pour son caractère sévère mais juste, son petit groupe lui voue une loyauté sans faille. Fidèle (tardif) à la loi des maisons à laquelle il se sent assujetti, et surtout conscient que cela faciliterait une réinsertion, il n'a initié aucun de ses hommes.

La guerre et le désert ont assagi Kaïn, sans compter cette erreur qu'il ne cesse de ressasser. Il tentera d'abord d'éviter les personnages, mais fatigué de fuir il fera rapidement face. Il sait qu'il n'a aucun intérêt à s'opposer aux "vainqueurs de la guerre" et privilégiera le dialogue puis la fuite. Acculé, il défendra chèrement sa peau non sans avoir tenté de mettre en garde ces blancs becs qui n'ont pas connu la guerre et ne font certainement pas le poids.
Pour sauver sa peau et celle de ses hommes Kaïn possède quelques monnaies d'échange. Le trafic d'arme dont il a bénéficié dans Linz. Du matériel visiblement à destination des îles pourpres, ce qui n'est pas sans rappeler cette caravane d'elfes qui avait beaucoup fait rire les nomades au sortir de la guerre. Comment ce forgeron est-il arrivé en possession de ces armes ?
Si les personnages lui parlent de leurs soupçons concernant Béni Yashoar, il se rappellera que son frère appelait le shayr "tarentule à tête de chien" et qu'il enrageait de voir l'individu progresser et mettre la ville au bord de la révolte sans que personne ne s'en rende compte. Le dey avait commencé de réveiller les consciences et selon Kaïn il est très probable que ce soit Béni Yashoar qui ait armé le bras de l'assassin. Il pense néanmoins qu'on n'aura pas le fin mot de l'histoire avant d'avoir mis la main sur les assassins qu'il a commencé de poursuivre. Kaïn n'a aucune raison de parler du viol mais si les joueurs mettent la question sur le tapis il en parlera assez librement, faisant état du trouble et du remords dans lequel son frère s'était plongé ainsi que de son conseil de dédommager la famille.
Il ne se résoudra pas à suivre les personnages, connaissant trop bien les sentiments du général pour les initiés de guerre. De fait, amener Kaïn ou n'importe lequel de ses hommes devant Al Djarka revient à signer leur arrêt de mort. Si d'ailleurs le général apprenait que les personnages ont fait des tractations avec un initié de guerre, il y a fort à parier qu'il leur accordera une audience houleuse.

Kaïn Your Ben Shaïd (initié arpenteur degré 37)
MU : 15 PS : 15 EN : 14 PE : 14 AG : 14 PR : 15 RP : 18 RS : 17 INT : 0 PUI : + 3 VIT : +1 AG : +1 ESQ : +3 COM : +1 Pts de vie : 60 Connaissance du désert : 14, Connaissance des monstres : 10 Dague: LA 1 MAI 10 LIM 7 PUI +3 Cimeterre: LA 3 MAI 13 LIM 5 PUI +3 Lance longue: LA 5 MAI 14 LIM 5 PUI +3 Arc court : LA MAI +5 LIM +4 PUI +3 Kaïn est entouré de cinq hommes-guépards, de trois humains tous instruits arpenteurs degré 5 et prêts à mourir pour leur chef. MU : 15 PS : 11 EN : 14 PE : 13 AG : 12 PR : 10 RP : 10 RS : 12 INT : 0 VIT : 32 ESQ : Pts de vie : 32 Connaissance du désert : 2 Maîtrise particulière d'une des armes : Cimeterre: LA 3 MAI 10 LIM 3 Lance longue: LA 5 MAI 11 LIM 3 Arc court : MAI 8 LIM 3
Sur la piste des armes
Au cours de leur enquête, les personnages seront peut-être amenés à rencontrer Isman Kouffin, un forgeron homme-guépard du fond de la faille qui écoule lentement un stock d'arme acquis le primus aes du renard enflammé (05/06/672). Isman a conscience que la transaction qu'il a eue avec Krim Benfaysel s'est faite dans le dos du général, il se doute en outre de l'origine de ces armes et sait qu'elles sont supposées détruites.
Acculé, il essaiera d'obtenir des garanties pour sa sécurité avant de lâcher le nom de Krim Benfaysel. Il sera en outre capable de produire une liste de ses clients : deux elfes surnommés les jumeaux de nacre le secundus smaranis du lapin (11/07), un homme-ours mal léché du fond de la faille surnommé le Kalistanais le secundus argentum de l'aigle (13/09) et enfin un inconnu le tertius setis du dragon (29/10). Très physionomiste Isman a reconnu dans Kaïn un probable initié de guerre, et il n'hésitera pas à le signaler à ses interlocuteurs s'il pense que cela pourra le servir. Il pourra aussi indiquer la Dague d'os aux joueurs, le tripot repaire des jumeaux.

