Nouvelle


Pour : Médiéval-fantastique


Auteur(s) :

Zardet Vincent

Illustrateurs(s) :

Zardet Vincent


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Eastenwest > 12 - Successions difficiles

Humble Mortel, chapitre 22

Voilà donc la suite de ce roman épique commencé dans le numéro 5 et poursuivi depuis. Comme d'habitude, n'hésitez pas à envoyer vos commentaires à l'auteur pour lui faire part de vos impressions. Bonne lecture.

CHAPITRE XXII

 

Les nains ouvrirent la marche en prenant la tête du groupe. Bien qu'évoluant à pied et étant de petite taille, ils avançaient d'un pas vif et les cavaliers étaient à peine retardés. Seul Jelion avait quelques difficultés à suivre ses camarades ; aussi, se permit-il de temps à autre de monter dans la charrette. Les elfes fermaient la marche en restant à distance respectueuse du groupe. Tout le monde était plongé dans le silence et Romik put se rendre compte que l'atmosphère était assez tendue.
Une fois la journée achevée, le groupe s'arrêta sur un plateau et dressa un camp, ou plutôt deux camps étant donné l'éloignement entre les couches elfes et naines. L'inimitié interraciale dont il avait entendu parler se faisait ici clairement ressentir. Mais il se rendit compte par la suite que tout le monde n'était pas ainsi, comme Aïnedegathel, par exemple.
" Veux-tu venir avec moi ? lui proposa-t-elle.
- Euh… pourquoi ? répondit Romik.
- Mais pour aller nous entretenir avec les nains, bien sûr ! Alors, veux-tu venir avec moi ? lui demanda-t-elle de nouveau avec impatience.
- D'accord, je t'accompagne… "
Elle le prit par la main et l'entraîna vers l'autre groupe. Ils étaient assis en tailleur et formaient un cercle. Jelion et quelques-uns de ses compagnons fumaient à l'aide de longues pipes en terre.
" Bonsoir ! dit joyeusement la jeune elfe. Pouvons-nous passer quelques temps avec vous ?
- Oui, cela ne nous pose pas de problème, répondit Ledongal.
Les nains leur firent un peu de place et les deux visiteurs s'installèrent sur le sol.
- Je crois que vous êtes des nains des collines, demanda Aïnedegathel. Ai-je raison ?
- Oui, nous sommes bien des nains des collines.
- Pourquoi "des collines", demanda Romik. Je ne comprends pas…
- Eh bien à la manière des elfes, il existe des nains qui constituent des sociétés suffisamment différentes pour qu'on puisse les différencier. Par exemple, il y a les nains des montagnes qui vivent sous terre et ne sortent que rarement. Ils ont pour coutume de n'être qu'entre eux. Nous sommes appelés nains des collines parce que nous vivons généralement en terrain rocheux mais le plus souvent à la surface. On nous connaît pour être les nains les plus sociables et c'est généralement avec des nains comme nous que se développe le commerce interracial. Il existe aussi les déracinés, ceux qui n'ont pas de clan et qui vivent en autarcie ; mais on n'en voit pas beaucoup. Enfin, vit aussi une race que nous connaissons très mal : les nains gris. Ce sont des nains mauvais qui vivent loin de la surface, bien plus profond sous terre que les nains des montagnes. Mais je vais m'arrêter là parce que nous sommes sur le point d'aborder un sujet de discussion que nous préférons éviter.
- Je vois… dit Romik. Et vous, Digilijt, êtes-vous un nain des montagnes ? Je vous trouve différent de vos compagnons.
La personne en question éclata de rire tandis que les nains et le hobbit affichèrent des expressions amusées.
- Ce n'est pas un nain, Romik, lui dit gentiment Aïnedegathel. Je crois que c'est un gnome.
- Oui, oui, je suis bien un gnome, lui déclara Digilijt. Et je suis le seul à apporter quelques touches d'humour par-ci par-là dans ce groupe.
- Il faut dire aussi qu'il n'y a que Jelion qui est un peu amusé par des blagues futiles, lui annonça Ledongal sur un ton de mi-reproche, mi-plaisanterie.
- Mais cela fait partie intégrante de nos mœurs, chez nous, les gnomes ! Comme le dit mon grand-père : le monde tourne et l'humour le détourne. C'est ainsi qu'on peut aborder nos difficultés et problèmes avec plus de facilité et d'entrain et sortir d'un train de vie monotone. Tiens, d'ailleurs, au lieu d'accompagner des nains ronchons, j'aurais mieux fait de rejoindre un cirque composé d'humains : je suis sûr que là-bas, au moins, j'aurais été apprécié ! Vous, Romik, qui êtes humain, dites-nous combien les bouffons sont populaires chez les humains.
- Euh… j'ai eu l'occasion d'en voir un à Fnor Ingël fit le jeune homme d'un air gêné. Il était assez amusant et il a dû beaucoup plaire au public étant donné le nombre de pièces qu'il a reçu à la fin de sa représentation. Mais… pourquoi me demandez-vous cela ?
- Parce que c'est ma vocation : je suis là pour amuser les gens !
- Ah, et pourquoi faites-vous partie de cette expédition si vous voulez rejoindre une troupe de saltimbanques ?