Les personnages seraient bien inspirés de ne pas ébruiter les débordements de Krim Benfaysel, le général tenant beaucoup à la réputation des subordonnés qu'il s'est choisis.
Sur la piste des assassins
S'ils investiguent sur les ventes de vêtements, les personnages apprendront que les bourcas noires du type de celles décrites par Sounouf Képhri sont typiques d'un quartier bas au sud de Linz. Une enquête parmi les fripiers de la casbah leur apprendra que le secundus samaranis du lapin (11/07) deux elfes mâles surnommés les jumeaux de nacre ont acheté chacun une bourca à leur mesure. Chacun fait ce qu'il veut, surtout quand on est connu pour sa facilité à jouer du couteau.

À la Dague d'os on apprendra que les jumeaux de nacre sont deux petites frappes qui jouent régulièrement les gros bras pour motiver les mauvais payeurs. Ils ont réglé toutes leurs dettes autour du primus jada du lapin (06/07) et on ne les a plus revus à partir du secundus setis du lapin (19/07). Tout le monde pense qu'ils ont dû dévaliser une bijouterie ou une quelconque villa bien que rien ne soit encore venu étayer l'hypothèse. Il n'est peut-être pas inutile de savoir que les elfes ont laissé courir la rumeur comme quoi ils avaient servi les libérateurs. Ils ne s'en sont néanmoins jamais trop vantés, de peur qu'on aille vérifier qui ils avaient servi avant.

À Mékren Linz on pourra entendre parler de ces deux elfes pleins aux as qui partaient vers Dier et le Sarinel. À partir du primus platinum du loup d'or (04/01/673) on pourra aussi entendre parler de ce nomade qui s'intéressait de près aux deux elfes et semble être parti à leur recherche avec sa caravane de 8 hommes.
Si les personnages sont à ce point motivés qu'ils arrivent à attraper les deux elfes avant Kaïn, ils apprendront l'identité du commanditaire de l'assassinat, à supposer qu'ils ne l'aient pas encore découvert par un moyen plus simple.


Giro et Shagorku (instruits seigneurs rang 5)

MU : 12 PS : 11 EN : 12 PE : 14 AG : 17 PR : 10 RP : 10 RS : 13 AG : +2 ESQ : +4 Pts de vie : 30 katana: LA 3 MAI 16 LIM 2
Les purges
Les joueurs seront peut-être tentés de mettre de l'ordre dans les anciens faits du dey. Ce Kartane qui a remplacé Sounouf Képhri au poste de grand éclusier et qui est si doué ne serait-il pas un initié de guerre comme certains semblent le penser ? Et ces autres pèlerins auxquels le dey avait trouvé des postes, ne seraient-ils pas non plus d'anciens mercenaires à la solde des champions ?

Le grand éclusier Kartane est un humain de 36 ans initié guardian au cours de la guerre pour son génie de la mécanique et non pour son bellicisme. Il a passé une infime partie du conflit dans les armées, occupé à la réalisation d'engins de guerre et a profité de la désertion de Kaïn. Kartane est un passionné de l'hydraulique qui a miraculeusement trouvé sa place. L'arpenteur Guarname est très content de cet élément au passé duquel il n'accorde que peu d'importance, il est néanmoins conscient des positions du général et ne défendra pas Kartane une fois le masque tombé.

À la demande des initiés Saladin pourra exhumer les archives de l'exercice de son maître. On y trouvera les références aux emplois que le dey avait fourni à des pèlerins au retour de ses retraites à Mékren Linz.


Le primus ambria du loup étoilé (07/01/671) Alef Kénoufi et Tau Bénsousan à la grande forge ouest, le primus ambria du renard étoilé (07/06/671) Malik Loued dans une poterie au nord de la faille et enfin, le primus madreperla du renard enflammé (08/06/672) Kartane recommandé à l'arpenteur Garname.