- C'est parce que rejoindre ce groupe était pour moi une occasion de m'arracher à mon foyer et d'avoir l'opportunité de découvrir le monde. C'est d'ailleurs ce qu'a aussi fait Jelion.
- Vous formez un groupe assez hétéroclite commenta Aïnedegathel.
- C'est vrai, mais Digilijt et moi sommes quand même utiles, dit Jelion. Mon ami gnome est très versé dans l'art de la joaillerie et de la taille des pierres précieuses ce qui est fort utile pour une communauté de marchands nains. Quant à moi, je parviens à établir des contacts amicaux avec des étrangers avec une grande facilité, ce qui est très utile pour les transactions commerciales.
- Et ne vous lassez-vous pas de votre vie de nomades ? s'enquit Romik.
- Nous ne sommes pas des nomades objecta Tergolaïd. Seulement des marchands itinérants occasionnels. Nous passons à vrai dire un certain temps dans notre cité où chacun a un emploi. Ce n'est qu'après plusieurs lunes, lorsque les gemmes et les minéraux ont été extraits de la terre puis taillés ; lorsque les métaux ont été purifiés, lorsque nos objets ont été forgés puis sertis que nous partons enfin dans le but de vendre le fruit de nos labeurs.
- Et vous n'avez pas peur de passer dans cette région sinistre avec autant d'objets de valeurs ?
- A vrai dire, nous avons déjà quasiment tout vendu, lui répondit Ledongal, et nous nous rendons vers notre dernière destination davantage dans le but d'acheter que de vendre. Quant à oser s'aventurer dans l'Izerklod… c'est parce que si le voyage jusqu'à notre cité natale est loin, il l'aurait été d'autant plus si on avait contourné cette région.
- Et… qu'avez-vous comme objets restants ? Pourrait-on les voir ? demanda l'humain.
C'est alors qu'il se rendit compte qu'il avait jeté un froid. Les nains semblaient éviter sont regard et feignaient de ne pas avoir entendu sa question. Romik s'apprêta à réitérer sa question lorsqu'il vit Jelion lui faire comprendre du regard qu'il valait mieux ne pas insister.
- Bon, c'est pas tout ça mais j'aimerais bien manger un petit quelque chose avant de me coucher, fit le hobbit, soucieux de détendre l'atmosphère. Quelqu'un vient avec moi ? Il n'y eut que le silence et le crépitement du feu comme réponse. Romik, je suis sûr que tu as un petit creux ; viens, et puis comme ça, tu me tiendras compagnie.
- Si tu y tiens… répondit-il.
Jelion se dirigea, accompagné de Romik, vers un gros sac qui devait probablement être le sien. Amusé, l'humain s'aperçut que celui-ci ne contenait pratiquement que de la nourriture.
- C'est ma réserve personnelle, lui dit le hobbit avec un clin d'œil. Bon, voyons voir ce que je pourrais bien grignoter… murmura-t-il en plongeant dans le sac. Tiens ! du saucisson, un peu d'ail et du pain. Cela te convient, Romik ?
- Oh, tu sais, je n'ai pas très faim, répondit-il timidement.
- Ta ! ta ! ta ! un grand garçon comme toi ! dit-il de la manière dont une mère pourrait faire un reproche à son garçon. Allez, viens, lui dit-il gaiement. On va aller dévorer tout ça !
Ils partirent dans un coin isolé puis s'assirent à même le sol. Romik ne fit pratiquement que regarder son compagnon manger.
- Alors, fit-il entre deux bouchées, tu ne parles pas ? Puis subitement, il se frappa le front. Tiens, j'ai oublié d'aller nous chercher à boire, dit-il brusquement. Bwoah, tant pis… Bon, reprit le hobbit. Qu'est-ce qui ne va pas ?
- C'est à cause de ce que j'ai dit… j'ai l'impression d'avoir fait une grosse erreur.
- Ah ! le coup des objets que tu voulais voir… Ne t'en fais pas pour ça, mon garçon, tu ne les as pas vraiment offusqués. C'est parce que tu n'es pas habitué aux coutumes naines, alors forcément, tu es un peu maladroit. Déjà que tu ne savais pas que Tergolaïd était une naine, déclara-t-il en souriant. Mais moi aussi, je suis passé par-là. Enfin, il faut que tu saches que les nains n'aiment pas trop exhiber leurs richesses ; ils les gardent dissimulées et ne se les montrent qu'entre eux, voire même exclusivement qu'au sein de leur famille. Et même s'ils sont marchands, ils savent déjà à qui ils vont vendre leur bazar et ils ne te considéreront jamais comme un acquéreur potentiel. C'est comme ça, chez les nains… Leur demander de montrer leurs objets de valeur est pour eux un manque de savoir-vivre. Voilà pourquoi ils ont pris cette mine renfrognée après ta question.
- Oui, je comprends, maintenant… dit pensivement l'humain. Il faut donc que j'aille m'excuser sur-le-champ, je ne voudrais pas que…
- Laisse tomber ! s'exclama Jelion. Ils savent que tu n'as pas fait exprès ; et si tu es vraiment gêné, je pourrais leur en toucher deux mots si tu as si peur que ça d'être brouillé avec eux.
- Je te remercie. Tiens, peux-tu me passer à manger s'il te plaît ?
- Ah, je vois que l'appétit te revient, déclara Jelion en jubilant. C'est bon signe, ça ! "
Et sur ce, ils soupèrent gaiement.

Lorsqu'ils revinrent plus tard, l'obscurité avait envahi le campement ; les feux moins alimentés qu'auparavant ne répandaient plus qu'une faible lumière sur quelques pas à peine. Tout le monde était allé se coucher mis à part Ledongal, son épouse Tergolaïd ainsi qu'Althgovifen et Eanepalith encore éveillés, qui semblaient discuter avec gravité.
" Ouh là ! Ça a l'air sérieux là-bas" fit Jelion.
- Oui, et je crois bien savoir de quoi ils parlent, déclara pensivement Romik. Nous verrons bien demain. "
Alors le hobbit et l'humain allèrent se coucher, se doutant que la journée à venir serait longue.

Et effectivement, le lendemain, lorsque tout le monde fut levé et restauré, Althgovifen prit la parole :
" J'ai une nouvelle importante à vous annoncer : Tergolaïd et Ledongal ont accepté de nous aider dans notre quête et je vais leur laisser la parole.
- Bien que des alliances entre le peuple elfe et le peuple nain soient très rares, j'ai accepté de les aider car une bien sombre menace pèse sur nous, dit Ledongal. Althgovifen nous a appris qu'un puissant démon est sur le point de s'éveiller ; il semble qu'il pourrait bientôt être capable d'atteindre notre plan, ce qui est très inquiétant. Déjà, il a pu exercer son influence sur de maléfiques créatures, se faisant passer pour Garsha, la principale divinité des orcs, déesse des ombres.
On entendit alors Sedanofog marmonner des paroles incompréhensibles dans sa barbe.
- Nos amis sont peu renseignés sur cette entité, reprit Tergolaïd, mais ils savent que son lien avec notre plan est lié au Sanctuaire Maudit qui est quelque part ici, en plein Izerklod. Voilà pourquoi nous les avons rencontrés en un lieu aussi inattendu. Tout ce que nous pouvons faire pour l'instant est d'aller là-bas ; ensuite, on verra. J'ai dit nous, car Ledongal et moi acceptons de nous y rendre. Althgovifen et Eanepalith nous ont convaincus.
- Mais sachez qu'on ne vous oblige pas du tout à y aller, dit Ledongal. Ça pourrait être très dangereux aussi, je pourrais très bien comprendre que vous vouliez prendre un autre chemin. C'est à vous de choisir.
- J'accepte de vous aider dit Sedanofog.
- Moi aussi ajouta Digilijt.
- S'il y a de la castagne, c'est pour moi ! clama Inerglaïk.
Il ne restait plus que Jelion et tous les regards se tournèrent vers lui.
- Bon, ben… il va bien falloir que quelqu'un vous fasse la cuisine… dit le hobbit.
- Nous sommes honorés que chacun accepte de nous accompagner, déclara Althgovifen. Je vous en remercie.
- Je voudrais quand même qu'un détail soit précisé, dit Dakgonthë. Je pensais que cette mission visait discrétion et rapidité. Ne pensez-vous pas qu'un tel groupe avec plusieurs de ses membres à pied pourrait être handicapé si nous devions agir avec une extrême promptitude ? De plus, nous avons maintenant six nouveaux compagnons, ce qui augmente de manière inquiétante nos chances de nous faire repérer.
- C'est un risque à prendre, répondit Althgovifen. Mais nos amis sont vaillants et leur connaissance des collines et des tunnels pourrait nous être utile. Je dois aussi vous dire que j'ai été soumis à une vision. J'ignore si vous vous êtes aperçus qu'il y a ici au moins un représentant de chacune des cinq races. J'ai l'intuition que cela pourrait avoir un rôle à jouer.
Tout le monde acquiesça.
- Eh bien partons, maintenant, annonça Ledongal. Nous avons encore du chemin à faire. "