Le général Al Djarka appréciera beaucoup ce zèle tant que les affaires sont menées sans salir la mémoire du dey. Les personnages pourront espérer y glaner +1REU +1LOY. S'ils sont clairement associés aux arrestations du point de vue de la population ils pourront en outre gagner +2CON et perdre de la bienveillance si cela se passe mal.
Le vrai coupable
Depuis la mort du dey Anouman a rangé son atelier et s'est remis au travail, mais quelque chose s'est brisée en lui. Le viol et le suicide de sa jumelle, et maintenant les remords concernant son propre acte. Il ne vit plus que comme un pantin, par habitude. Il ne porte même plus le deuil, à quoi bon...
Les personnages n'auront aucun mal à trouver le jeune homme-guépard qui ne quitte guère plus son atelier. Il a le poil terne, les yeux vagues et cernés et considère toute chose avec la même indifférence. Il ne s'accusera pas d'entrée du meurtre du dey, mais ne s'en cachera pas non plus. Si cela devait entrer dans la conversation il pourrait même révéler de lui-même la vérité aux personnages. " À quoi bon le cacher, c'est moi qui ait fait assassiner le dey. J'ai payé les assassins avec l'argent que cet infâme m'avait fait porter pour mon silence. Je ne regrette rien, à vrai dire, je n'en ai plus rien à faire. "

Rencontrer les initiés

Ce chapitre donne une vision rapide des initiés de la ville et propose quelques interactions avec les personnages. Pour une description plus approfondie on se référera au livre de règles ou au supplément " Les tombeaux d'Osnirm ".
Les décideurs
Seigneur de quatrième rang, le général Ali Al Djarka est officieusement le véritable chef du territoire. Caricature du conservateur il porte une grande importance au respect de la hiérarchie, de l'ordre et des traditions. Individu peu patient, Al Djarka attend beaucoup des autres initiés.
Il ne faut pas oublier que même si la demande officielle émanait du pacha, c'est le général qui est à l'origine de la venue des personnages. C'est donc lui qu'il conviendra en premier lieu de satisfaire. Le général n'apprécie pas d'être dérangé pour rien, il reste néanmoins accessible tant que les personnages n'en abusent pas ; pour les détails administratifs il faudra voir avec un de ses deux capitaines : Krim Benfaysel et Mourad Al'Pechuen.

Pacha de Linz, le chef brigand Takar Mérénin est officiellement le dirigeant politique du territoire.
Un rôle dont il s'acquitte à merveille. Aussi efficace dans le commerce que dans la politique, Takar est un individu très humain qui pourra s'avérer très utile pour les personnages. Il possède entre autre 17 points d'informateurs sur la ville qu'il partagera certainement tant que les personnages n'auront pas la mauvaise idée de le heurter.
Les ouvriers
L'arpenteur Garname a la charge de l'irrigation de la ville. La compétence des hommes qu'il commande pourrait lui assurer un rôle uniquement décisionnel mais il a besoin de s'impliquer physiquement. C'est pourquoi on le trouve souvent en train d'inspecter les canaux ou les jardins. Homme simple et peu bavard il ne s'intéresse pas à la politique.

Il regrette le sort des Képhri qui ont toujours été de bons ouvriers, mais il lui était difficile de ne pas se plier aux règles de fierté de Linz. Et puis, aussi bon soit-il, un subalterne doit apprendre où est sa place.
Garname avait songé à deux autres personnes pour la relève : Mélin Khamal ou les Malaoud Séfid, mais le dey a insisté pour qu'il prenne à l'essai une perle rare qu'il avait déniché à Mékren Linz.. De fait, Kartane est particulièrement bon dans son domaine.

La ville possède une grande richesse qu'elle soupçonne à peine dans la présence de cinq initiés de la brique. Fédor Palmer, Horace Dagon, Jasper Famaran, Lukas Blemsat, Normas Bakt ne vivent que par et pour l'architecture; et ils ont déjà commencé à remodeler le paysage urbain.
Aucunement intéressés par la politique ils pourront néanmoins parler de l'impression positive que leur avait faite le dey. Un homme capable d'investir énormément pour le bien de sa ville.
Les boulets
Rencontrer Tam, Viktor, Oria ou Fakar pourra en apprendre beaucoup sur la bêtise humaine.
Les quatre arpenteurs sont officiellement ici pour protéger la population d'hypothétiques créatures monstrueuses, mais ils arpentent plus souvent les tavernes et les rues mal famées de Linz, terrorisant à peine plus les criminels que les honnêtes gens. Le général a dû mettre bon ordre en plaçant leurs quartiers juste sous ses fenêtres.
Les quatre arpenteurs se moqueront ouvertement des personnages, et leur aide, si tant est qu'ils daignent l'accorder tournera au cauchemar pour les personnages qui seront assimilés à leurs probables méfaits. Néanmoins ils connaissent bien les bas-fonds et la pègre de la ville, une bonne source de renseignements pour arriver aux assassins du dey ou au marchand d'armes.

Le magiocrate Galis est un individu vantard et de mauvaise foi ne voyant pas plus loin que son profit. Grâce à sa présence dans les rangs des libérateurs (c'est du moins la version officielle, dont il ne démord par !) il a réussi à se faire octroyer la gestion officielle des jardins extérieurs de Linz. Une charge honorifique dont il laisse le travail aux deys bien plus compétents. Il ne s'intéressera aux problèmes des personnages que s'il y flaire un quelconque moyen de se faire mousser ou de tirer un bénéfice substantiel. Dans ce cas il ne cherchera même pas à connaître la vérité, essayant au mieux de trouver les preuves qui "démontreront" la justesse de son intuition ; de préférence l'hypothèse la plus séduisante du moment.

Quant au guardian intellectualiste Vlatchir, il y a peu de chance que les personnages le rencontrent, perdu qu'il est dans le désert et dans des pensées qui ne sont pas moins arides. Mais au fait, quelle est la forme exacte d'un grain de sable ?




Un crime, un coupable

Quelques indications pour le traitement des récompenses accordées aux joueurs.
Faux pas, impairs et bourdes
Dans le contexte tendu de la ville de Linz les occasions de faux pas sont nombreuses. En fonction de la gravité de l'impair la compagnie aura affaire au pacha Takar Mérénin, à Takar Mérénin "sur demande" du général Ali Al Djarka, ou enfin au général lui-même. Inutile de dire que dans ce dernier cas toute récidive sera considérée comme un échec de la mission et donnera lieu à une perte de LOY, un rapport salé aux hiérarchies des personnages, ainsi qu'à une évacuation discrète. Le score de REU sera bien entendu de 0, modulé par la remarque suivante.
Pas de coupable ? Un coupable !
Si les personnages ne parviennent pas à trouver un coupable on s'occupera de le faire pour eux parmi les éternels simplets prêts à s'accuser de tous les maux. L'individu sera promptement jugé, torturé (il faut bien faire plaisir au peuple) et exécuté en place publique. Pour sauvegarder les apparences, c'est bien évidemment aux personnages qu'on attribuera la capture du criminel, ce qui leur vaudra un bonus totalement factice de +1 REU.
Toute vérité est bonne à taire
Trouver la vérité ne présente d'intérêt pour personne, le général appréciera néanmoins le travail difficile et minutieux de la compagnie. De fait, si les personnages ont la bonne idée de présenter leurs conclusions au général ou au pacha plutôt que de les ébruiter, ils peuvent compter sur un +1 REU (bonne enquête, mais intérêt franchement moindre) +3 HON (il y avait des coupables plus faciles). Le coupable sera dûment châtié et on taira ses vraies raisons car il serait très mal venu d'entacher la mémoire du dey que tout le monde pleure depuis deux mois.

Si d'ailleurs les personnages ont l'imprudence d'ébruiter l'affaire du viol ils seront déconsidérés de la population -3 BIE (malheur au porteur de mauvaise nouvelle) -1 HON (tout le monde ne les croira pas) -1 LOY -2 CON (on attendait d'eux qu'ils préservent le sacro-saint dey), sans compter le fait que cela constituerait une faute grave du point de vue d'Al Djarka. Les personnages les plus impliqués pourront en outre écoper de petits surnoms tels que "le menteur", "la hyène" ou "le vautour"...
Sans parler du cas où ils accuseraient Anouman sans avoir ses aveux publics. Par contre, les personnages seront sans doute très considérés par le Temple du Soleil Blanc, qui ne manquera pas de leur faire appel... si on lui laisse un jour diligenter une affaire !
Du bon choix d'un coupable
De manière générale, tout choix d'un coupable qui se tient rapporte +1 REU. Voici quelques choix de coupables et des indications de rémunération. À la discrétion du MJ.

Les héritiers : L'affirmation des compagnons suffit
L'oncle shayr : L'affirmation des compagnons suffit mais la Shaïra proteste -2 CON
Les Képhri : L'affirmation des compagnons suffit
Des voleurs : L'affirmation des compagnons suffit, +1 CON (Les bonnes gens approuvent)
Laman Manoufina : L'affirmation des compagnons suffira certainement, -1 CON cependant car protestation discrète de la Shaïra et des purs.

Béni Yashoar : Il faut une preuve flagrante (arme retrouvée chez lui, aveux de sa part !? ou attribution de la "paternité" de la goule...) +3 REU (grande satisfaction du général et du pacha, les personnages sont allé au-delà de ce qu'on attendait), +2 COU (la population a un peu peur du shayr). On risque par contre de s'attirer l'inimitée perverse de la mère Taïa.

Kaïn Your Ben Shaïd : Le simple fait de le ramener devant le général signera sa condamnation. Compter +2 REU (le général apprécie), +2 CON (un initié de guerre de retrouvé), +2 COU (l'homme est doué !).

Simplement l'accuser - sans qu'il ne soit captif - ne donnera par contre pas satisfaction à Al Djarka. Si Kaïn venait à mourir il est probable que Nouana décide de l'accompagner dans son dernier voyage. Cette mort donnera lieu à une floraison de petits poèmes niais comme les aime la populace. S'ils sont associés au drame les personnages y gagneront vraisemblablement des ajustements de réputation ainsi qu'un petit surnom.


Les plus
Venir à bout des problèmes supplémentaires sera indéniablement un plus, mais le fait de négliger l'enquête principale pour se disperser dans des enquêtes annexes sera très mal apprécié des décideurs. En particulier, les points de réussite supplémentaires ne seront accordés que si les personnages ont trouvé un coupable acceptable.

Arrêter la goule rapportera +2 COU +2 BIE (les gens avaient peur), +1 REU

Démasquer au moins un "initié de guerre" "infiltré" par le dey +2 CON +1 REU +1 LOY et peut être une perte de BIE en fonction du déroulement des arrestations.

Démasquer les agissements du capitaine Krim Benfaysel posera un petit problème diplomatique aux personnages. Le mieux serait qu'ils aient la bonne idée de passer par Mérénin ou qu'ils s'entretiennent directement avec le général. Dans ce cas-là il leur faudra posséder toutes les preuves et montrer qu'on comprend bien le caractère délicat de l'affaire. On pourra alors compter sur un bonus +1 REU et +3 LOY. Ou sur une expulsion discrète de la ville avec un -3 CON si on s'y prend mal. Du moment que l'affaire reste privée, Benfaysel sera vertement réprimandé par le général, mais laissé en poste.

En mettant la main sur les jumeaux de nacre les personnages prouveront leur volonté à voir le crime puni. Ils gagneront +1 REU +2 CON à moins de s'être impliqués eux-mêmes dans une longue poursuite, un travail en deçà de leur condition d'initié.


Annexes
1 - Personnages non joueurs
Hasmanid, Khaleym : deux témoins du meurtre, le premier a volé le talisman

Kamoun : guide au service des personnages.

Amin Your Ben Shaïd : le dey assassiné
Yasmina, Nouana, Salima : les trois épouses d'Amin Your Ben Shaïd
Moun : le fils assassiné
Nahim, Nahouma : les enfants de Nouana
Paycha Ben Khoum : père de Yasmina et ancien dey
Ayouf ben Khoum : grand shayr et frère de Yasmina
Salaadin : l'intendant d'Amin Your Ben Shaïd

Kaïn Your Ben Shaïd : frère du dey, initié de guerre arpenteur
Kartane : initié de guerre guardian
Alef Kénoufi, Tau Bénsousan, Malik Loued : iInstruits arpenteurs placé dans la ville par le dey

Béni Yashoar : grand shayr et guide des purs
Laman Manoufian : riche homme-loup commerçant proposé à la succession du dey


Maloud Kephri : ancien grand éclusier
Sounouf Kephri : grand éclusier déchu après avoir insulté le dey, témoin de l'assassinat

Kéliman Youssaf : esthète et patron du koï de l'Onde pure
Mounia : femme-guéparde, joueuse de cithare suicidée
Anouman : homme-guépard, bijoutier et frère jumeau de Mounia
Hind : vieille servante de l'Onde pure, attachée à Anouman

Krim Benfaysel : le capitaine corrompu
Isman Kouffin marchand d'armes expert en armes
Giro et Shagorku : (les jumeaux de nacre) assassins du dey

2 - Dates
Pour faciliter l'utilisation de cette chronologie, les dates ont été préfixées afin de les rattacher à une des intrigues. Un coup de surligneur de couleur pourra tout de même s'avérer nécessaire.
D : Le dey, l'intrigue principale
K : Kaïn, le frère du dey, ou ses hommes
B : Béni yashoar ou plus généralement les purs
G : La goule et les disparitions
A : Les armes du Gildagor
S : Sounouf Kephri et sa mésaventure
M : Ce qui est relatif au meurtre du dey

B ??/??/654 année de cuivre Arrivée de Béni Yashoar à Linz
D ??/01/??? début mois du loup Retraites du dey à Mekren Linz
D ??/06/??? début mois du renard Retraites du dey à Mekren Linz
D 29/10/668 tertius setis du dragon de l'âtre Le dey rencontre son frère à Mékren Linz

Année de l'étoile
K 07/01/671 primus ambria du loup Le dey place Alef Kénoufi et Tau Bénsousan (forge)
K 07/06/671 primus ambria du renard Le dey place Malik Loued (poterie)
B 10/09/671 primus lanum de l'aigle Entretiens entre Béni Yashoar et la mère Taïa
B 11/09/671 secundus smanaris Entretiens entre Béni Yashoar et la mère Taïa

Année du feu
Mois de l'ours
G 23/02/672 tertius argentum Massacre des travailleurs (réveil de la goule)
Mois du cheval
B 06/03/672 primus jada Inauguration de la salle par Amin Your Ben Shaïd
G 28/03/672 tertius madreperla Disparition (1ère attaque de la goule)
Mois du chien
G 06/04/672 primus jada Disparition (rien à voir avec la goule)
S 19/04/672 secundus setis Le dey apprend que Sounouf a modifié le plan des eaux
G 22/04/672 tertius pyris Disparition (2e attaque de la goule)
Mois du chat (enflammé)
S 06/05/672 primus jada Garname destitue Sounouf après demande d'Amin Your Ben Shaïd
S 07/05/672 primus ambria Incident avec Sounouf au koï de l'Onde pure
S 08/05/672 primus madreperla Première audience de Maloud Kephri
S 10/05/672 primus lanum Seconde audience des Kephri
S 14/05/672 secundus platinum Troisième audience des Kephri
D 15/05/672 primus aes Viol à l'Onde pure / suicide de Mounia
G 24/05/672 tertius platinium Disparition chez les purs (3e attaque de la goule)
Mois du renard (enflammé)
D 01/06/672 primus smaranis Dernière retraite d'Amin Your Ben Shaïd à l'oasis
A 05/06/672 primus aes Krim Ben Feyssel vend ses armes à Isman Kouffin
S 07/06/672 primus ambria Dernière audience de Maloud Kephri
K 08/06/672 primus madreperla Le dey recommande Kartane à Garname
M 21/06/672 secundus smaranis Anouman apprend l'histoire
G 20/06/672 secundus lanum Disparition (4e attaque de la goule)
Mois du Lapin (enflammé)
M 03/07/672 primus argentum Anouman reçoit l'argent
M 05/07/672 primus aes Les jumeaux sont embauchés
M 06/07/672 primus jada Les jumeaux règlent leurs dettes
M 11/07/672 secundus smaranis Les jumeaux de nacre achètent leurs katanas et leurs bourcas
M 20/07/672 secundus lanum Assassinat du dey
M 23/07/672 tertius argentum Départ des jumeaux de nacre
G 26/07/672 tertius jada Disparition (5e attaque de la goule)
Mois du lion (enflammé)
01/08/672 primus smaranis Concile à Espérant
B 12/08/672 secundus pyris Béni Yashoar propose Laman Manoufian à la Shaïra
G 24/08/672 tertius platinum Disparition chez les purs (6e attaque de la goule)
Mois de l'aigle
A 13/09/672 secundus argentum Isman vend un katana orioni au Kalistanais
G 26/09/672 tertius jada Disparition (7e attaque de la goule)

22/10/672 tertius pyris
Mois du dragon (enflammé)
26/10/672 tertius jada Arrivée des personnages à Linz
27/10/672
K 28/10/672 tertius madreperla Arrivée de Kaïn Your Ben Shaïd à Mékren Linz
G Attaque de la goule dans la nuit
K 29/10/672 tertius setis Kaïn enquête dans Linz
A Isman vend un katana orioni à Kaïn
K Vol dans le grenier du dey, Nouana a fait ouvrir les portes
K 30/10/672 tertius lanum Rapport sur des activités nocturnes à la palissade
Année de l'or
Mois du loup
K 04/01/673 primus platinum Départ de Kaïn et de ses hommes pour Dier